Réunis en collectif, des anciens étudiants de l’École supérieure de gestion d’informatique et de sciences (ESGIS) au Gabon, ont lancé l’alerte le vendredi 13 décembre 2024 : les diplômes dits délocalisés que propose cette école ne sont reconnus ni par l’ambassade de France au Gabon ni ailleurs. Ce qui a pour conséquence, l’incapacité de ces étudiants à faire homologuer leurs diplômes. Pourtant, ils ont déboursé des millions de francs CFA pour suivre des formations à ESGIS Gabon.

ESGIS au Gabon. © GabonReview

 

ESGIS Gabon a-t-elle frauduleusement induit des diplômes délocalisés dans ses offres de formation ? Se sentant désabusés après avoir déboursé des millions de francs CFA pour suivre des formations au sein de cette école implantée au Gabon depuis environ 12 ans, des anciens étudiants sont tentés de répondre par l’affirmative. Ils ont découvert que leurs diplômes français sont faux, n’ont aucune valeur. «C’est la douche froide», a déclaré l’un de ces étudiants. Alors qu’ESGIS brandissait un partenariat avec IPE Management school-Paris, l’ambassade de France au Gabon dit ne pas reconnaître cet établissement puisque ne figurant pas dans ses registres.

Les anciens étudiants réunis en collectif.  Et l’un des diplômes non reconnus. © GabonReview

C’est d’ailleurs auprès de la représentation française au Gabon que ces anciens étudiants ont découvert le pot-aux-roses. Titulaire (?) d’un Bachelor logistique et transport censé avoir été délivré par IPE Management school-Paris via ESGIS-Gabon, EMMI qui souhaitait faire homologuer son diplôme après trois années d’étude à coup de millions de francs CFA, se compte parmi ces étudiants. «A l’ambassade on nous a expliqué que nous n’avons pas de titre RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) qui permet aux établissements français et leurs partenaires de pouvoir enregistrer les diplômes de leurs apprenants. Donc l’ambassade ne peut pas homologuer nos diplômes», a confié un ancien étudiant.

Pas de titre RNCP

«En nous remettant ces diplômes, l’école nous dira de nous rendre à l’ambassade de France pour les faire légaliser et homologuer», a fait savoir une ancienne étudiante selon qui, bien avant elle, certains étudiants avaient pu légaliser leurs diplômes à l’ambassade. «Mais ce n’est qu’une légalisation», a-t-elle souligné. Si pour sa part elle a poursuivi ses études jusqu’en Master au sein de l’ESGIS, elle dit avoir été surprise que lors de la remise des diplômes l’école au lieu de ne remettre que le diplôme délocalisé, proposera aux étudiants deux diplômes : un français et un gabonais. «Là j’ai commencé à m’interroger car le diplôme français avait un coût et le diplôme gabonais un autre coût», a-t-elle ajouté.

Ce, parlant d’une différence d’environ un million de franc CFA entre les deux diplômes au profit de la formation sanctionnée par le diplôme français. «Quand je suis passée à l’école, revendiquer mon diplôme français puisque j’avais reçu le diplôme gabonais, ils m’ont fait savoir que ce n’était pas prêt. Vu que quelque chose n’était pas clair, j’ai donc demandé qu’ils me rendent la différence qu’il y a entre les deux formations», a-t-elle fait savoir. Réunis en collectif, ces étudiants disent avoir vu en l’ESGIS, une opportunité d’obtenir des diplômes reconnus par l’Etat français en étant au Gabon. «Mais aujourd’hui la réalité est toute autre», a déclaré Alicia Ekore, la présidente du collectif.

Dérive de l’enseignement supérieur ?

Donnant de la voix le 13 décembre, ce collectif dit avoir depuis plus d’un an, multiplié des démarches pour avoir des réponses de l’administration de l’ESGIS sans avoir gain de cause. Aujourd’hui, ils interpellent les autorités compétentes et sollicitent la délivrance immédiate de diplômes gabonais valides et reconnus ; le remboursement des trop-perçus entre la formation délocalisée et la formation locale ; la reconnaissance des dommages subis et des mesures pour réparer l’impact de cette situation sur leurs vies professionnelles. Après avoir écouté les anciens étudiants, GabonReview a tenté rencontrer le corps administratif qui a préféré garder le silence.

«Vous parlerez avec notre avocat», a rétorqué le principal responsable qui à ESGIS, ce jour-là, a refusé de s’exprimer. Que cache donc au Gabon, cette école togolaise qui a pourtant réussi à étendre ses tentacules ? Avant d’orienter les étudiants au sein de cet établissement l’Etat gabonais via le ministère de l’Enseignement supérieur a-t-il mené toutes les enquêtes nécessaires ? Au Gabon face à la saturation des établissements publics et l’inadéquation formation-emploi, plusieurs établissements privés d’enseignement supérieur tentent de séduire les étudiants désireux de se professionnaliser. Le cas ESGIS ne met-il pas en exergue des offres de formation cachant des diplômes non reconnus avec en prime des millions de francs CFA perdus ?

 
GR
 

1 Commentaire

  1. ACTU dit :

    Voila une absurdite.

    Qu est ce qui donne la legitimite a nos diplomes?est ce l administration gabonaise ou francaise?

    Les universites francaises et Europeenne viennent elles chercher la legitimation de leurs diplomes en Afrique?

    C est nous memes qui donnons de la valeur a nos diplomes et non l inverse.

    Le diplome c est comme la monnaie .Nous memes nous devons preparer les conditions de son appreciation.C est aussi cela la souverainete.

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