Avant-projet de Constitution : Un danger pour la démocratie et la cohésion nationale, selon Mike Jocktane
À la faveur d’une conférence de presse, ce mardi 8 octobre à Libreville, le président du parti Le Gabon Nouveau a exprimé de vives inquiétudes sur l’avant-projet de Constitution adopté récemment par l’Assemblée constituante. Ce texte, censé refonder la République, présenterait des failles graves susceptibles de miner la démocratie gabonaise, de restreindre les libertés individuelles et d’accentuer les inégalités sociales, pense Mike S. Jocktane pour qui certains articles menacent l’unité nationale, la séparation des pouvoirs et l’équité des droits.
L’avant-projet de la nouvelle Constitution du Gabon, actuellement débattu, soulève des interrogations sérieuses quant à son impact sur la démocratie et l’unité nationale. Lors de la conférence de presse du 8 octobre 2024, le leader du parti Le Gabon Nouveau a souligné plusieurs articles problématiques qui, selon lui, représentent une menace sérieuse pour l’avenir politique du pays. Pour Mike Jocktane, il est indéniable que notre nation a besoin d’une nouvelle Constitution, d’un cadre qui incarne nos aspirations et nos valeurs. «Le texte actuel manque de cohérence, de modernité et de pérennité, et surtout, il ne reflète pas l’esprit d’inclusivité et de diversité que nous souhaitons pour notre gouvernance», a-t-il souligné.
«Le Gabon traverse actuellement une phase critique de son histoire, où les choix que nous faisons définiront l’avenir de notre nation. Le projet de nouvelle Constitution qui nous est soumis soulève de graves interrogations, tant sur le fond que sur la forme. Bien que cette initiative ait pour ambition de restructurer notre système politique, elle présente des failles notables qui menacent les principes démocratiques que nous devons défendre», a-t-il martelé.
L’article 13 et l’injustice foncière
L’une des premières critiques porte sur l’article 13, qui restreint l’accès à la propriété foncière aux seuls citoyens gabonais. Pourtant, cette disposition, en favorisant les personnes morales, offre une porte d’entrée à des investisseurs étrangers via des sociétés. Comme le souligne Mike Jocktane, une telle disposition pourrait créer une inégalité entre les citoyens gabonais et les entreprises étrangères, au détriment de notre souveraineté économique. Cela pourrait également décourager les investissements étrangers, tout en créant une insécurité juridique pour les propriétaires locaux.
Service militaire obligatoire : une restriction des libertés ?
L’article 21 introduit l’idée d’un service militaire obligatoire pour tous les jeunes Gabonais. Selon Mike Jocktane, cette obligation représente une atteinte aux libertés individuelles et soulève des interrogations sur l’efficacité de telles mesures. «Nous devrions privilégier d’autres moyens pour inculquer l’amour de la patrie, comme des services civiques volontaires et des programmes éducatifs renforcés», a-t-il déclaré. L’instauration d’un service militaire obligatoire pourrait entrer en conflit avec certaines convictions personnelles, religieuses ou philosophiques, et un débat approfondi s’impose.
Célébrer un coup d’État : une dérive autoritaire
L’article 41 propose de commémorer une date marquant un coup d’État comme fête nationale. Cette initiative suscite une vive controverse, car elle semble légitimer un moyen anticonstitutionnel d’accéder au pouvoir. «En faire une fête nationale reviendrait à normaliser l’usage de la force pour renverser des gouvernements démocratiquement élus», a averti Jocktane. Ce message pourrait encourager de futures tentatives de coups d’État, fragilisant ainsi la stabilité politique du pays et ternissant l’image du Gabon sur la scène internationale.
Limitation des mandats : un flou dangereux
L’article 52, qui limite la durée du mandat présidentiel à sept ans renouvelables une fois, a été critiqué pour son ambiguïté. La formulation actuelle laisse entendre qu’un Président ayant exercé deux mandats pourrait potentiellement revenir au pouvoir après une interruption, contournant ainsi l’esprit de la limitation des mandats. Pour Jocktane, ce flou sape la confiance du peuple dans nos institutions et ouvre la voie à une concentration excessive du pouvoir.
Une exclusion discriminatoire dans l’accès à la présidence
L’article 53, fixant des conditions strictes pour l’éligibilité à la présidence, notamment en termes d’âge et d’origine, a également été vivement critiqué. «Ces restrictions sont non seulement injustes, mais elles marginalisent certains citoyens, notamment ceux d’origine étrangère ou naturalisés, ce qui va à l’encontre des principes d’inclusivité et d’égalité», a dénoncé Mike Jocktane. L’article renforce une hiérarchie artificielle entre Gabonais dits «de souche» et les autres, un recul inquiétant pour une nation construite sur sa diversité.
La question de la double nationalité
L’article exigeant la renonciation à une autre nationalité pour se présenter à la Présidence est également perçu comme une mesure discriminatoire. Mike Jocktane a dénoncé cette clause comme une tentative de disqualification stratégique de certains candidats, affirmant que «la nationalité ne devrait pas être utilisée comme un outil politique pour exclure des Gabonais de la course à la présidence».
Les dispositions transitoires de la Charte de la Transition
Enfin, l’article 190, qui tente de conserver certaines dispositions de la Charte de la Transition après l’adoption de la Constitution, a été qualifié d’«incohérent et illégal» par Mike Jocktane. «La nouvelle Constitution doit primer sur toute autre législation». Permettre à des éléments transitoires de coexister avec notre loi fondamentale reviendrait à bafouer la souveraineté populaire, a-t-il martelé.
«En cette période charnière de notre histoire, je m’adresse à vous avec une profonde sincérité et un sens aigu de la responsabilité. Le projet de Nouvelle Constitution qui nous est proposé n’est pas à la hauteur des enjeux. Dans l’état actuel des choses, je ne peux, en conscience, recommander un vote favorable lors du prochain référendum. Néanmoins, je suis pleinement conscient que le rejet de ce texte pourrait compromettre notre transition démocratique et exposer notre nation à des risques considérables. C’est pourquoi il est de notre devoir de nous engager, non seulement pour refuser cette proposition imparfaite, mais également pour contribuer à l’élaboration d’une Constitution véritablement représentative et inclusive, qui reflète les aspirations de tous les Gabonais», estime Mike Jocktane.
Pour Mike Jocktane et son parti, ce projet de Constitution, en l’état, ne peut être accepté sans de profondes révisions. «Ce texte doit incarner les aspirations de tous les Gabonais, pas seulement d’une élite politique», a-t-il conclu. Il appelle donc à un nouveau dialogue national afin de corriger ces dérives et de garantir une Constitution équitable, moderne et inclusive, respectant les droits fondamentaux de chaque citoyen.
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