Hausse de température : Plus de 2 milliards de citadins exposés dans 15 ans
Plus de deux milliards de citadins pourraient être exposés à une hausse de température supplémentaire d’au moins 0,5 °C d’ici 2040, selon un nouveau rapport de l’ONU publié mardi.
Actuellement, environ la moitié de la population mondiale réside dans les zones urbaines, et cette proportion devrait atteindre 70 % d’ici 2050. Ce déplacement rapide des populations vers les centres urbains a un impact considérable sur les communautés, les villes, les économies, le changement climatique et les politiques. Une part importante de cette croissance se produira en Afrique, où la population devrait presque doubler au cours des 30 prochaines années. Conséquence : plus de deux milliards de citadins pourraient être exposés à une hausse de température d’au moins 0,5 °C d’ici 2040, selon un nouveau rapport de l’ONU publié mardi 5 novembre 2024.
«Presque tous les citadins seront affectés, des milliards de personnes étant soumises à des températures plus élevées ou exposées aux risques d’inondations et autres menaces», prévient Anacláudia Rossbach, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains, connu sous le nom d’ONU-Habitat.
Le rapport souligne un déficit de financement significatif pour les infrastructures urbaines résilientes.
Globalement, les villes ont besoin d’un investissement estimé entre 4 500 et 5 400 milliards de dollars par an pour construire et entretenir des systèmes résilients au changement climatique. Cependant, le financement actuel ne s’élève qu’à 831 milliards de dollars, ce qui représente seulement une fraction du montant requis. Ce déficit expose les villes, et en particulier leurs populations les plus vulnérables, à des risques croissants.
Les impacts sur les plus vulnérables
Bien que les mesures prises pour lutter contre le changement climatique dans les villes ne soient pas à la hauteur des défis auxquels elles sont confrontées, les personnes les plus exposées sont également, selon Mme Rossbach, celles qui sont déjà confrontées à des inégalités structurelles persistantes et chroniques. «Les implantations informelles et les bidonvilles – généralement situés dans des zones écologiquement sensibles et dépourvus d’infrastructures de protection – sont souvent les plus touchés par les catastrophes liées au climat ou les événements extrêmes», a-t-elle souligné ajoutant que ces communautés vulnérables sont non seulement plus exposées aux risques en premier lieu, mais aussi moins susceptibles de recevoir de l’aide une fois qu’un choc se produit.
«La transformation accélérée des bidonvilles et des implantations informelles, ainsi que la réponse aux besoins des territoires les plus vulnérables des villes sont donc une priorité», a-t-elle dit.
Rétrécissement des espaces verts
Les pressions d’une croissance mal gérée ont également entraîné une diminution constante des espaces verts dans de nombreuses zones urbaines, la part moyenne des espaces verts dans les zones urbaines du monde entier passant de 19,5 % en 1990 à 13,9 % en 2020.
Plus inquiétant encore est le fait que les interventions climatiques n’ont pas réussi à protéger les communautés les plus vulnérables ou ont aggravé leur situation.
Ces exemples incluent ce que l’on appelle la «gentrification verte», lorsque des mesures bénéfiques telles que la création de parcs entraînent soit le déplacement direct de ménages pauvres, soit une augmentation de la valeur des biens immobiliers, les privant ainsi de leur accessibilité.
Une partie de la solution
Cependant, malgré les obstacles complexes auxquels les villes sont confrontées dans un contexte d’urgence climatique de plus en plus grave, le rapport souligne également l’importance de considérer les zones urbaines non seulement comme une partie du problème, mais aussi comme une partie de la solution.
«Avec des investissements audacieux et une bonne planification et une bonne conception, les villes offrent d’immenses possibilités de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de s’adapter aux effets du changement climatique et de soutenir durablement les populations urbaines», a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans l’avant-propos du rapport.
Il a noté que des centaines de villes «ouvrent la voie en développant des espaces verts inclusifs, en réduisant les émissions grâce à une planification et une construction intelligentes et en investissant dans les énergies renouvelables pour alimenter les services civiques comme les réseaux de transport».
Le rapport a été publié alors qu’a débuté lundi au Caire, en Egypte, le Forum urbain mondial (FUM12), organisé par ONU-Habitat, pour discuter de l’avenir du développement urbain durable. Cette année, c’est la première fois que le rassemblement se tient dans une mégapole – la population du Caire, qui compte plus de 20 millions d’habitants, en fait l’une des plus grandes zones urbaines de la planète – un cadre idéal pour des discussions sur la manière de rendre les villes plus résilientes au changement climatique, d’assurer un logement adéquat pour tous, de bâtir des communautés fortes et de faire face à l’urbanisation rapide.
«Le FUM attire de plus en plus de nouveaux segments et parties prenantes… c’est la plateforme idéale pour développer et créer des coalitions et des partenariats pour avoir un impact», a déclaré la cheffe d’ONU-Habitat, Anacláudia Rossbach, dans son discours d’ouverture. « Les gens et les institutions sont préoccupés par l’avenir de notre planète et comprennent le rôle crucial que jouent les villes dans sa définition ».
Selon elle, «transformer les implantations informelles et les bidonvilles et lutter contre le sans-abrisme est une nécessité. Pour y parvenir, nous devons travailler ensemble».
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