Vingt-quatre heures après la lettre de l’ex-président Ali Bongo renonçant définitivement à ses charges, se retirant de la politique et réclamant la libération de son fils et de son épouse, les avocats de Sylvia Bongo et de Noureddin Bongo Valentin sont montés au créneau. Maîtres Célestin Mba Ondo, Charles Anicet Poaty-Amar, Jean-Paul Moumbembe et Gisèle Eyué Bekalé, sur la même tribune, pour démontrer l’urgence de la situation, ont dénoncé «avec gravité» les traitements subis par leurs clients, ainsi que les «manquements orchestrés par la justice», constituant des «violations graves et renouvelées, contraires à la dignité de l’homme et à l’image du Gabon et aux conventions internationales ratifiées, signées».

Le collège des avocats de la famille d’Ali Bongo Ondimba, face à la presse, le 19 septembre 2024, à Libreville. © GabonReview

 

La situation de Sylvia Bongo Ondimba et de Noureddin Bongo Valentin, respectivement épouse et fils de l’ex-président de la République, est-elle si préoccupante à «Sans-famille» ? Les Conseils de ces deux membres de la famille de l’ancien chef de l’État l’ont fait savoir, le 19 septembre à Libreville. Quatre avocats à Libreville, plus ceux en poste à Paris, se sont adressés à la presse à la suite de la sortie, la veille, de l’ancien occupant du palais du bord de mer. En substance, le message a été de dénoncer les maltraitances que subiraient leurs clients en prison. Plus clairement, maîtres Célestin Mba Ondo, Charles Anicet Poaty-Amar, Jean-Paul Moumbembé et Gisèle Eyué Bekalé s’insurgent contre les violences qu’ils subissent, ainsi que les entorses faites à la loi et à leurs droits et en appellent à la clairvoyance du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Pratiques liberticides

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«En présence de ces traitements inhumains, cruels et dégradants, des violations des droits de la défense, force est de constater que le droit à la sûreté, à la sécurité de nos clients en détention et les conditions d’un procès équitable ne sont pas garanties, alors que l’État gabonais est signataire de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, nous dénonçons avec véhémence, avec rigueur, ces pratiques liberticides», a déclaré Me Gisèle Eyué, précisant qu’ils  sont venus évoquer les conditions de détention de Sylvia et de Noureddin Bongo «qui sont détenus en violation de tous leurs droits humains, de tous les droits qui sont reconnus à toutes les personnes détenues dans le monde et en particulier au Gabon».

Face à la situation, le collège des avocats de la famille Bongo envisage une procédure devant la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, si rien n’est fait. Ceci d’autant plus que depuis plus d’un an, ont-ils expliqué, les prévenus «n’ont pas reçu la visite d’un seul membre de leur famille». «Or, selon nos lois nationales et selon les lois internationales, toute personne détenue a le droit de mener une vie privée et familiale», ont-ils ajouté, soulignant que «cette vie privée, familiale consiste à recevoir sa famille en détention».

«Cette entrave à la vie familiale est insupportable pour nos clients», ont dit les Conseils de la famille Bongo, non sans indiquer qu’ils ont décidé de prendre «la parole en toute indépendance, conscience, honneur, loyauté, délicatesse, modération et dévouement». Des principes qui, rappellent-ils, sont essentiels de leur profession.

«On ne donne pas des coups à un homme à terre»

«Nous devons prendre en compte la lettre du président Ali Bongo qui a voulu apaiser tout le pays», ont-ils assuré, relevant qu’il est diminué par la maladie. «On ne donne pas des coups à un homme à terre. Ce sont les valeurs qui sont les nôtres. D’un point de vue moral, on ne combat pas un homme à terre. On ne s’en prend pas à une femme. Le président Ali Bongo, dans son recueillement par rapport au pouvoir, a adressé un message clair à la Nation, à toute la classe politique et ce message devrait être entendu», ont suggéré les avocats, appelant le général Oligui Nguema à élargir sa générosité, ses largesses et son pardon à l’ancienne première dame du Gabon et à son fils.

Trois raisons essentielles justifient cette conférence de presse. La première a permis d’indiquer que «depuis que Sylvia Bongo et Noureddin Bongo ont été arrêtés et placés en détention préventive, ils n’ont jamais pu communiquer librement avec leurs avocats». «J’ai pu les rencontrer trois fois furtives, à la dérobé, pendant quelques minutes, lors des interrogatoires devant le juge d’instruction, dans des conditions exclusives de la nécessaire confidentialité des entretiens entre un avocat et son client prévue par notre Code de procédure pénale», a raconté Me Eyué. Ce qui lui fait faire remarquer que «toute l’économie du procès équitable est réduite à néant lorsque l’avocat assiste un prévenu présumé innocent sans s’être préalablement entretenu avec son avocat». À ce propos, soutiennent-ils, «Sylvia Bongo et Noureddin Bongo n’ont jamais reçu une seule visite de leurs avocats».

Leur droit à la santé violé

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Le deuxième élément repose sur le fait que depuis qu’ils ont été arrêtés, leur droit à la santé a complètement été violé. Et l’avocate renseigne que le droit à la santé est un droit constitutionnel qui est reconnu à toute personne et à tout détenu.

«Peut-on admettre qu’une personne détenue soit interrogée par un juge d’instruction ou assisté par son avocat sans que celui-ci ait une parfaite connaissance de son état de santé physique, mentale, de ses facultés intellectuelles à répondre aux questions du juge ?» a interrogé celle qui a lu la déclaration. Toute chose ayant permis de faire noter que depuis plus d’un an, leurs «clients n’ont pas été examinés par un médecin sauf lorsque monsieur Noureddin Bongo a été victime des coups et blessures volontaires ayant perforé son tympan».

Selon les Conseils des Bongo, le tympan de l’oreille gauche du fils d’Ali Bongo a été perforé, de même que sa maman a été victime de violence physique.

«Une honte absolue pour notre pays»

Ils ont donc souhaité «interpeller les pouvoirs publics, leur demander de libérer Sylvia et Noureddin, les assigner à résidence à côté de monsieur Ali Bongo». «Ça n’empêchera pas que le juge continue son instruction et ces deux personnes emprisonnées sont présumées innocentes et la présomption d’innocence est un principe général du droit qui est inhérent à toutes les personnes poursuivies», a accentué M Eyué.

«Qu’on les libère tout simplement», a-t-elle suggéré invoquant des  paroles de l’hymne national : «’’pourchassons à jamais l’injustice et la honte’’ parce que garder la première dame et son fils en prison, c’est une honte absolue pour notre pays».

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Shaq hilaire dit :

    Ne faîtes pas aux autres ce que vous ne vouliez pas que l’on vous fasse.
    Et bien, qu’ils subissent un peu ce qu’ils ont fait aux autres !
    En ce qui les concerne, il n’ y a pas un peu de mal à celà !!!
    Qu’ils y restent encore un an de plus!
    Personnellement, cela ne nous dérange point

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