Promise comme remède miracle aux maux énergétiques du Gabon, la centrale électrique flottante Karpowership a soulevé autant d’espoirs que de questions. Ce projet aurait pu redessiner le paysage énergétique du pays. Sauf que les choses n’avancent pas comme voulu par les autorités de la transition. A la suite d’une réunion, le 21 novembre dernier, avec le Conseiller spécial, chef de Département énergie à la présidence de la République, Arnaud Engandji, le directeur général de l’Énergie, Aristide Ngari a informé de la suspension des travaux de ce projet pour cause de «nombreuses insuffisances».

Une centrale flottante Karpowership exploitée en Afrique de l’ouest. © Karpowership

 

Visiblement, la centrale flottante de Karpowership ne sera pas le phare qui guidera le Gabon vers un avenir énergétique plus radieux. Présentée comme remède miracle aux maux énergétiques qui paralysent Libreville, le projet de cette centrale électrique flottante entendait aider à résorber le désert électrique de la capitale. Malheureusement, le projet n’avance pas comme l’auraient souhaité les plus hautes autorités du pays. Le 22 novembre, le directeur général de l’Énergie, Aristide Ngari, a annoncé de la suspension des travaux de ce projet pour cause de «nombreuses insuffisances». Ce, à la suite d’une séance de travail, vingt-quatre heures plus tôt, avec le Conseiller spécial du président de la République, Arnaud Engandji, en charge du Département énergie.

La mise en œuvre de ce projet a ainsi du plomb dans l’aile. Le directeur général de l’Énergie évoque de «nombreuses insuffisances» soulevant des «préoccupations nécessitant un réexamen approfondi dudit projet afin d’assurer sa viabilité». Il annonce de même la mise en place d’une Commission «pour une meilleure analyse de la situation» et dont «les conclusions permettront de déterminer les prochaines étapes du projet».

Si les retards de livraison sont l’un des principaux facteurs bloquant de ce projet, les coûts jugés exorbitants, des soupçons de surfacturation sont, entre autres éléments, ayant milité en faveur de la suspension des travaux de cette centrale électrique flottante de Karpowership.

Face aux délestages récemment endurés, et ce, pendant plusieurs mois par les Librevillois, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) étant dépassée et peinant à répondre à une demande croissante au regard de ses infrastructures vieillissantes, le gouvernement avait décidé de s’adjoindre les services de Karpowership ; un constructeur, exploitant et propriétaire turc d’une flotte de navires hydroélectriques.

Le ‘’Powership’’ était donc censée illuminer l’horizon énergétique gabonais dès ce mois de novembre ou décembre. Au regard de la situation, sa mise en œuvre au Gabon est plutôt complexe. Le raccordement d’un Powership nécessitant en effet des infrastructures spécifiques dont le pays ne dispose pas nécessairement : ligne de transmission haute tension, port adapté, installations de stockage de carburant, infrastructure de refroidissement, substation (station électrique pour transmission). Autant de maillons et d’autres manquements qui ont certainement eu raison de l’avancement de ce projet.

Toujours est-il que le 14 juin 2024, le ministre de l’Energie et des Ressources hydrauliques, Jeannot Kalima, apposait sa signature sur le contrat liant le Gabon à Karpowership. Une signature que certains ont présentée comme s’étant déroulée «dans des circonstances pour le moins opaques».

Qu’à cela ne tienne, la «meilleure analyse de la situation» annoncée devrait donc permettre de démêler les fils de l’écheveau.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Hermann O. dit :

    Quel sera le coût de cette suspension, le bâtiment étant dans nos eaux depuis quelques temps? Comment Kapowership appréciera-t-elle cette décision? Enfin quelles conséquences pour les signataires, partie gabonaise, de ce contrat au vue de toutes les insuffisances observées? De toute évidence, c’est encore le contribuable qui trinquera et la réputation de la destination Gabon qui en patira.

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