Port-Gentil : le général Rizogo Rousselot en guerre ouverte contre l’insalubrité
Alors que la ville est confrontée depuis quelque temps à une montée inquiétante de l’insalubrité, le délégué spécial de la commune de Port-Gentil a lancé récemment une vaste opération de ramassage des ordures dans l’ensemble des arrondissements, mettant à contribution les opérateurs économiques désireux de soutenir la mairie dans ce combat en vue de la préservation du bien-être des habitants de la capitale économique du Gabon. L’initiative semble pourtant enviée, au point qu’elle fera bientôt l’objet d’une récupération politique.
Comme dans de nombreuses villes à travers le monde, la période des fêtes de fin d’année enregistre une hausse importante de la consommation et donc l’accroissement des déchets ménagers. La ville de Port-Gentil dans la province de l’Ogooué-Maritime ne fait pas exception au regard de la montée pour le moins préoccupante de l’insalubrité ces dernières semaines. Un phénomène auquel le délégué spécial a commencé à s’attaquer dès le 25 décembre dernier.
Le général de corps d’armée Pierre Rizogo Rousselot a en effet lancé dans tous les arrondissements de la capitale économique du Gabon une vaste opération d’assainissement consistant, pour les équipes de la Direction des services techniques municipaux (DSTM), à se déployer dans les espaces de pré-collecte afin de les débarrasser des immondices. L’opération, qui se fait quotidiennement et non sans entraves, enregistre depuis ses débuts la participation de citoyens volontaires et de partenaires, dont plusieurs opérateurs économiques.
À l’Hôtel de Ville, en dépit des difficultés matérielles et financières auxquelles cette initiative est confrontée, on assure qu’il s’agissait d’une urgence pour le confort des populations et pour la protection de l’environnement. «Les ordures accumulées dans les rues représentent un danger pour la santé publique, en plus de défigurer le paysage urbain», défend la Mairie qui semble ne pas bénéficier du soutien des cadres originaires de la ville. Mieux, l’initiative du Général Rizogo Rousselot ferait des jaloux, au point qu’une initiative parallèle a déjà été annoncée pour ce début de week-end.
Vers une récupération politique ?
Ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, est diffusé un spot annonçant une initiative parallèle baptisée «Mandji ville propre» portée par des jeunes de la commune, avec le soutien de quelques cadres politiques de renom parmi lesquels l’actuel ministre des Affaires étrangères Régis Onanga Ndiaye, le député Richard Royembo et l’homme d’affaires Michel Essonghe. Si l’opération, qui se déroulera les samedi et dimanche prochains, verra la participation du gouverneur de province et du délégué spécial de la commune, beaucoup s’interrogent néanmoins sur son opportunité. N’aurait-il pas mieux valu de se joindre à l’initiative de l’édile pour le bien de la ville ?
Si personne n’ose se poser ouvertement cette question à l’Hôtel de Ville, sans doute par peur de froisser quelques-uns, sur le terrain ce jeudi soir, le général Rizogo Rousselot n’a pas caché son agacement devant les volontaires impliqués dans l’opération lancée à Noël. Le délégué spécial a notamment tenu à rappeler qu’il n’est pas un homme politique et qu’il n’était pas en campagne électorale. Son initiative n’a donc, selon lui, aucun autre but que de remplir la mission qui lui a été confiée par le président de la transition en tant qu’«officier de cavalerie», entendre militaire chargé d’une mission de décision.
«Une année, c’est 365 jours», a-t-il rappelé faisant allusion à l’«opération ponctuelle» annoncée pour ce week-end. «J’ai eu mission. Je ne fais pas de politique. Il faut que les gens le sachent. Il s’agit de faire marcher la ville de Port-Gentil et non de faire de la politique», a conclu l’édile face aux travailleurs.
1 Commentaire
La question de la propreté de nos villes est une question d’ordre public. Qui est réellement compétent pour garantir la salubrité publique à l’échelle d’une ville, le maire ? En tout état de cause, l’initiative de l’édile est bonne. Mais elle doit être répétée. Il faut vraiment un plan de ramassage des ordures et que ce ramassage soit hebdomadaire, à défaut d’être quotidien. Il faut doter tous nos quartiers des bacs à ordures ménagères et installer suffisamment de poubelles dans nos centres-villes. Parallèlement il faut de la sensibilisation et de la répression à l’égard des esprits opposés aux règles primaires de la vie en société. C’est si évident, mais il faut le faire. Je ne sais pas comment les rwandais ont fait de Kigali l’une des villes les plus propres au monde, mais il y a certainement matière à s’en inspirer via un retour d’expérience.
Quant aux esprits qui veulent faire de la récupération pour servir leur carrière politique, ils expriment tout simplement le grand drame de la démocratie : la démagogie. Mais il nous faut rester concentrés.