Crise à Comilog : Grève illimitée, activités perturbées et des questions en suspens
Que se passe-t-il à la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) ? La question mérite d’être posée tant quelques syndicalistes de cette entreprise ont décidé de «mener la vie dure» au top management de ce fleuron de l’économie nationale. Par le biais d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, jeudi 26 septembre, ils ont récusé la médiation du ministre des Mines, préalablement validée par leurs soins, ainsi que par la direction générale et l’Inspection provinciale du travail. Une grève illimitée a donc été déclenchée, plombant les activités, mais soulevant bien de questions quant aux tenants et aboutissants de ce qui est perçu comme «acharnement» sur la personne de l’ADG.
Les jours passent, mais l’atmosphère semble davantage se tendre à la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog). Des syndicalistes insistent, persistent et signent quant à leur désir d’évincer l’administrateur directeur général (ADG). Ce que n’autorise pas la loi. Alors qu’à la suite d’une récente réunion de conciliation pour rechercher une meilleure sortie de crise, le ministre des Mines, Gilles Nembe, avait unanimement été désigné Médiateur de ce différend, les syndicalistes ont fait volte-face, le 26 septembre. Les six organisations syndicales ont déclenché leur mouvement de grève illimitée, refusant par la même occasion la médiation de leur chef du département. Toute chose entrainant de nombreuses interrogations sur ce qui est perçu comme «un acharnement sur la personne de Léod Paul Batolo» après le soutien que lui a affiché publiquement le président de la Transition lors de son passage à Moanda.
«Qui a intérêt à ce que Comilog, le fleuron de l’économie gabonaise, flanche ? Qui en veut à l’ADG de Comilog ? Ne paie-t-il pas le lourd prix du soutien que lui a affiché le président de la Transition ? Ne s’en prend-on pas là à la Transition menée par Oligui Nguema ? À qui profite cet acharnement ?» Telles sont quelques-unes des questions qui reviennent sans cesse, au regard des événements en cours au sein de l’un des plus grands employeurs du pays, premier producteur mondial de manganèse à haute teneur. Malgré toutes les démarches, conciliations, médiations, les syndicalistes de cette entreprise minière ont déclenché leur mouvement de grève, perturbant l’activité.
La Comilog a déploré un «mouvement lancé sans préavis» intervenant alors qu’«une médiation officielle menée par le ministère des Mines du Gabon est en cours entre elle et les organisations syndicales». La filiale du groupe Eramet «regrette cette situation» et informe avoir échangé avec les autorités compétentes dans «l’optique de trouver une issue à ce conflit social, dans le respect de la médiation entamée et de la réglementation en vigueur en République gabonaise». Ce, non sans insister sur son «attachement au dialogue social et au respect de la médiation en cours», tout en appelant à la reprise du travail dans les meilleurs délais.
Avant qu’on en arrive à ce stade, le top management assure avoir toujours su garder et entretenir le dialogue social en entreprise. Ce qui a permis de totaliser plus de 150 heures de réunions en 2 ans consacrées à ces problèmes sociaux.
À Comilog, les uns comme les autres rappellent que le droit de revendiquer de meilleures conditions de travail et de vie est légitime. Toutefois, ils relèvent des incompréhensions relatives aux «motivations des syndicats qui ne sont pas toujours bien coordonnés» et certains laissant même entendre que «ces mouvements ne sont pas représentatifs des employés».
Et à la suite du chef de l’État qui accordait son soutien à l’ADG de l’entreprise, chiffres et arguments à l’appui, Christel Bories, le Président directeur général (PDG) du Groupe Eramet, propriétaire de Comilog, avait apporté son soutien et celui des actionnaires à Léod Paul Batolo. Elle s’était exprimée le 4 septembre, incitant les partenaires sociaux à reprendre un dialogue constructif avec la direction générale.
En clair, disait madame Bories, «depuis 2019 et la prise de fonction de Léod Paul Batolo en tant qu’Administrateur directeur général de la Comilog, l’entreprise a connu un développement considérable, dont toutes les parties prenantes bénéficient aujourd’hui, au premier rang desquelles les salariés». Qu’est-ce qui fait donc tant courir ? Peut-on se demander.
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