Pour ce nouvel an, Ali Akbar Onanga Y’Obégué s’est particulièrement adressé aux militaires au pouvoir à qui il souhaite sagesse, discernement et grandeur d’âme dans l’accomplissement de leur mission. L’ancien ministre dit constater que leurs actions récentes s’écartent dangereusement de leurs engagements initiaux.

Ali Akbar Onanga Y’Obégue. © D.R.

 

S’il a lancé un appel solennel à la conscience nationale pour une sortie paisible de la Transition, pour ce nouvel an Ali Akbar Onanga Y’Obégue s’est particulièrement adressé aux militaires du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) à qui il a adressé ses vœux de sagesse, discernement et grandeur d’âme dans l’accomplissement de leur «mission historique en faveur de l’intérêt général», après leur intervention du 30 août 2023. «Cette intervention, bien qu’anticonstitutionnelle par nature, a été accueillie avec un soulagement manifeste par une grande partie de la population gabonaise», rappelle l’ancien ministre pour qui, leurs premières actions semblaient confirmer la sincérité de leurs engagements.

Des décisions particulièrement préoccupantes

Notamment, restaurer l’intégrité des institutions, garantir une transition transparente et inclusive, et assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel à travers des élections libres et équitables. «Malheureusement, force est de constater aujourd’hui que vos actions récentes s’écartent dangereusement de ces engagements initiaux», a-t-il fait savoir. «Les décisions que vous prenez concernant le processus électoral sont particulièrement préoccupantes et révèlent une dérive progressive vers des pratiques que vous dénonciez hier encore. La Constitution que vous avez fait adopter comporte des dispositions manifestement discriminatoires, excluant de fait des pans entiers de la population gabonaise de la participation politique», a-t-il ajouté.

Le docteur en Droit et enseignant à la Faculté de Droit et des Sciences économiques de l’Université Omar Bongo (UOB), s’inquiète encore était de la volonté de maintenir l’ancien Code électoral, celui-là même, dit-il, «dont les défaillances avaient servi à justifier votre intervention». «Comment pouvez-vous prétendre incarner le changement tout en perpétuant les instruments qui ont conduit à la crise que vous dénonciez ?», interroge Ali Akbar Onanga Y’Obégue qui s’inquiète tout aussi du maintien du fichier électoral soumis à la révision tant il a été contesté et ses imperfections ont contribué à discréditer l’élection annulée par le CTRI. Il y voit d’ailleurs le témoignage «d’une incohérence troublante» dans la démarche du CTRI.

Le maintien d’un fichier plein d’anomalies

Au nombre des anomalies de ce fichier, des inscriptions multiples, le maintien de personnes décédées, l’absence de jeunes en âge de voter, et d’autres irrégularités qui pour lui, ont systématiquement entaché la crédibilité des processus électoraux au Gabon. «La précipitation avec laquelle vous entendez réviser ce fichier électoral, sans attendre l’adoption d’un nouveau texte qui garantirait véritablement la transparence et l’inclusivité du processus, suscite de légitimes inquiétudes», considère-t-il jugeant «ridicule» l’adoption d’un projet de loi organique portant Code électoral le dimanche 5 janvier lors d’un Conseil des ministres. Dimanche, souligne-t-il, un «jour de repos dominical sacré pour les chrétiens».

«Comme si le fait de violer simultanément la loi des hommes et celle de Dieu allait miraculeusement résoudre les problèmes fondamentaux de notre processus électoral !», a-t-il ironisé. «Cette attitude est révélatrice de votre conception du dialogue et de la concertation. De la commission de rédaction de l’avant-projet, vous sautez directement au parlement, en enjambant allègrement l’étape cruciale du dialogue politique inclusif», a poursuivi Ali Akbar Onanga qui invite les militaires au pouvoir à prendre pour leçon, les exemples de transitions militaires mal conduites en Afrique avec à la clé, des promesses de changement trahies par des ambitions personnelles, des calculs stratégiques. Des échecs couronnés de violence, de crises institutionnelles et des effondrements économiques.

 
GR
 

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