Au Gabon, même si le gouvernement a récemment levé le couvre-feu, le président de la plateforme Ensemble pour le Gabon (EPG) s’est prononcé sur la privation des libertés en cours depuis plus d’un an. «L’État de droit est en danger, la justice est en danger», a affirmé l’ancien Premier, Alain-Claude Bilie-By-Nze, le 18 décembre dernier, lors d’une déclaration, évoquant «la préservation de l’Etat de droit démocratique en vue de garantir et de protéger les libertés individuelles dans le pays».

Le président de la plateforme Ensemble pour le Gabon (EPG), Alain-Claude Bilie-By-Nze, le 18 décembre 2024, à Libreville. © D.R.

 

Dans le cadre de la campagne référendaire pour l’adoption de la nouvelle Constitution, la plateforme Ensemble pour le Gabon (EPG) n’a cessé de dénoncer, pour s’y opposer, un projet de loi fondamentale qu’elle jugeait «mortifère». Au regard des dérapages enregistrés lors des contrôles des forces de défense et de sécurité, particulièrement après l’heure d’entrée en vigueur du couvre-feu, le président d’EPG parle de «germes d’une autocratie qui allait reproduire, en pire, les tares et travers qui avaient servi de prétexte pour justifier le coup d’État militaire du 30 août 2023». A l’occasion d’une déclaration, le 18 décembre dernier, Alain-Claude Bilie-By-Nze a fustigé le fait que «la non-consécration du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs dans la nouvelle Constitution se traduit aujourd’hui par l’immixtion de l’exécutif dans la sphère judiciaire».

Pour la plateforme, «des compatriotes sont détenus ou poursuivis en marge de tout cadre légal». Ce qui fait dire au leader de ce mouvement qu’«en violation flagrante des libertés publiques reconnues par la Constitution à tous les citoyens gabonais, dont celle d’aller et venir librement sur toute l’étendue du territoire national, un couvre-feu a été décidé, maintenu, sans encadrement juridique».

Le 18 décembre dernier ce couvre-feu a été levé. Mais pour ces acteurs politiques qui évoquent une levée à la hussarde, «le mal occasionné ne disparaitra pas». En effet, alors que plus aucune raison convaincante n’expliquait le maintien du couvre-feu, la violation de cette mesure prise au lendemain du coup d’État semblait figurer au nombre des crimes les plus graves dont la répression a donné lieu à des actes d’humiliation, voire de mise en danger de la vie d’autrui, à l’image des dernières interpellations effectuées à Libreville par la gendarmerie nationale.

D’où les dénonciations de Bilie-By-Nze : «des femmes et des hommes, pères et mères de familles pour certains, ont été humiliés, traités de manière inhumaine, en violation de tous nos textes nationaux et de nos engagements internationaux». «Ces méthodes ne sont pas dignes d’un État de droit démocratique», a-t-il dénoncé.

S’agissant des libertés d’opinion et d’expression, EPG aborde les menaces et poursuites judiciaires brandies par le ministère de la Justice à l’encontre des activistes. À travers un communiqué, le lundi 9 décembre, le Garde des Sceaux avait en effet dénoncé la recrudescence des discours tendant à ternir l’image du Gabon et celle de ses autorités sur la Toile. Pointés du doigt, les activistes gabonais, vivant à l’étranger, encourent des représailles sur le plan juridique, avait prévenu le membre du gouvernement, annonçant également avoir saisi le procureur de la République.

Pour Ensemble pour le Gabon ces activistes étaient souvent encouragés et applaudis lorsqu’ils dénonçaient les dérives du pouvoir précédent. De ce fait, elle se demande alors pourquoi ils deviennent des «quasi-hors la loi lorsqu’il s’agit de dénoncer cette fois les dérives du CTRI -Comité pour la transition et la restauration des institutions ?».

Dénonçant ces entraves aux libertés, l’ancien Premier ministre parle d’«État de droit en danger» et de «justice est en danger» au Gabon. Toute chose faisant également dire au président d’EPG que «ces violations répétées des droits et libertés des citoyens, les brimades et humiliations infligées à de paisibles citoyens ne sauraient faire oublier la gouvernance calamiteuse actuelle, caractérisée par une gabegie financière sans précédent…».

 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Ce manipulateur, peu subtil sauf auprès de ceux qui sont perméables aux flatteries, pense vraiment qu’on peut se laisser berner par ses discours alarmistes. Il cherche désespérément à susciter l’émoi. Bilie Bi Nze a toujours été un politicien de carrière, animé par des ambitions purement personnelles. Le Gabon se porte bien mieux aujourd’hui qu’à l’époque d’Ali Bongo et de Bilie Bi Nze. L’état de droit et la justice, bien que toujours imparfaits, ne sont pas en pire condition malgré le contexte exceptionnel actuel. On pourrait même parler d’un statu quo global, avec des avancées notables dans certains domaines tels que le respect des procédures et des standards administratifs, la transparence dans la gestion publique, et la lutte contre la corruption.

    De nombreux hauts fonctionnaires se retrouvent aujourd’hui dans une situation d’incertitude, ne sachant s’ils doivent persister dans les pratiques de gabegie financière cultivées sous Ali Bongo et ACBBN, ou adopter une gestion plus rigoureuse pour conserver leur poste. À l’époque d’Ali Bongo et de Bilie Bi Nze, il fallait dilapider l’argent public pour satisfaire un cercle de proches et ainsi garder son poste. Aujourd’hui, au moins, nous n’assistons plus à l’emprisonnement systématique de syndicalistes et de militants des droits humains, ni à l’imposition d’une constitution rédigée à huis clos par des membres du PDG et leurs alliés, excluant les autres composantes de la société.

    Il reste des défis en matière de respect des libertés et des droits fondamentaux. Cependant, les superlatifs employés par Bilie Bi Nze pour discréditer ses opposants finissent par se retourner contre lui, au point qu’il apparaît isolé. En tant qu’ancien Premier ministre, il n’est entouré que de figures anonymes. Contrairement à des figures comme Mba Obame, Chambrier ou Ping, qui n’avaient même pas atteint ce rang, Bilie Bi Nze peine à convaincre ses anciens collègues du gouvernement ou des élus de le rejoindre.

    Dans la mémoire des Gabonais, il restera l’image d’un manipulateur cynique, arrogant et méprisant.

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