Exaspéré par l’absence de solution à la crise qui secoue le corps des magistrats, ainsi que par les manquements et les ingérences répétées du ministre de la Justice dans les affaires judiciaires, le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) réclame son éviction immédiate. Revenant sur des actions jugées attentatoires à l’indépendance judiciaire, le syndicat interpelle le président de la Transition afin de restaurer la crédibilité de l’appareil judiciaire.

Le Synamag s’interroger sur « la capacité de l’actuel Garde des Sceaux à assumer ses fonctions ». © GabonReview

 

Le torchon brûle entre le Syndicat national des magistrats du Gabon et le ministre de la Justice, Garde des Sceaux. À l’issue de leur assemblée générale extraordinaire du 13 janvier 2025, dans un ton incisif, le président du Synamag, Landry Abaga Essono, a réclamé la mise à l’écart immédiate du ministre Paul Marie Gondjout, dénonçant des « manquements graves » et une « incapacité manifeste » à garantir l’indépendance de la justice.

Cette demande intervient dans un contexte de crise profonde entre le ministère de la Justice et les magistrats. En ligne de mire, la grève générale illimitée entamée depuis décembre 2022 pour réclamer la dignité et le renforcement de leur indépendance. À cela s’ajoutent les multiples interférences du ministre dans les affaires judiciaires, qualifiées de «violations graves des principes fondamentaux de la République». Le syndicat cite notamment une lettre d’admonestation datée du 31 décembre 2024, adressée à une juge d’instruction du Tribunal de Première Instance de Libreville. Ce courrier, qualifié par le Synamag de «démarche cavalière et attentatoire», contraire à l’article 9 de la loi n°040/2023 portant statut des magistrats, est perçu comme une atteinte flagrante à l’indépendance judiciaire, pilier de tout État de droit.

Le Synamag ne mâche pas ses mots : «Nous disons au ministre de la Justice qu’on n’apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. Des ministres, nous en avons vu, ils chantent tous ou presque tous de la même façon». Par cette déclaration, le syndicat affirme sa longue expérience dans le domaine et sa capacité à détecter des « solutions vaporeuses » émanant d’acteurs politiques qu’il juge déconnectés des réalités du secteur.

En rappelant que la justice gabonaise repose sur le principe sacré de l’indépendance, consacré tant par la Constitution que par la loi, le Synamag estime que le ministre a failli à sa mission première. «Il est inadmissible qu’un ministre de la Justice, celui-là même chargé de garantir l’indépendance des juges, devienne une menace directe pour ces principes fondamentaux», déclare le syndicat.

Pour le Synamag, cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle mine les engagements pris par le président de la Transition, qui avait promis une justice rénovée et indépendante. Face à cette situation, le syndicat interpelle directement le président de la Transition, l’invitant à s’interroger sur « la capacité de l’actuel Garde des Sceaux à assumer ses fonctions ».

Le message est clair : pour les magistrats gabonais, le maintien de l’actuel ministre de la Justice est incompatible avec les aspirations à une justice impartiale et respectueuse des lois de la République. À l’heure où la Transition est censée poser les bases d’une gouvernance exemplaire, l’éviction du Garde des Sceaux semble, selon le Synamag, une étape incontournable pour renouer avec la crédibilité et la confiance des Gabonais envers leurs institutions judiciaires.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire