Ayant mené une série d’entretiens diplomatiques confidentiels à Paris, en marge du tout récent Sommet de la Francophonie, Oligui Nguema a rencontré le président ivoirien Alassane Ouattara, avec lequel ont été évoqués l’article 53 de la nouvelle constitution gabonaise mais surtout une possible libération «à moyen terme» de Sylvia Bongo, l’ex-première dame, et de son fils Noureddin. Cette révélation d’Africa Intelligence laisse entrevoir un tournant dans la gestion de l’héritage Bongo, alors que le Gabon s’apprête à une réforme constitutionnelle majeure.  

En marge du Sommet de la Francophonie, Oligui Nguema a évoqué avec Alassane Ouattara la libération future de Sylvia et Noureddin Bongo. © GabonReview

 

En marge du Sommet de la Francophonie tenu en France les 4 et 5 octobre derniers, les entretiens à Paris du président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, ont notamment porté sur l’avenir de plusieurs figures du régime Bongo, notamment l’ancienne première dame Sylvia Bongo et son fils Noureddin Bongo.

À en croire Africa Intelligence, le média spécialiste des révélations sur les réseaux de pouvoir, les milieux d’affaires et les cercles d’influence, lors de son échange discret avec le président ivoirien Alassane Ouattara, un peu avant le sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le 3 octobre 2024, «Brice Clotaire Oligui Nguema s’est déclaré favorable à une libération à ‘moyen terme’ de l’ancienne première dame Sylvia Bongo et de son fils Noureddin Bongo».

Cet ‘’engagement’’ pour une libération progressive de Sylvia et Noureddin Bongo intervient dans un contexte politique pas de toute quiétude, où la gestion du pouvoir post-Bongo est encore en pleine réorganisation. Perçue par beaucoup comme un symbole de la purge anti-corruption menée par le nouveau régime, l’arrestation de ces deux membres de la famille Bongo ne représente pas moins un défi diplomatique. La libération de ces figures emblématiques devant, en effet, être gérée de manière à éviter de raviver les tensions tout en consolidant la légitimité d’Oligui Nguema sur la scène internationale.

Une libération conditionnée à un équilibre politique fragile

Si le général Oligui Nguema semble prêt à relâcher la pression sur la famille Bongo, cette libération ne se fera certainement pas à court terme. Le «moyen terme» évoqué dans son entretien avec Alassane Ouattara laisse supposer que plusieurs étapes politiques restent à franchir avant de pouvoir concrétiser cet engagement. La question de la réforme constitutionnelle, actuellement au cœur des préoccupations du pouvoir à Libreville, apparaît comme une clé de voûte pour la suite des événements. L’organisation d’un référendum constitutionnel, suivie d’une élection présidentielle à laquelle Oligui Nguema pourrait se porter candidat, conditionne en effet la stabilité du nouveau régime.

Le président Ouattara, dont le pays a été marqué par des divisions identitaires violentes liées à la question de l’éligibilité à la présidence, a manifesté une certaine inquiétude face aux dispositions de l’article 53 de la nouvelle constitution gabonaise. Le 11 septembre, rappelle Africa intelligence, l’Ivoirien avait discrètement dépêché à Libreville son conseiller spécial, Ally Coulibaly, pour évoquer le sujet avec Brice Clotaire Oligui Nguema. Réservant l’accès à la présidence aux Gabonais nés de parents gabonais, cet article rappelle le concept d’ivoirité, source de graves troubles en Côte d’Ivoire dans les années 1990. Une analogie ayant visiblement alarmé Abidjan, d’autant plus que la montée d’une rhétorique xénophobe pourrait fragiliser davantage le climat politique au Gabon, le pays étant historiquement cosmopolite.

Les enjeux d’une diplomatie en pleine effervescence

Au-delà des questions internes, Oligui Nguema a profité de sa visite à Paris pour intensifier ses contacts diplomatiques, notamment avec des personnalités françaises comme Jean-Marie Bockel, envoyé spécial d’Emmanuel Macron pour l’Afrique. Les discussions avec Bockel, qui ont notamment porté sur la réarticulation de la présence militaire française au Gabon, témoignent de la volonté d’Oligui de redéfinir les termes de la coopération entre Libreville et Paris. Cette dimension stratégique est essentielle, en ce qu’elle devrait permettre au président de la transition de négocier des marges de manœuvre pouvant faciliter une normalisation progressive de la situation politique au Gabon.

Un dénouement stratégique ?

Le sort de Sylvia et Noureddin Bongo semble donc intimement lié aux évolutions du processus politique en cours. Si leur libération pourrait apaiser certaines tensions internes et améliorer l’image du régime sur la scène internationale, elle ne saurait être précipitée sans mettre en péril les réformes qu’Oligui Nguema entend mener pour asseoir son pouvoir. La volonté affichée du Général président de maintenir des relations étroites avec Alassane Ouattara, symbole de stabilité en Afrique de l’Ouest, ainsi que ses ouvertures diplomatiques vers la France, visent à garantir un soutien international essentiel dans cette période charnière.

Ainsi, cette perspective de libération à «moyen terme» des deux Bongo cadenassés dans le sous-sol du palais présidentiel de Libreville, doit se faire habilement : temporiser tout en conservant la maîtrise des événements.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. ACTU dit :

    Le peuple n a que faire des declarations de Oligui .
    Ces declarations si elles etaient fondees n engagent que lui mm. Le peuple lui aura son dernier mot autant sur Sylvia que son fils mais aussi et surtout sur la presence militaire francaise au Gabon.

    Il aura peut etre a choisir soit de servir le Gabon soit de servir la France

  2. Gayo dit :

    Ouattara est activé par la mafia française pour influencer négativement notre transition et mettre en pôle position des acteurs plus favorables aux intérêts obscures des multinationales et de la France. Macron et Sarco, laissez notre transition tranquille. Les réseaux maçonnique qui crache sur la justice et cultivent l’impunité de leurs membres mettent la pression pour favoriser leur Frère des lumières, le grand maitre Ali Bongo.

  3. Goita dit :

    Secret de polichinelle, les amis de nourredine personne ne viendra vous sauver car vous n’avez pas le bon nom. L’hypocrisie des gabonais est legendaire

  4. ACTU dit :

    @Redaction

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