Après que le Gabon a connu une «gestion autoritaire», en plus d’avoir perdu sa souveraineté ces dernières décennies, Dr Emmanuel Thierry Koumba, enseignant à l’Université Omar Bongo (UOB) de Libreville, exprime dans la lettre publiée ci-après ses «inquiétudes sur l’évolution politique, économique et morale» du pays. Essentiellement adressée aux intellectuels gabonais,  cette missive est en réalité, selon son auteur, «un appel au sursaut national», au moment où un vent de renouveau souffle sur le pays.

Emmanuel Thierry Koumba, enseignant à l’UOB, appelle les intellectuelsgabonais au sursaut national pour le nouveau Gabon. © D.R.

 

Chers intellectuels gabonais,

Je vous écris depuis le quartier Plein-Ciel, dans le cinquième arrondissement de la commune de Libreville, où je suis installé depuis longtemps, loin de ma ville natale, Mouila. Ce quartier, symbole de l’exode des populations de l’intérieur du Gabon et réceptacle du trop plein des quartiers Akébé, Kinguélé, Venez-Voir, Toulon et Nombakélé, est un carrefour d’histoires et de parcours de vie. C’est ici, avec un profond respect pour mes anciens enseignants de belles lettres françaises, comme Fortunat Obiang Essono et Jérôme Kwenzi-Mikala, que je rédige cette lettre, un appel au sursaut national pour notre pays.

Je suis animé par un engagement politique de longue date, inspiré par des figures telles que Pierre Mamboundou, qui a éveillé en moi un sens aigu de la République et de la Nation. D’autres grandes figures gabonaises, comme le Père Paul Mba Abessole, Luc Bengone Nsi, Zacharie Myboto, Casimir Oyé Mba, Pierre Marie Dong et Maître Louis Agondjo Okawe, m’ont appris que le destin de notre pays ne doit appartenir qu’à ses véritables enfants. Aujourd’hui, avec le soutien de frères de parcours, comme Oscar Dibénguy-Kombila (à Bruxelles), les docteurs Arthur Sabi-Djaboudi et Guillaume Rendambo ou le professeur Daniel Franck Idiata (au Gabon), j’exprime mes inquiétudes sur l’évolution politique, économique et morale du Gabon, surtout après des décennies de gestion autoritaire et de perte de souveraineté.

Mon objectif est de sensibiliser mes collègues intellectuels et/ou universitaires gabonais à ce que je considère comme une dérive du pouvoir déchu : une domination économique étrangère, une centralisation excessive, et une perte de nos valeurs traditionnelles. Nos identités fang, nzébi, téké, punu, masango, myéné, kota, obamba, vili, babongo et autres fondent pourtant l’âme de notre nation et son histoire. J’appelle donc à un retour à ces principes, à une réappropriation de notre souveraineté et de notre indépendance, afin de construire un avenir basé sur nos valeurs et traditions.

Loin d’être seul dans cette vision, je rejoins l’élan de renouveau impulsé par le président Brice Clotaire Oligui Nguéma depuis le 30 août 2023. Son action a suscité de l’espoir en amorçant un virage vers une véritable souveraineté et en mettant en avant l’idée d’un Gabon porté par ses propres enfants. Mais le chemin reste semé d’embûches : certains des acteurs de la régression passée se présentent aujourd’hui comme les défenseurs d’un changement auquel ils n’ont jamais contribué sincèrement. Ils utilisent leur richesse accumulée pour semer le doute, mais notre vigilance et notre engagement collectif doivent surpasser leurs discours rétrogrades et alarmistes.

Je vous invite donc à un éveil collectif. Écoutons les aspirations de notre jeunesse et l’élan patriotique actuel. Votons en faveur du référendum du 16 novembre 2024, car il représente un pas vers la dignité et la grandeur retrouvée du Gabon. Ensemble, en tant qu’intellectuels, nous avons la responsabilité de guider la société vers un avenir harmonieux et respectueux de notre héritage. Il est temps que notre pays appartienne enfin, pleinement, à ses fils et filles.

En avant pour un Gabon souverain et uni !

*Docteur Emmanuel Thierry Koumba, enseignant à l’Université Omar Bongo (UOB)

 
GR
 

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