Après une nouvelle suspension des décaissements de la Banque mondiale en faveur du Gabon, le président de la transition a décidé, ce mercredi 15 janvier, d’éloigner du département concerné son ministre de l’Économie, tout en confiant la gestion de la dette au ministre des Comptes publics qui, lui, reste en place.

L’ex-ministre de l’Economie, Mays Mouissi, désormais à la tête du ministère de l’Environnement et du Climat. © D.R.

 

Annoncée la semaine dernière par la Banque mondiale, la suspension des décaissements en faveur du Gabon aura-t-elle été la suspension de trop pour Mays Mouissi ? Au regard de son éviction de la tête du ministère de l’Économie ce mercredi, il faut croire que oui. L’analyste économiste a été remplacé par Mark Alexandre Doumba au sein de l’équipe gouvernementale dirigée par Raymond Ndong Sima. Il est désormais chargé du portefeuille Environnement et Climat.

Aux dires, les rapports de l’ex-patron de l’immeuble Arambo s’étaient quelque peu refroidis ces derniers mois avec le général Brice Clotaire Oligui Nguema, davantage après l’opération de rachat anticipé de l’Eurobond 2025. Une initiative pourtant jugée salvatrice pour le Gabon que le général-président n’aurait pas vraiment appréciée, à en croire les mêmes indiscrétions. La récente suspension des décaissements de la Banque mondiale en faveur du pays, bien que les spécialistes assurent qu’elle n’entache pas la crédibilité du Gabon sur les marchés internationaux, semble avoir eu raison de la confiance du chef de file du CTRI vis-à-vis de son ministre de son ex-ministre de l’Économie.

Aussi, doit-on percevoir la nomination de Mays Mouissi au ministère de l’Environnement et du Climat comme une nomination par défaut ? Oligui Nguema a-t-il choisi cette option pour éviter de le limoger du gouvernement ? Seulement, à la tête de ce ministère, non des moindres au regard de la place qu’occupe le Gabon sur la scène internationale sur les questions environnementales et de climat, Mays Mouissi a un grand rôle à jouer.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Jean Jacques dit :

    De n’importe quoi,la banque mondiale, va vous donnez l’argent graduit?

  2. Mezzah dit :

    Je ne suis pas certain que les résultats au ministère de l’Environnement et Climat seront au rdv.
    Nous avons quand-même dans ce pays des spécialistes sur les questions environnementales, seulement pour faire plaisir à quelqu’un qu’on qualifiait hier de petit génie en économie, on le déplace dans un secteur qu’il ne connait pas.
    Pauvre Gabon !

  3. Gayo dit :

    Le nouveau ministre, technocrate expérimenté et respecté, semble avoir le profil idéal pour poursuivre et approfondir l’œuvre initiée par Mayss Mouissi. Ce dernier a accompli un travail remarquable, en affichant une volonté claire de réformes et de modernisation, guidée par une quête constante d’efficacité et de transparence. On peut facilement imaginer que son parcours n’a pas été sans obstacles, la résistance au changement ayant probablement été particulièrement rude.

    Il est en effet difficile d’imaginer que, dans une administration encore fortement influencée par l’héritage du régime Bongo, des directeurs des régies financières, choisis parmi les figures les plus fidèles au système PDGiste du Haut-Ogooué, auraient suivi sans réserve la vision d’un Punu de Ndengue. Ce dernier, étranger à l’élite du pouvoir en place et sans liens étroits avec le régime qu’ils ont servi, a dû faire face à des défis majeurs. Il est peu probable qu’ils aient oublié les critiques virulentes de Mouissi à l’égard de la gestion de leur proche, Ali Bongo.

    Au-delà des compétences indéniables du nouveau ministre, cette nomination marque également une stratégie politique : renforcer le contrôle des Altogovéens sur les régies financières, perçues comme leur domaine privilégié. Entre membres d’un même groupe, il est probable que la collaboration sera plus fluide, permettant d’imprimer un rythme et des orientations conformes à des intérêts davantage alignés sur des considérations ethniques.

    Malheureusement, être nommé ministre dans ce pays revient à se retrouver au sommet d’un gratte-ciel, où toute démission équivaut à une chute potentiellement fatale. Dans ces conditions, il aurait peut-être été préférable pour Mays Mouissi de refuser ce poste symbolique de ministre des Affaires inutiles et de préserver sa liberté.

    Un ministère de plein exercice pour l’Environnement et le Climat semble superflu dans un pays comme le Gabon, qui n’a pas de projets majeurs nécessitant une telle structure. Cette multiplication des portefeuilles ministériels est une augmentation injustifiée qui rappelle les pratiques de la politique politicienne sous le régime Bongo. En agissant ainsi, Oligui donne de plus en plus de poids aux sceptiques qui pensent que le changement promis ne se concrétisera pas.

    Le pays semble désormais contrôlé par l’aile PDGiste-Bongoïste, mais cette fois dirigée par des figures opposées à Ali Bongo.

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