Dans une interview à RFI ce 30 août, Alain-Claude Billie-By-Nze brise le silence sur le coup d’État ayant secoué le Gabon il y a un an. Révélations, accusations de trahison et règlements de comptes : retour sur le contexte d’un putsch dont le vrai scenario et les motivations profondes sont encore mal connus. Entre opportunisme politique et promesses non tenues, le dernier ex-Premier ministre du régime Bongo livre un témoignage sans concession amenant à bien d’autres interrogations.

Alain-Claude Billie-By-Nze : «C’est un coup d’État d’opportunité, opportuniste, pour quelqu’un qui a voulu être calife à la place du calife.» © D.R.

 

En ce 30 août 2024 marquant le premier anniversaire du putsch qui a ébranlé le Gabon, mettant fin à 56 ans de règne de la dynastie Bongo, Alain-Claude Billie-By-Nze, ancien Premier ministre d’Ali Bongo en passe de devenir la seul figure d’opposition au pouvoir des militaire, lève le voile sur les coulisses de ce séisme politique et dresse un bilan sans concession de l’année écoulée. Au micro de Christophe Boisbouvier sur l’émission ‘Le grand invité Afrique’ de Radio France internationale (RFI), il lève le voile sur les coulisses de ce séisme politique et dresse un bilan sans concession de l’année écoulée.

Les dessous d’un coup d’État impromptu

Contrairement aux rumeurs d’un complot longuement orchestré, Billie-By-Nze Nze brosse le portrait d’un putsch opportuniste. «Je pense que le général Oligui a voulu être calife à la place du calife. Il s’est saisi d’une fenêtre d’opportunité qui s’est offerte à lui», affirme-t-il sans détour. L’ancien chef du gouvernement balaie d’un revers de main l’argument d’une intervention militaire pour éviter un bain de sang «C’est un prétexte. Il a juste voulu prendre le pouvoir pour lui et pas pour sauver la démocratie

Ayant largement circulé dans la rumeur et remettant en question l’idée d’une longue préparation en amont, un élément crucial émerge de cet entretien avec RFI : une altercation survenue la veille du coup d’État entre Noureddine Bongo, fils du président déchu, et le général Oligui Nguema. Alain-Claude Billie-By-Nze confirme d’une certaine manière la plausibilité de cet incident : «C’est une version qui me paraît tout à fait crédible parce que, précisément, s’il y a dispute à ce moment-là, c’est bien qu’il n’y avait pas de brouille bien avant cette dispute du 29 au soir.» Cette querelle pourrait donc être l’étincelle ayant tout déclenché.

L’ancien Premier ministre va plus loin, contestant la version officielle d’un coup d’État orchestré par l’ensemble des forces armées : «Il aurait été impossible de tenir un tel secret. Je pense que quelques personnes y ont pensé, et la brouille entre Noureddine et Oligui a été l’élément déclencheur.» Et d’ajouter : «Je pense qu’il n’y a pas eu une longue préparation en amont puisqu’on a vu comment tout ça a tâtonné par la suite. Ça veut dire que, pour moi, c’est un coup d’État d’opportunité, opportuniste, pour quelqu’un qui a voulu être calife à la place du calife.»

Une transition sous le feu des critiques

Un an après, le bilan dressé par l’enfant terrible du canton Ntang Louli est implacable. Il dénonce une «confiscation du pouvoir» et l’absence de véritables changements : «Hier, il y avait la ‘Young team’, aujourd’hui c’est le CTRI qui a remplacé la ‘Young team’. Ce n’est pas un changement de fond, il s’agit d’un changement de personnes

L’ancien Premier ministre pointe également du doigt les promesses non tenues du nouveau régime : «Déjà, il avait annoncé qu’il allait restaurer les institutions. Cela fait maintenant douze mois. On n’a aucune perspective de restauration d’institutions. Nous n’avons aucun calendrier de sortie de la transition, ni un calendrier de retour à l’ordre constitutionnel. Ça montre bien que tout ça n’était pas planifié

Il va jusqu’à accuser le nouveau pouvoir de perpétuer les pratiques qu’il dénonçait : «Le général Oligui a dit qu’il ne fallait plus de nominations copains-coquins. Aujourd’hui, il pratique les nominations copains-coquins, il a ajouté les consanguins.» Billie-By-Nze conclut sans ambages : «De mon point de vue, ce n’est pas un changement, c’est un remplacement. Et dans sa bouche, il ne parle jamais de rupture et de réorientation. Et donc, il a pris le pouvoir pour perpétuer le système sans le changer

Un avenir politique en suspens

Tel que perçu par le dernier Premier ministre d’Ali Bongo, l’horizon politique du Gabon reste flou. Interrogé sur ses propres ambitions présidentielles, il fait preuve de prudence : «C’est une question que je n’exclus pas, mais c’est une question qui se posera lorsqu’on aura vu la nouvelle configuration de la Constitution et des différentes lois électorales.» Billie-By-Nze souligne les incertitudes qui planent sur le processus de transition, notamment l’issue du Dialogue national qui, selon lui, «exclut pas mal de personnalités du jeu démocratique gabonais

Cette petite plongée dans les arcanes du putsch gabonais révèle les défis colossaux qui attendent le pays dans sa quête de renouveau démocratique. Les révélations de Billie-By-Nze Nze jettent en tout cas une lumière crue sur les motivations et les conséquences d’un coup d’État qui, un an après, soulève encore de nombreuses questions. Entre promesses de changement et craintes de continuité, le Gabon semble encore chercher sa voie vers une véritable transformation politique.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Békalé Boris dit :

    Ah papa, ce que toi tu racontes là c’est trop long.
    Un homme ne parle pas beaucoup.
    Il a agit.
    Tu es un homme, si tu veux le pouvoir là, tu sais ce que tu dois faire.

