Un an après le coup d’État ayant mis fin à son mandat présidentiel, Ali Bongo Ondimba sort de son silence. Dans une lettre adressée au peuple gabonais et dont l’authenticité a été confirmée par Me Gisèle Eyue Békalé l’un de ses trois avocats, l’ancien chef d’État annonce son retrait définitif de la vie politique et appelle à la libération de son épouse Sylvia et de son fils Noureddin, emprisonnés depuis les événements d’août 2023. Tout en reconnaissant les insuffisances de sa présidence, il demande l’arrêt des violences contre sa famille et plaide pour une réconciliation nationale. L’intégralité de la lettre de «l’otage de la Sablière», selon une expression de Billie-By-Nze.

Ali Bongo : «L’idée que je me fais de mon devoir est de dire avec sincérité et honneur que je ne souhaiterai jamais constituer, pour le Gabon, un risque de menace, de trouble et de déstabilisation dans ce moment de reconstruction.» © D.R.

 

Gabonaises. Gabonais. Chers compatriotes

Le soir du 29 août 2023 a mis fin à l’exercice de mon mandat de Chef de l’État dans des circonstances douloureuses.

Ces évènements ont porté au pouvoir un dispositif de transition, qui, ces prochains mois, se confrontera aux urnes et au vote pour engager notre pays sur une nouvelle voie. Les Gabonaises et les Gabonais, auront, à cette occasion, l’opportunité d’élire leur Président de la République.

Conscient qu’une évolution était nécessaire pour améliorer la vie de nos concitoyens, j’ai cru, longtemps, pouvoir changer un système qui s’est finalement retourné contre une famille, symbole d’une époque.

Ma femme et mon fils en sont aujourd’hui les bouc-émissaires impuissants. Notre pays en constitue le témoin, spectateur, espérant le légitime changement.

Pour ma part, je respecte et je comprends la volonté des citoyennes et des citoyens de souhaiter, pour construire l’avenir, de nouveaux responsables politiques et je tiens à réaffirmer mon retrait de la vie politique et le renoncement définitif à toute ambition nationale. Cela vaut également pour Sylvia et Noureddin.

L’idée que je me fais de mon devoir est de dire avec sincérité et honneur que je ne souhaiterai jamais constituer, pour le Gabon, un risque de menace, de trouble et de déstabilisation dans ce moment de reconstruction.

Parce que notre pays est, a toujours été et sera toujours un pays d’honneur, j’en appelle à l’apaisement, à l’arrêt des violences et des tortures intentées contre ma famille, plus particulièrement mon épouse Sylvia et mon fils Noureddin et à leur libération, car depuis trop longtemps désormais emprisonnés pour des faits dont ils n’ont pas été reconnus coupables, bouc-émissaires d’une situation qui va bien au-delà de leur personne.

Je leur ai imposé, tout au long de la vie, bien des épreuves par mes choix. Mais leur emprisonnement et les sévices qu’ils subissent depuis plus d’une année vont bien-au-delà de tout ce qu’une épouse et un fils ont à supporter.

Moi-même, je demeure non libre de mes déplacements et soumis à surveillance quotidienne. Mes visites dépendent de l’autorisation des militaires. Isolé du monde extérieur sans communications, sans nouvelles de ma famille.

Je suis pleinement conscient de ce qui a été accompli sous ma présidence, comme également des insuffisances dont j’assume seul la responsabilité, tant sur le plan social que s’agissant du fonctionnement de nos institutions. Mais ce bilan aussi sincère que douloureux ne saurait justifier que tant d’abus soient perpétrés contre ma femme et mon fils, qui n’a pas serré ses enfants dans les bras depuis plus d’un an. Je connais trop les Gabonais pour savoir qu’ils savent la différence entre justice et vengeance.

J’insiste sur ce point, seul Président et responsable de mes décisions, je comprends que malgré les réalisations effectuées sous mes mandats, trop de Gabonais souffrent encore et cela reste mon plus grand regret. Je souhaite de tout cœur que nous soyons en mesure de tourner la page de cette souffrance intime et nationale. Avec un seul et unique but : notre réconciliation nationale.

Aussi, j’appelle mon pays, ses dirigeants et mes concitoyens à renoncer à la vengeance et à écrire sa prochaine Histoire avec harmonie et humanité.

Que Dieu vous bénisse.

 Que Dieu bénisse notre patrie le Gabon.

Ali Bongo Ondimba

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Oui Ali on doit renoncer à la vengeance mais également à l’impunité. C’est peut-être pour toi trop tard de penser aux conséquences de tes actes injustes sur tes enfants. Demanderas-tu pardon pour le manque de transparence de tes scrutins sources de troubles meurtriers, les victimes de 2016 du fait de ta foi d’un pouvoir illégitime? Demanderas-tu pardon pour la destruction de Jeanne Ebori pour y construire une clinique privée? Demanderas-tu pardon pour la destruction de la cite de la démocratie? Demanderas-tu pardon pour Bertrand Zibi, Alianga et les autres où tu estimes que ceux-là méritaient la vengeance et la torture? Ta lettre est vide, sans âme car elle ne se concentre comme toujours sur ton bonheur à toi avec un intérêt très limité pour celui des autres. Tu n’a jamais eu à te soucier de la pauvreté de gabonais, tu n’aurai jamais permis autant de rémunération de plusieurs dizaine de millions de F CFA dans le service publique alors que la pauvreté galopante progresse et les inégalité continuent de de se creuser.

  2. Gayo dit :

    Il considère toujours que son maigre bilan est important, malgré le fait qu’il soit largement insuffisant pour freiner l’augmentation de la pauvreté de près de 10 points durant ses deux mandats. Comparativement, les pays les moins développés ne présentent pas un bilan aussi catastrophique dans la lutte contre la pauvreté. Peu de pays ont vu leur niveau de pauvreté augmenter de 10 points au cours des quinze dernières années, pas même nos voisins comme le Cameroun, le Congo-Brazzaville, la Guinée équatoriale ou la RCA. Comment expliquer un tel bilan avec autant de ressources et une population aussi réduite, sinon par une gouvernance médiocre ? Ali Bongo, ton bilan est bien en deçà du potentiel et des ressources de notre pays. Comment peux-tu prétendre mériter un traitement clément alors que tu trouves difficile de prononcer le mot « pardon » face à toute cette souffrance, du haut de ton ego et de ta suffisance ?

    Oligui, malgré tout, est un enfant du pays, du peuple, de l’école publique gabonaise. Il comprend donc mieux que toi les attentes des Gabonais en matière de justice, d’égalité et de partage. Il a été à vos côtés et a vu tout le mal que vous avez fait au peuple gabonais, car vous avez évolué dans une réalité parallèle à la sienne, apparaissant souvent fermé, insensible, ou incapable de comprendre ses aspirations. Vous avez abandonné toute ambition nationale. Vous auriez pu rendre votre lettre plus concise sans cette phrase, car les Gabonais savent bien que vous n’avez plus d’autre choix que de renoncer. Le pouvoir, l’argent et les postes à distribuer ne suffisent plus à vous garantir un soutien artificiel. Vous êtes réduit à votre plus simple expression, un homme qui, sans ces artifices, peine à convaincre politiquement.

  3. Lucas dit :

    Monsieur Ali,
    Je comprends votre peine et votre chagrin, un mari, un père ne saurait ne pas vous comprendre mais le gabonais qui a tant souffert de par votre gouvernance ne mérite t-il pas tout autant que vous le compreniez aujourd’hui?
    Vous endurez aujourd’hui ceux que plusieurs familles gabonaises n’ont pas eu le luxe d’endurer du fait des disparitions des membres de leurs familles durant les élections de 2009 et de 2016, pourquoi pour un premier pas ne demandiez vous pas d’abord pardon pour tout ce mal?
    Votre gouvernance a été basé sur le fait d’esclavagisé le gabonais au détriment de nos amis et frères étrangers, nous avons du mal à construire, à envoyer nos enfants à l’école, à trouver des emplois, à nous soigner et même à rêver oui Monsieur nous ne rêvions plus, ce coup de libération en bien ou en mal seule l’histoire nous le dira nous a redonner l’envie de rêver en un GABON ou chaque gabonais peut être fier et heureux.
    Oui Monsieur OLIGUI n’est pas parfait et fera aussi des erreurs tout comme l’œuvre humaine n’est point parfaite mais si il s’appuie sur le peuple alors le peuple lui donnera toujours de la force pour aller de l’avant.
    Monsieur Ali, considéré la douleur du peuple pendant votre gouvernance et demander lui PARDON avant que de lui réclamer quoi que ce soit.

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