Apocalypse Now ! Port-Gentil, avant-goût d’un engloutissement annoncé
Port-Gentil, capitale économique du Gabon, se noie peu à peu sous les eaux. Les inondations récurrentes, conséquence d’une urbanisation anarchique et du réchauffement climatique, préfigurent un désastre écologique et humain annoncé depuis plus d’une décennie. Entre prévisions alarmantes et inaction politique, l’heure n’est plus à l’attente : l’Apocalypse climatique menace les 800 km de littoral gabonais.
Les inondations dernièrement enregistrées dans la capitale économique du Gabon, Port-Gentil, révèlent de façon éclatante les prédictions alarmistes formulées il y a plus de dix ans par de nombreux experts comme Daniel Ondo Ndong, ancien ingénieur en météorologie et en hydrologie au ministère des Transports et Sénateur suppléant. Les pluies diluviennes du 25 novembre 2024, qui ont transformé le centre-ville en un vaste lac et déplacé de nombreuses familles, ne sont que les symptômes d’un problème structurel profond. Si l’urgence climatique est mondiale, l’exemple gabonais illustre l’absence criante d’anticipation et de solutions concrètes face à la menace de la montée des eaux.
Faits actuels et avertissements ignorés
Depuis le début du mois de novembre 2024, les inondations se sont, en effet, intensifiées dans plusieurs quartiers de Port-Gentil, perturbant la circulation, dévastant les commerces et contraignant de nombreuses familles à abandonner leurs domiciles. Les autorités, par la voix du général Pierre Rizogo Rousselot, délégué spécial en charge de la commune, reconnaissent que l’urbanisation anarchique et le système de drainage défectueux amplifient les conséquences des intempéries. Des travaux de curage des grands canaux de la ville ont été amorcés, mais ils s’apparentent davantage à des mesures palliatives qu’à des solutions durables.
Pour rappel, il y a plus de dix ans, l’ingénieur gabonais en météorologie et en hydrologie Daniel Ondo Ndong alertait déjà sur le sort inéluctable de Port-Gentil face à la montée des eaux. «Le niveau des eaux monte inexorablement, alimenté par la fonte des glaciers et l’accumulation de sédiments à l’embouchure de l’Ogooué» indiquait-il. Il expliquait alors que la capitale économique, située à l’embouchure de l’Ogooué, est particulièrement vulnérable, les sédiments agglutinés par les activités humaines réduisant la profondeur des eaux et débordant les limites naturelles.
Une seconde cause aggravante alors identifiée par l’ingénieur gabonais en météorologie et en hydrologie réside dans la salinisation des nappes phréatiques. Le mémorable épisode d’août 2008, marqué par une pénurie d’eau potable à Port-Gentil, avait déjà mis en lumière cette réalité : «En période d’étiage [NDLR – moment de l’année où le débit d’un cours d’eau atteint son niveau le plus bas, souvent en saison sèche au Gabon], la remontée des eaux salines menace directement les ressources en eau douce, un phénomène que nous ressentons déjà aujourd’hui,» déclarait-il à l’époque au mensuel Green Business disparu des kiosques depuis plusieurs années.
Anticiper l’urgence climatique : des solutions pour préserver les 800 km de côtes
Le cas de Port-Gentil est cependant loin d’être isolé. Selon l’Institut international de l’eau, les simulations mondiales montrent que d’ici 2030, des millions de personnes supplémentaires seront touchées par la montée des eaux. Pour le Gabon, pays doté d’une façade maritime de plus de 800 km, la situation est critique. L’érosion du littoral, notamment visible à Libreville, préfigure le sort dramatique qui attend Port-Gentil.
Les estimations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) évoquent une hausse du niveau des mers pouvant atteindre jusqu’à 88 centimètres d’ici la fin du siècle, voire plusieurs mètres si la fonte des glaciers terrestres de l’Antarctique et du Groenland s’accélère. Les conséquences sont prévisibles : érosion des zones habitées, déplacements de populations, raréfaction des terres arables et salinisation des nappes phréatiques.
Alors que des pays comme les Pays-Bas investissent des milliards d’euros dans la construction de digues et la prévention des inondations, le Gabon peine encore à réagir face à l’ampleur de la menace. Daniel Ondo Ndong proposait déjà une coopération bilatérale avec des nations expérimentées comme les Pays-Bas pour protéger les côtes gabonaises. Il suggérait également la formation de spécialistes locaux en hydrologie et météorologie pour proposer des solutions adaptées.
Le retard accumulé pose cependant la question de l’efficacité des mesures futures. «Il faut passer d’une stratégie de réaction à une stratégie d’anticipation», insiste un rapport de croissance-verte.com, soulignant la nécessité d’études rigoureuses, de projections et de modélisation pour anticiper les effets du réchauffement climatique.
Un avenir incertain mais prévisible
Les inondations actuelles de Port-Gentil ne sont pas un simple accident climatique : elles résultent d’un ensemble de causes structurelles, environnementales et politiques. Alors que les experts tiraient la sonnette d’alarme il y a plus d’une décennie, peu de mesures concrètes ont été mises en place pour protéger la ville et ses habitants. En l’absence d’actions ambitieuses, Port-Gentil semble condamnée à subir ce qui avait pourtant été annoncé : l’engloutissement progressif sous les eaux.
La question demeure : Pays paradant toujours sur la scène internationale dans les forums sur l’urgence climatique (COP, Sommet pour l’Adaptation aux Changements Climatiques, Semaine africaine du climat, etc.), le Gabon choisira-t-il enfin l’anticipation pour préserver son littoral et ses populations, ou se contentera-t-il de réagir aux crises à mesure qu’elles se présentent ? Les inondations actuelles sont une nouvelle piqûre de rappel pour les décideurs politiques et les citoyens. L’avenir de Port-Gentil en dépend.
1 Commentaire
Vivement l’accélération de la route
POG Mandji via Omboué.Nous semblons vivre méiose pour la presque X capitale économique,motema ya Gabon.