Décès de Johan Bounda : des têtes sont tombées
Des semaines après la mort dans des circonstances troubles du jeune marin, son ex-patron, le général Jean Martin Ossima Ndong, et plusieurs cadres du B2 où le second-maître aurait subi des tortures ont été limogés ce vendredi 17 janvier.
Il s’y était engagé auprès de la famille lors de sa visite en décembre dernier. Le président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, vient de limoger plusieurs cadres de l’administration militaire mêlés de près ou de loin au décès de Johan Bounda. Le jeune second-maître de la Marine nationale avait trouvé la mort le 21 décembre 2024, alors qu’il était en garde à vue à la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire (DGCISM), le célèbre B2, après qu’il a été accusé de vol de bijouxet d’argent au domicile de son ex-patron. Des allégations de torture avaient été faites, au point de susciter l’ouverture d’une enquête et la mise en détention de plusieurs auteurs présumés.
Des semaines après, le général Jean Martin Ossima Ndong auprès duquel le jeune militaire avait été affecté à la sécurité, celui-là même qui l’aurait livré aux agents du B2, a été débarqué de la tête du secrétariat général du ministère de la Défense nationale. Dans un communiqué, sa patronne, la ministre Brigitte Onkanowa, s’était elle aussi engagée à punir les coupables, y compris si ceux-ci se trouvaient parmi ses collaborateurs. Son limogeage est signal fort envoyé par le chef de file du CTRI. Pour rappel, le général Jean Martin Ossima Ndong assurait les fonctions de chef d’État major général des Forces armées gabonaises au moment du coup d’État du 30 août 2023.
Mais les sanctions liées au décès de Johan Bounda ont également touché la DGCISM où plusieurs cadres ont été remerciés ce vendredi, partant du directeur général, son adjoint au directeur des investigations judiciaires, en passant par le directeur des enquêtes spéciales. En tout, près de 10 responsables de cette administration ont été limogés quelques jours seulement après que la famille du jeune compatriote disparu a fait savoir première sortie publique pour dénoncer la lenteur de la justice sur cette affaire. L’opinion, elle, attend plus que ces sanctions administratives.
1 Commentaire
C’est encourageant et donne un peu d’espoir. Je doute que ce qui vient de se passer aurait été possible sous Ali Bongo, qui était convaincu que tolérer les abus, notamment ceux du B2, et garantir leur impunité lui assurait la loyauté des militaires. Bien que beaucoup de choses puissent être reprochées à Oligui et que ses efforts restent en deçà des attentes, on ne peut pas affirmer qu’il n’y a aucun changement, ni qu’aucun effort n’est entrepris pour lutter contre la corruption, l’impunité et la mauvaise gouvernance.
Ces raisons suffisent à considérer qu’Oligui, après son coup d’État et sa transition, pourrait légitimement assurer le premier mandat de cette nouvelle république. Le CTRI et Oligui eux-mêmes semblent les mieux placés pour comprendre l’esprit des réformes en cours, en vue de leur mise en œuvre et de l’évaluation de leur efficacité. Quant aux « quatre mousquetaires » qui souhaitent annuler tout ce qui a été entrepris, leur démarche paraît trop imprudente et risquerait de relancer un cycle inutile de recommencements.
Nous disposons de nouveaux outils : il faut les tester avant de les écarter comme inutiles. Malgré les signes de « bongoïsme » qu’Oligui continue de manifester, il mérite encore le bénéfice du doute pour voir jusqu’où il peut conduire le pays.