Une affaire de trafic présumé de stupéfiants à Port-Gentil, impliquant quatre ressortissants nigérians, dévoile les défis complexes auxquels font face les autorités gabonaises dans leur lutte contre le crime organisé. La garde à vue prolongée des suspects, dépassant largement le délai légal, induisent des questions sur les pratiques policières et judiciaires, tout en révélant potentiellement des réseaux de complicité plus vastes. La situation cristallise les inquiétudes de la population locale quant à l’ampleur du trafic de drogue et son impact dévastateur sur la jeunesse de la capitale économique.

Bien au-delà du délai légal de 48 heures, quatre ressortissants nigérians sont actuellement détenus au commissariat central de Port-Gentil, depuis près de deux semaines, pour trafic présumé de stupéfiants. © D.R.

 

Une affaire de trafic présumé de stupéfiants amène à des interrogations sur les pratiques policières et judiciaires dans la capitale économique du Gabon. Quatre ressortissants nigérians sont actuellement détenus au commissariat central de Port-Gentil, chef-lieu de la province de l’Ogooué-Maritime, depuis près de deux semaines. Cette détention prolongée, bien au-delà du délai légal de 48 heures prévu par la loi gabonaise, suscite l’inquiétude et la curiosité de l’opinion publique.

Une arrestation saluée, une procédure controversée et des doutes

L’arrestation de ces quatre individus, soupçonnés d’être impliqués dans un réseau de trafic de drogues dures, a initialement été accueillie favorablement par la population locale. Un ancien dealer, s’exprimant sous couvert d’anonymat, affirme que les ressortissants nigérians dominent le trafic de stupéfiants dans la région depuis 2013. «Ces arrestations marquent un début dans la lutte contre ce fléau», estime-t-il.

La même source poursuit son analyse avec une perspective plus large sur la situation : «Le problème est profondément enraciné et multifacette. D’une part, il faudrait examiner de près les activités de certains ressortissants nigérians qui, sous couvert de commerces légitimes tels que la vente de mobilier, de vêtements ou de fripes, pourraient dissimuler des activités illicites. D’autre part, il est crucial d’enquêter sur les allégations de complicité au sein des forces de l’ordre, notamment parmi certains officiers de police judiciaire de l’OCLAD, de la PJ et du commissariat central

Et d’ajouter avec inquiétude : «Sans une action concertée sur ces deux fronts, le trafic de stupéfiants continuera de proliférer dans notre ville. L’impact sur la jeunesse est particulièrement alarmant, car non seulement la consommation se répand, mais les techniques de production de ces substances illicites se transmettent également, menaçant le futur de toute une génération

Des implications plus larges ?

Cependant, la durée excessive de la garde à vue pousse de nombreux observateurs à s’interroger sur la légalité de la procédure et les motivations réelles des autorités. Des sources proches du dossier évoquent des tentatives présumées de libération des suspects moyennant rançon, une pratique qui aurait été empêchée par l’intervention du procureur de la République.

L’affaire, de l’avis de nombreux port-gentillais, pourrait avoir des ramifications plus étendues. Des allégations de complicité entre certains membres des forces de l’ordre et les trafiquants circulent, mettant en exergue la complexité du problème. «Tant que nous n’aurons pas éradiqué la corruption au sein des services de police et démantelé les réseaux de façade, le trafic persistera», ajoute l’ancien dealer qui auparavant a lancé : «Ils sont connus des policiers et ils dealent avec eux. »

Le cas d’un autre suspect, connu sous le pseudonyme ‘’la 46’’ et ayant défrayé la chronique lors du déferlement de bandits à la machette dans les artères de Port-Gentil, pourrait être lié à cette affaire. ‘’La 46’’ ayant récemment été transféré à Libreville, les autorités espèrent que cet éloignement permettra d’obtenir des informations cruciales sur le réseau de trafic opérant à Port-Gentil.

Un test pour le nouveau procureur

Cette affaire sensible pour ses plausibles répercussion au sein des forces de sécurité et de lutte contre la contre sera, en tout cas, l’un des premiers dossiers sur le bureau du nouveau procureur de la République, dont la prise de fonction est imminente. Sa gestion de ce cas sera scrutée de près, tant par la population que par les observateurs judiciaires.

L’opinion publique attend donc avec impatience la présentation officielle des suspects devant le parquet, une étape qui devrait apporter des éclaircissements sur cette affaire complexe. Reste à savoir si cette présentation aura lieu dans les délais prévus, ou si d’autres rebondissements viendront encore compliquer cette affaire déjà épineuse.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire