Mes vœux pour une jeunesse verte et durable en 2025
Alors que le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, esquisse une année 2025 marquée par des projets socio-économiques ambitieux, Adrien NKoghe-Mba* invite à dépasser l’euphorie des grandes annonces. Port en eau profonde de Mayumba, ligne ferroviaire et barrage hydroélectrique : ces projets phares devront répondre non seulement à l’urgence du chômage des jeunes avec la création de 163 000 emplois, mais aussi à l’impératif écologique. Il plaide pour une approche durable qui privilégie les métiers verts et d’adaptation au changement climatique, tout en tirant les leçons du passé, notamment l’expérience du Transgabonais. Une réflexion lucide sur les défis qui attendent le pays.
Nous voici à l’aube d’une nouvelle année, une page blanche prête à accueillir les promesses, les espoirs et, espérons-le, les réussites d’un Gabon en devenir. Lors de ses vœux à la Nation, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a dessiné pour 2025 une vision claire et ambitieuse : 163 000 emplois pour lutter contre un chômage des jeunes qui frôle les 40 %, selon la Banque mondiale. Trois projets phares – le port en eau profonde de Mayumba, la ligne ferroviaire Belinga-Boué-Mayumba et le barrage hydroélectrique de Boué – seront le socle de cette révolution socio-économique.
Ces chiffres donnent le vertige. Ils suscitent l’enthousiasme, et ils devraient. Mais, comme chroniqueur environnement, mon rôle est de vous inviter à voir au-delà des apparences immédiates, à soulever le tapis des grandes annonces pour examiner ce qu’elles impliquent réellement. Et c’est là que mes vœux pour 2025 prennent tout leur sens.
Des emplois verts, ou rien
La création de 163 000 emplois est une formidable opportunité. Mais quel type d’emplois seront-ils ? Le Gabon ne peut se contenter de concevoir ces projets comme de simples réponses à un problème économique à court terme. Ces emplois doivent intégrer deux dimensions essentielles : être des métiers verts et des métiers pour faire face à l’adaptation aux conséquences désastreuses du dérèglement climatique.
Les métiers verts, ce sont ceux qui, par essence, protègent ou restaurent l’environnement. Des emplois dans les énergies renouvelables, l’aménagement durable, la gestion forestière et la réduction des émissions de carbone. Construire un port ou un barrage, ce n’est pas anodin : cela bouleverse des écosystèmes entiers. Il est impératif que les jeunes gabonais qui seront employés sur ces chantiers soient aussi formés à minimiser ces impacts, à penser à l’après-construction, à protéger nos mangroves, nos forêts et nos fleuves.
Les métiers d’adaptation, eux, répondent à une réalité incontournable : le dérèglement climatique est là et pour toujours. Les infrastructures que nous bâtirons aujourd’hui devront non seulement s’adapter aux réalités climatiques de demain, mais aussi en atténuer les effets. Nos jeunes ne doivent pas simplement être des ouvriers, mais des architectes de résilience.
Apprendre du passé : le cas Transgabonais
L’Histoire a une façon implacable de juger nos actions. Prenons le Transgabonais. À l’époque, ce projet avait employé des dizaines de milliers de Gabonais, générant un élan économique sans précédent. Mais une fois les rails posés et les trains lancés, la plupart de ces ouvriers se sont retrouvés au chômage, sans perspectives. Le chantier, qui aurait pu être un tremplin, s’est révélé être une finalité.
Ne répétons pas cette erreur. Si 2025 doit être l’année des opportunités, elle doit aussi être celle de la préparation du coup d’après. Ces jeunes qui poseront les fondations du port, du chemin de fer ou du barrage doivent être accompagnés pour construire aussi leur avenir. Cela passe par des programmes de formation solides, des partenariats avec les entreprises locales et internationales, et une réflexion constante sur les compétences à transmettre pour anticiper les besoins du marché.
Sensibilisation et pédagogie : le rôle du gouvernement
Pour réussir ce pari, le gouvernement devra faire preuve de pédagogie. Expliquer clairement à la population pourquoi ces projets sont essentiels, mais aussi comment ils s’inscrivent dans une vision plus large : celle d’un Gabon durable, d’une économie qui ne dépend plus uniquement de l’extraction de ressources, mais qui valorise son capital humain et environnemental.
Sensibiliser, c’est aussi rappeler que ces infrastructures ne sont pas des réponses définitives, mais des outils pour construire une société plus forte, plus équitable et plus résiliente. Ce travail de communication ne peut être relégué à l’arrière-plan. Il doit être au cœur de l’action gouvernementale.
Un tremplin, pas une fin en soi
Mes vœux pour 2025, en somme, sont simples : que ces 163 000 emplois ne soient pas qu’un chiffre dans un bilan politique, mais un réel levier de transformation pour la jeunesse gabonaise. Que ces chantiers ne soient pas une destination, mais un point de départ. Que notre pays, à travers ces projets, fasse de sa transition une opportunité de placer les jeunes au cœur de son développement, tout en protégeant ce qui fait sa richesse : son environnement.
Alors, levons nos verres à 2025, année de toutes les promesses. Et travaillons ensemble pour qu’elle soit aussi l’année où le Gabon a choisi l’avenir, un avenir durable et inclusif. Bonne année à tous.
*Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.
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