Le WWF a dévoilé son Rapport Planète Vivante 2024, mettant en lumière une baisse alarmante de 76 % des populations de vertébrés en Afrique depuis 1970. Ce document, qui souligne les conséquences catastrophiques de la dégradation des écosystèmes, appelle à des actions immédiates pour protéger la biodiversité et renforcer les solutions basées sur la nature.

Une famille d’éléphants dans le parc national de Dzanga-Ndoki en Centrafrique. © D.R.

 

À travers un webinar le 8 octobre 2024, le WWF a présenté le Rapport Planète Vivante 2024. Ce rapport, qui en est à sa 15e édition, analyse les tendances mondiales de la biodiversité et l’état de la planète. Il s’appuie sur l’Indice Planète Vivante, qui suit l’évolution des populations d’espèces sur une période de 50 ans pour mieux comprendre l’ampleur des changements environnementaux. Le document met en avant l’urgence d’agir pour préserver la faune et les écosystèmes, notamment en Afrique, où la situation est particulièrement préoccupante.

Le Rapport Planète Vivante 2024 révèle que la biodiversité africaine a subi une baisse dramatique de 76 % des populations de vertébrés surveillées entre 1970 et 2020. Cette tendance inquiétante est attribuée à plusieurs facteurs : la perte d’habitat, la surexploitation des ressources naturelles, la pollution et les effets du changement climatique. Ces pressions combinées ont mené à un déclin rapide des espèces sauvages, rendant les écosystèmes africains de plus en plus vulnérables.

Selon le rapport, «la biodiversité africaine appelle une action urgente». Martin Kabaluapa, directeur régional pour le Bassin du Congo au WWF, a souligné que «les crises interdépendantes de la perte de biodiversité et du changement climatique poussent la faune et les écosystèmes africains à leurs limites, avec des points de bascule mondiaux menaçant de déstabiliser des écosystèmes entiers». La perte d’espèces emblématiques comme les éléphants ou les gorilles pourrait avoir des répercussions bien au-delà du continent africain. Le déclin global des populations de vertébrés, qui s’élève à 73 %, témoigne de l’ampleur de la crise mondiale de la biodiversité.

Le rapport du WWF avertit que sans des interventions immédiates, les écosystèmes africains pourraient franchir des seuils critiques, menaçant non seulement la faune, mais aussi les communautés humaines qui dépendent de ces écosystèmes pour leur sécurité alimentaire, leur accès à l’eau et leur résilience face aux aléas climatiques. La dégradation des récifs coralliens, des savanes et des forêts tropicales pourrait aggraver ces crises si des mesures fortes ne sont pas prises.

Cependant, le rapport apporte également un message d’espoir en soulignant que les efforts de conservation peuvent faire la différence. Par exemple, les populations de gorilles des montagnes dans la région du Grand Virunga (qui couvre l’Ouganda, le Rwanda et la République Démocratique du Congo) ont augmenté de 3 % entre 2010 et 2016 grâce à des projets de conservation réussis. Cette réussite montre que la protection des espèces et des écosystèmes peut être efficace, mais elle doit être accompagnée de transformations plus larges et systémiques.

Alice Ruhweza, directrice globale pour l’influence et l’engagement politiques au WWF, a déclaré : «Nous devons réaliser que la conservation à elle seule ne suffit pas pour inverser la tendance, et qu’il nous faut un changement systémique ». Elle a ajouté que «les solutions basées sur la nature à travers l’Afrique sont cruciales pour faire face aux crises interconnectées de la perte de biodiversité et du changement climatique». Ces solutions incluent la reforestation, la restauration des zones humides et les projets d’agroforesterie. Ces initiatives, en plus de protéger la biodiversité, contribuent à la création d’emplois, à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à la résilience climatique.

La biodiversité africaine appelle une action urgente. © D.R.

Les sommets internationaux à venir, comme la COP16 sur la biodiversité et la COP29 sur le climat, représentent des moments clés pour que les pays renforcent leurs engagements en faveur de la nature et du climat. Le WWF appelle à des plans nationaux plus ambitieux pour la biodiversité (NBSAPs) et le climat (NDCs), en intégrant des mesures pour réduire la surconsommation mondiale, inverser la perte de biodiversité et réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière équitable. L’organisation insiste également sur l’importance de débloquer des financements publics et privés pour soutenir des actions à grande échelle.

Bien que les pays africains se soient déjà engagés dans le cadre du Cadre Mondial de la Biodiversité (GBF) et de l’Accord de Paris, le Rapport Planète Vivante 2024 avertit que les stratégies actuelles restent insuffisantes pour répondre aux défis posés par la dégradation continue des écosystèmes. Si ces points de bascule critiques ne sont pas rapidement adressés, les impacts sur les populations humaines et les espèces sauvages seront irréversibles.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire