Face à l’urgence climatique qui menace l’Afrique, le récent Forum sur la coopération Chine-Afrique (Focac) 2024 offre une opportunité cruciale de redéfinir l’avenir du continent. Adrien N’Koghe-Mba* explore, dans cette chronique, comment le partenariat sino-africain pourrait être le catalyseur d’une transition vers une économie verte et bleue, créatrice d’emplois et respectueuse de l’environnement. Il analyse les enjeux et les perspectives d’une collaboration renforcée entre la Chine et l’Afrique pour bâtir une civilisation écologique adaptée aux défis du 21e siècle.

Alors que l’Afrique est au bord de l’effondrement, le Focac 2024 offre une opportunité sans précédent de redéfinir l’avenir du continent, non seulement en termes de développement économique, mais aussi dans la construction d’une civilisation écologique à la fois durable et adaptée aux réalités africaines. © GabonReview

 

Quelques heures avant l’ouverture du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) 2024 qui s’est déroulé à Pékin du 4 au 6 septembre dernier , l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a publié un rapport des plus alarmants. La situation en Afrique est critique : l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes menace de rendre la vie invivable dans certaines régions du continent d’ici 2030. Ce constat met en lumière un continent en train de sombrer sous le poids des défis climatiques et économiques, avec des conséquences qui dépasseront largement ses frontières.

Alors que l’Afrique est au bord de l’effondrement, le FOCAC 2024 offre une opportunité sans précédent de redéfinir l’avenir du continent, non seulement en termes de développement économique, mais aussi dans la construction d’une civilisation écologique à la fois durable et adaptée aux réalités africaines. Lors de la cérémonie d’ouverture du forum, le président chinois Xi Jinping a rappelé l’importance de ce partenariat en affirmant que “la Chine et l’Afrique représentent un tiers de la population mondiale. Sans la modernisation de la Chine et de l’Afrique, il n’y aura pas de modernisation mondiale.” Il a également insisté sur la nécessité de promouvoir ensemble une “modernisation respectueuse de l’écologie”, une vision qui résonne fortement avec les besoins urgents de l’Afrique.

Créer des métiers verts et bleus : une opportunité pour l’Afrique

Face à l’urgence climatique, les Africains doivent saisir l’occasion du partenariat avec la Chine pour bâtir un avenir plus résilient. Si la Chine s’est engagée à créer 1 million d’emplois en Afrique au cours des trois prochaines années, il est crucial que ces emplois soient axés sur les secteurs verts et bleus. Ce sont ces métiers de l’adaptation, nécessaires pour renforcer les capacités du continent à répondre aux effets dévastateurs du changement climatique, que l’Afrique doit proposer à la Chine de soutenir.

Les métiers verts, liés aux énergies renouvelables, à la gestion durable des terres et à l’agriculture résiliente, offrent un potentiel immense pour le développement économique tout en limitant l’empreinte écologique. De la même manière, les métiers bleus, centrés sur la gestion des ressources maritimes et la protection des écosystèmes côtiers, sont essentiels pour les pays africains bordés par les océans. L’Union africaine a fait de l’économie bleue un fer de lance pour la prospérité du continent, misant sur son rôle crucial pour assurer un développement durable, tout en protégeant les vastes ressources marines et aquatiques de l’Afrique.

Ces secteurs, en pleine expansion, pourraient devenir de véritables moteurs de la croissance verte et de la croissance bleue, tout en répondant à l’urgence climatique. En proposant à la Chine de co-investir dans la formation et l’implantation de ces industries, l’Afrique peut à la fois s’adapter aux bouleversements climatiques et offrir des opportunités d’emploi massives à sa jeunesse.

Une communauté de destin partagé

La communauté de destin partagé, concept central de la politique chinoise, résonne particulièrement dans ce partenariat. La Chine, par son expertise dans le domaine des énergies renouvelables et des infrastructures durables, peut devenir un allié de choix dans cette transition. Comme l’a souligné le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, lors du sommet : “Le partenariat Chine-Afrique peut mener la révolution des énergies renouvelables. Il peut être le catalyseur de transitions clés dans les domaines des systèmes alimentaires et de la connectivité numérique.”

Cette déclaration met en lumière l’importance stratégique de la coopération sino-africaine dans la lutte contre le changement climatique. En travaillant main dans la main, la Chine et l’Afrique peuvent créer les conditions d’un développement économique durable, tout en s’engageant dans une transition bas carbone. Cette union permettrait non seulement de renforcer la résilience des systèmes alimentaires africains, mais aussi d’accélérer la transformation numérique, un autre vecteur clé pour l’adaptation aux crises climatiques.

De plus, la Chine, en s’alignant sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine, témoigne de sa volonté de contribuer à la vision de long terme du continent. Cet agenda, qui vise à transformer l’Afrique en un acteur mondial prospère et durable, trouve un écho fort dans les objectifs de développement durable poursuivis par le FOCAC. En soutenant les aspirations africaines à travers l’Agenda 2063, la Chine renforce cette harmonie entre les priorités africaines et les solutions qu’elle peut apporter.

Main dans la main vers une harmonie écologique

La réussite de cette civilisation écologique aux caractéristiques Afro-Chinoises repose sur une harmonie entre la croissance économique et la préservation de l’environnement. En unissant leurs efforts, la Chine et l’Afrique peuvent construire une économie résiliente, créant des millions d’emplois dans des secteurs porteurs d’avenir et vitaux pour l’adaptation climatique.

Il est temps pour l’Afrique de s’appuyer sur ses partenariats internationaux, notamment avec la Chine, pour construire des moteurs de croissance verte. En tirant parti de la dynamique créée par le FOCAC 2024, et en proposant une collaboration dans les métiers verts et bleus, le continent peut non seulement répondre aux défis du réchauffement climatique mais aussi saisir l’opportunité d’une renaissance économique.

Le FOCAC 2024 marque ainsi le début d’une nouvelle ère pour l’Afrique. Un moment charnière où, ensemble avec la Chine, elle peut construire les bases d’une civilisation écologique fondée sur des principes de partage, de modernisation respectueuse de l’environnement et d’harmonie. L’avenir du continent dépend désormais de sa capacité à transformer cette vision en réalité durable.

* Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

 
GR
 

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