  2. Gayo dit :

    Bilié Nzé, mais il fallait bien changer des personnes amateurs et médiocres qui faisaient couler le Gabon par d’autres. Tu dis qu’il n’y a pas de changement? Les gabonais n’attendent pas que le verre soit plein en un jour alors qu’on sort de 65 ans d’immobilisme. Tu as laissé 51 directeurs à la SEEG parce que tu n’as aucune formation, aucune expérience, aucun background qui te permet d’avoir les outils pour définir c’est quoi une gestion efficace, optimale, rationnelle, performante. On est sûr qu’un militaire a une meilleure idée du management efficace. Une gestion de technocrates et de militaires c’est ce que nous avons en ce moment et le verre que vous aviez laissé vide est à moitié plein. Tu as aussi laissé une entreprise qui spoliait la SEEG depuis environ 20 ans, parce que ta seule compétence c’est savoir bavarder. Si vous étiez rester au pouvoir ce virus qui était entrain de tuer a jamais la SEEG n’allait jamais être extirpé. Tu es vraiment inconsistant. Reprocher à Oligui de ne pas changer un système qui pour toi devait continuer et ne pas laisser le pouvoir au point de le défendre bec et ongle et déclarer que vous n’aviez pas l’intention de céder le pouvoir pour vous accrocher par tous les moyens, c’est montrer ton opportunisme et ta mauvaise foi. Tu parles de restaurer la démocratie, quelle démocratie? Celle où tu as organisé un dialogue pour introduire des reformes électorales stupides, inopportunes et antidémocratiques? Apres 1962, il n’y a plus jamais eu de démocratie au Gabon. Ca fait des décennies que les gabonais ne s’étaient plus autant reconnu dans leur dirigeants. Vient d’abord nous expliquer pourquoi pour toi il était normal que la SEEG ait 51 directeurs et qu’une entreprise trafique des ticket Edan et tu as laissé ca comme ca? Il n’y a pas de résultats? Nous on voit des performances qui dépassent ceux des Bongos depuis que tu les a rejoint comme ministre. Nous te rappelons que la démocratie est un moyen et non une finalité. Contrairement à ce que tu veux nous faire croire, les infrastructures et le bien être des populations passent avant la démocratie et nous sommes conscients que la démocratie à long terme est le seul moyen qui malgré ses imperfections permet de protéger les acquis et le bien commun mais à court terme après tout le désordre que vous avez foutu, s’il n’y avait pas la pression internationale, on s’en fout que la transition prennent 3 ou 4 ans. Restaurer les institutions ne veut rien dire si les mentalités ne changent pas et si une nouvelle façon de faire n’est pas imprimée dans les consciences. Les militaires sont mieux placer pour le faire. On peut citer une longue listes de miracles qui ce sont opérés que parce que les militaires ont décidé de prendre les choses en main: Georges Washington premier président des USA, Charles De Gaulle artisan de la reconstruction de la France après la seconde guerre mondiale, la Corée du Sud prend son envol économique sous Park Chung-hee un militaire, le Ghana meilleure modèle démocratique en Afrique Noire avec ses nombreuses alternances sans heurt c’est grâce à un militaire, le Rwanda malgré tout ce qu’on peut lui reprocher connait un redressement et un essor économique grâce a un militaire. Le Gabon a besoin pour le moment du réalisme et du pragmatisme des militaires. Récemment tu leur demandes de laisser d’abord les infrastructures pendant la transition pour prioriser le chantier politique. Mais Bilie Bi Nze la politique politicienne dans laquelle tu veux nous ramener, ce n’est pas ca l’esprit d’un militaire. Les militaires ce sont des objectifs et des résultats. Toi tu pouvais te satisfaire de prioriser la politique et reléguer le développement des infrastructures au premier plan parce que le résultat de la gouvernance pour toi ne compte que dans la politique alors que pour les populations leur priorité ce sont les infrastructures et le bien-être. Toi président avec ton narcissisme, ton arrogance, ton mépris, ton manque de diplomatie, le Gabon va encore se polariser et se bloquer.Tu es un personnage hautement clivant. L’élection est une formalité mais toi-même tu sais qu’Oligui a aujourd’hui une légitimité que ni toi, ni Ali Bongo n’aurez jamais pour faire un temps a la tête du pays après avoir mis fin à un régime de 68 ans qui faisait des résultats nuls à comparer au potentiel de notre pays peu peuplé avec autant de ressources que vous utilisiez pour l’enrichissement personnel et la corruption de l’élite politique pour ne pas céder le pouvoir: on dit que 10 milliards on ete proposé à Ondo Ossa pendant que des jeunes mères se font séquestré à l’hôpital Jeanne Ebori que vous avez vendu, les malades du sida meurent faute d’antirétroviraux, manque de routes, d’écoles et on est prêt à subtiliser 10 milliards de l’argent des gabonais.

  3. Gayo dit :

    Que Bilie Bi Nze nous explique pourquoi son management à la tête de la SEEG n’a pas permis n’a pas permis de mettre en lumière et régler la pléthore de directions (51) ainsi que la fraude des tickets Edan pendant presque 30 ans. Incompétence ou médiocrité? Qu’on laisse d’abord les militaires et les technocrates plus outillés dans les questions de gestion ou de management efficace alors que lui nous propose d’abord de régler les questions politiques avant avant d’attaquer le chantier des reformes administratives et des infrastructures complètement en lambeau après 68 ans de mauvaise gestion.

  4. Gayo dit :

    Bilie Bi Nze c’est pendant ton regne de PM que l’absurdite dans la gouvernance politique et le bannissement des règles d’étique et droit a atteint son comble. