Angola : Le président Joao Lourenço gracie Filomeno dos Santos
Dans un geste empreint de clémence et de réconciliation, le président angolais Joao Lourenço a accordé une grâce présidentielle à une cinquantaine de condamnés, parmi lesquels José Filomeno dos Santos, fils de l’ancien président José Eduardo dos Santos. Cette décision, inscrite dans le cadre des célébrations du cinquantenaire de l’indépendance de l’Angola, suscite à la fois espoirs et critiques dans un pays marqué par des décennies de corruption et de luttes politiques.
Le président angolais Joao Lourenço a signé un décret présidentiel offrant une grâce à environ cinquante condamnés, incluant José Filomeno dos Santos, également surnommé « Zenu », ancien dirigeant du fonds souverain angolais. Âgé de 46 ans, ce dernier avait été condamné à cinq ans de prison pour détournement de fonds, une peine confirmée en juillet dernier par la Cour suprême de Luanda.
Selon un communiqué officiel publié jeudi sur la page Facebook de la présidence, et relayé par nos confrères de l’AFP, cette mesure s’inscrit dans le cadre des festivités prévues pour les 50 ans de l’indépendance de l’Angola, célébrée en 2025. L’acte de grâce est présenté comme un symbole de « clémence, d’indulgence, de concorde et de fraternité », destiné à promouvoir une réconciliation nationale après des décennies de gouvernance controversée.
Un symbole de réconciliation nationale ?
José Filomeno dos Santos avait été l’un des premiers membres de la famille dos Santos à être poursuivi dans le cadre de la campagne anti-corruption lancée par Joao Lourenço dès son accession au pouvoir en 2017. Alors qu’il dirigeait le fonds souverain entre 2013 et 2018, « Zenu » et trois autres prévenus avaient été accusés de détournement de fonds, notamment par le transfert illégal de 500 millions de dollars de la Banque centrale angolaise vers un compte à Londres appartenant à une agence du Crédit suisse.
Ce stratagème aurait permis un détournement total estimé à 1,5 milliard de dollars. Sa condamnation avait initialement été annulée pour des motifs de procédure avant d’être rétablie en juillet 2023.
Une famille dos Santos sous pression
La grâce présidentielle relance les débats autour des accusations portées contre la famille dos Santos. L’ancien président José Eduardo dos Santos, décédé en 2022, avait dirigé l’Angola pendant 38 ans, consolidant son emprise sur les institutions et l’économie grâce à la nomination de proches à des postes-clés.
Isabel dos Santos, surnommée la « princesse », est elle aussi visée par des enquêtes internationales pour des détournements de fonds massifs. Ancienne dirigeante de la compagnie pétrolière nationale Sonangol et femme la plus riche d’Afrique selon Forbes, elle demeure en exil et nie les accusations portées contre elle, dénonçant une « chasse aux sorcières » orchestrée par Joao Lourenço.
«La famille dos Santos est la cible d’une persécution politique», avait déclaré un porte-parole des proches du clan en 2022, réitérant que les poursuites judiciaires servaient avant tout à discréditer l’héritage de l’ancien président.
Un geste controversé
Pour certains analystes, cette grâce présidentielle pourrait être perçue comme une tentative de tourner la page sur les divisions internes et d’apaiser les tensions politiques avant le cinquantenaire de l’indépendance. Toutefois, elle pourrait aussi alimenter les critiques selon lesquelles la lutte contre la corruption, un pilier du mandat de Joao Lourenço, perdrait de sa vigueur.
En annonçant cette mesure, le président Lourenço a rappelé la nécessité pour l’Angola de « construire une nation unie autour de valeurs partagées ». Reste à savoir si cet acte symbolique contribuera à renforcer la confiance des Angolais envers leurs institutions ou s’il alimentera davantage les suspicions d’impunité.
0 commentaire
Soyez le premier à commenter.