Jonglant entre philosophie politique, exemples historiques et pragmatisme, Adrien Nkoghe Essingone* livre ici une réflexion sur l’équilibre délicat entre autorité et justice. Soulignant l’importance de l’État de droit et de l’équilibre des pouvoirs, tout en reconnaissant la nécessité d’une autorité forte pour surmonter les défis actuels du pays, il plaide pour une Constitution juste et adaptée aux besoins spécifiques du Gabon. Il appelle le CTRI à poursuivre son action avec le même patriotisme qui a motivé son «coup de libération» initial, afin de construire un «Gabon nouveau» fondé sur la justice et la bonne gouvernance.

Le véritable problème réside dans les hommes et les femmes politiques qui gouvernent nos pays. Quand on se place comme «premier de cordée», il est essentiel de s’imposer un manteau de vertus telles que l’exemplarité, l’humilité, et la conscience nationale de servir les intérêts supérieurs du peuple dans la transparence et la justice. © GabonReview

 

À un moment où ceux qui savent échangent sur le type de Constitution, parfois à fleurets mouchetés, je voudrais, sans aucune prétention d’expertise, apporter à ce débat un fait d’actualité. Dans l’espace francophone, la Constitution française de 1958, issue du discours historique de Bayeux du 16 juin 1946 prononcé par le Général de Gaulle, est souvent présentée, à l’instar de la Constitution américaine du 4 juillet 1776, comme un modèle solide. Mais voilà qu’un dirigeant, fort de son ego, vient de la piétiner en refusant d’appliquer le processus constitutionnel visant à désigner le Premier ministre après des élections législatives. Aux États-Unis, lorsqu’un président enfreignit la Constitution durant le scandale du Watergate, il fut contraint de démissionner.

Tout cela montre qu’il n’existe ni bonne ni mauvaise Constitution en soi. Le véritable problème réside dans les hommes et les femmes politiques qui gouvernent nos pays. Quand on se place comme «premier de cordée», il est essentiel de s’imposer un manteau de vertus telles que l’exemplarité, l’humilité, et la conscience nationale de servir les intérêts supérieurs du peuple dans la transparence et la justice.

Le discours du 16 août 2024 du Président de la Transition est, à cet égard, un moment fondateur pour le «Gabon nouveau». En proclamant urbi et orbi l’État de droit, il a donné une véritable boussole à notre nation, à l’image de la conversion de Saul sur le chemin de Damas. L’État de droit repose principalement sur la justice, le troisième pilier de notre devise nationale. Ainsi, tout ce qui se fait aujourd’hui au Gabon doit être orienté par la justice.

C’est pourquoi j’en appelle, humblement, au CTRI. Le même patriotisme qui l’a poussé à risquer le sacrifice suprême lors de la nuit du 29 au 30 août doit guider son action actuelle. Le troisième pilier de notre cher pays, le Gabon, doit prévaloir. Une Constitution qui consacre l’hyperprésidentialisme doit néanmoins respecter l’équilibre des trois pouvoirs. Un déséquilibre offrirait à la population une Constitution injuste. Une Constitution juste est impartiale et impersonnelle. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire, avec le même patriotisme, de supprimer l’article 192, qui est une scorie inutile, car d’autres dispositions existent pour gérer ce type de situation. À la place, il serait plus judicieux de rendre obligatoire l’équilibre budgétaire pour garantir une meilleure gestion des finances publiques et assurer une gouvernance saine de l’argent des Gabonais. Ce combat, je le mène depuis 2010, face aux budgets insincères qui étaient présentés année après année.

Les anciens Grecs demandaient au sage Solon : «Quelle est la meilleure Constitution ?» Il répondait : «Dites-moi d’abord pour quel peuple et de quelle époque.» Aujourd’hui, à mon humble avis, le Gabon sort d’un traumatisme : 56 ans d’injustice, d’impunité et, en un mot, de l’absence totale d’autorité de l’État. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une autorité incontestée, sacrée par l’État de droit. Une hyperprésidence peut s’appliquer, à condition qu’elle soit éclairée, inspirée par la sagesse de Confucius, qui prônait de veiller uniquement aux intérêts du peuple, et par la pensée de Platon, qui défendait l’idée d’une gouvernance autoritaire mais juste et éclairée.

Soyons pragmatiques. Souvenons-nous de ce que j’ai appelé «l’appel d’Oyem» lors de la visite républicaine du Président de la Transition au Woleu-Ntem. En référence au Général de Gaulle, dans son ouvrage ‘’Le Fil de l’Épée’’, il écrivait : «Que les politiques et les soldats, malgré les servitudes et les préjugés contradictoires, se forment une philosophie commune, et l’on verra de belles harmonies… Il n’y a pas de carrière illustre dans les armes qui n’ait servi une vaste politique, ni de grande gloire d’homme d’État qui n’ait été magnifiée par l’éclat de la défense nationale.» Le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition, répond présent à cet appel.

Sortons de la culture du silence, osons maintenant pour un Gabon nouveau grâce au coup de libération.

*Adrien Nkoghe Essingone, ancien Député

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GR
 

1 Commentaire

  1. Rembourakinda dit :

    Je me demande ce que les pseudo intellectuels gabonais ont dans la tête. Nous sommes les derniers dans tous les domaines, et vous voulez nous faire croire que notre essor sera assuré par un hyper-president. N’oubliez pas Omar Bongo à été un HP cela n’était écrit nulle part, idem pour Ali Bongo. Vous n’imaginez pas les dégâts à court moyen long terme ? Développer un pays, ce n’est pas seulement construire des infrastructures, c’est aussi changer de mentalités. Chaque citoyen doit se sentir concerné par la chose publique. Un mandat de cinq ans renouvelable une fois, suppression du Sénat et décentralisation avec des assemblées provinciales. L’état central c’est non. Vous croyez le ctri capable d’innover ? Ce sont tous des sbires des Bongo. La constitution nous l’avons, elle date du 26 mars 1991. Pseudo intellectuels gabonais, arrêtez de caresser le ctri dans le sens du poil, en espérant une nomination en conseil des ministres. Vous êtes lamentables.

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