Premières élections professionnelles au Gabon : entre innovation et inquiétudes syndicales
En vue de définir les modalités des élections professionnelles à venir, le ministre du Travail a rencontré les représentants des employeurs et des syndicats le 4 octobre 2024. Ces élections, une première dans l’histoire du Gabon, seront encadrées par un comité tripartite ayant pour mission d’élaborer les règles du scrutin et d’assurer une représentation équilibrée des travailleurs et des employeurs.
Le 4 octobre 2024, le ministre du Travail et de la Lutte contre le chômage, Adrien Nguema Mba, a ouvert un dialogue avec les employeurs et les organisations syndicales des travailleurs en vue de l’organisation des premières élections professionnelles dans le pays. L’échange, organisé en prélude à la mise en place d’un comité technique tripartite, marque un tournant dans l’évolution du monde du travail gabonais, qui cherche à instaurer des élections transparentes et inclusives.
Au cours de ces entretiens, le ministre a souligné que la création d’un comité technique est une étape essentielle pour la préparation de ces élections. Composé de représentants des employeurs, des syndicats et de l’administration, ce comité aura pour mission de « concevoir les textes qui régiront le processus électoral, afin que ces élections soient organisées dans de très bonnes conditions ». Selon les précision d’Adrien Nguema Mba, insistant sur l’importance de « minimiser le risque de conflits d’intérêts » et de garantir une représentation équitable de toutes les parties prenantes, le travail de ce comité est purement technique.
Ces élections, selon le ministre, s’inscrivent dans la volonté affichée par le président de la Transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, de réformer en profondeur les institutions du pays. « Il s’agit d’un engagement fort de restaurer tous les pans de la société gabonaise, y compris le secteur du travail », a affirmé Nguema Mba.
Un processus scruté par les syndicats
Les organisations syndicales ont exprimé, quant à elles, des préoccupations concernant le déroulement de ces élections. Plusieurs questions sur l’implication du ministère du Travail dans l’organisation du scrutin, ont ainsi été soulevées.
« Est-ce que nous pensons que l’administration du travail ne doit pas être jugée partie ? », se sont-elles interrogées, avant de rappeler l’importance du respect du dialogue social. L’un des représentants des confédérations syndicales a également pointé l’inquiétude des syndicats concernant un possible « passage en force » de ces élections, sans consultation préalable des différentes parties. Il a fait allusion à l’article 15 de la Charte nationale du dialogue social signée en 2011, qui prévoyait la mise en place d’un Conseil national du dialogue social (CNDS).Un engagement qui semble avoir été relégué au second plan.
Des enjeux cruciaux pour les travailleurs gabonais
Ces élections professionnelles revêtent un enjeu majeur pour les travailleurs gabonais, car elles marquent une première dans l’histoire du pays. Elles visent à donner une voix officielle aux différentes organisations syndicales, afin de favoriser un dialogue social constructif entre les travailleurs et les employeurs.
En réponse aux inquiétudes des syndicats, Adrien Nguema a rappelé que la tenue de ces élections est encadrée par la loi, notamment l’article 77 du Code du travail. « La loi me reconnaît d’être juge de l’opportunité de l’organisation des élections professionnelles dans notre pays », a-t-il rappelé, annonçant d’ailleurs la création d’un comité technique interne au ministère du Travail, chargé de rédiger les premiers textes devant être soumis à ce comité tripartite pour validation.
Adrien Nguema Mba n’a pas manqué d’appeller à la collaboration de toutes les parties pour assurer le succès de ce processus électoral. « Ensemble, nous avons l’opportunité de construire un processus électoral respectueux des valeurs fondamentales du dialogue social », a-t-il déclaré.
Bien que marqué par quelques tensions, le dialogue en perspective entre le gouvernement et les syndicats est une étape cruciale dans la réforme du monde du travail au Gabon. Les prochaines semaines seront déterminantes pour la mise en place des règles devant régir ces élections professionnelles, lesquelles pourraient façonner durablement le paysage social et économique du pays.
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