Retrait des États-Unis de l’OMS : une décision qui inquiète pour l’avenir sanitaire mondial
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Le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), officialisé par un décret de Donald Trump dès sa prise de fonction, suscite une vive inquiétude à travers le globe. Entre impacts sur la santé publique, collaborations scientifiques compromises et rééquilibrage des influences internationales, cette décision pourrait remodeler profondément le paysage sanitaire mondial.
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Le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), officialisé par un décret de Donald Trump dès sa prise de fonction, suscite une vive inquiétude à travers le globe. © GabonReview (Montage)
Le jour même de son investiture, Donald Trump, le 47e président des États-Unis, a officialisé sa promesse maintes fois répétée de claquer la porte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Donald Trump avait déjà amorcé le départ de son pays de l’organisation onusienne en 2020, lors de son premier mandat, mais le processus prenant une année, Joe Biden avait pu revenir en arrière dès son installation dans le Bureau ovale.
Le retrait des États-Unis, principal contributeur financier de l’OMS avec une contribution annuelle de 1,2 milliard de dollars, affaiblit considérablement la capacité de réaction rapide de l’organisation. Selon Jeremy Konyndyk, président de Refugees International, ce financement permettait de contenir efficacement des crises sanitaires majeures comme les flambées d’Ebola. «Sans cette capacité, nous risquons des épidémies coûteuses et incontrôlables», prévient-il.
L’OMS a exprimé son profond regret face à cette décision. «Nous protégeons la santé des populations du monde entier, y compris des Américains, grâce à des systèmes de prévention et de réponse aux urgences», a rappelé son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Cette annonce intervient dans un contexte déjà tendu par la menace du virus de la grippe aviaire et les épidémies de Marburg et de mpox en Afrique, où les besoins en soutien technique et financier sont cruciaux.
L’Union africaine, par la voix de son président Moussa Faki Mahamat, s’est dite «consternée». Elle a souligné l’importance des États-Unis dans le soutien à des initiatives comme l’Africa CDC, une agence essentielle pour la lutte contre les pandémies sur le continent.
La science mise à mal
Le départ américain menace également les collaborations scientifiques internationales. Le Centre de contrôle des maladies (CDC) et l’Administration des aliments et drogues (FDA), deux institutions clés, risquent de voir leurs liens avec l’OMS fragilisés. Cette rupture pourrait ralentir le partage d’informations vitales sur les menaces sanitaires.
Dans un commentaire publié dans le British Medical Journal, des experts en santé publique dénoncent une décision qui «isole les États-Unis au moment où les défis sanitaires demandent une solidarité mondiale». De plus, des institutions académiques américaines, historiquement liées à l’OMS, pourraient être marginalisées dans le contexte d’un climat politique hostile à la mondialisation.
Les conséquences ne se limitent pas à la recherche. Une montée de la désinformation pourrait accentuer la méfiance contre la santé publique mondiale, compliquant davantage la réponse collective aux crises.
Un bouleversement géopolitique
Le retrait des États-Unis ouvre la voie à un rééquilibrage des influences au sein de l’OMS, avec un avantage potentiel pour la Chine. «Si l’objectif était de limiter l’influence chinoise, cette décision fait exactement le contraire», souligne Jeremy Konyndyk.
L’Assemblée mondiale de la santé, organe décisionnel de l’OMS, pourrait voir ses priorités évoluer sous l’impulsion de nouveaux acteurs. Des programmes tels que la lutte contre le tabac ou les initiatives de préparation aux pandémies risquent d’être impactés.
Les conséquences de ce retrait, immédiates et à long terme, inquiètent la communauté internationale. Entre perte de leadership, réduction des financements et affaiblissement des collaborations, cette décision pourrait marquer un tournant pour la santé mondiale.
La décision américaine, qui fait écho à un retrait simultané de l’Accord de Paris sur le climat, illustre un désengagement préoccupant des États-Unis dans des initiatives multilatérales pourtant vitales pour l’avenir de l’humanité.
L’OMS, bien que fragilisée, a exprimé son espoir de renouer un dialogue constructif avec Washington. «Les enjeux sanitaires mondiaux sont trop grands pour être ignorés. Nous devons travailler ensemble pour le bien-être de tous», conclut Tarik Jašarević, porte-parole de l’organisation.
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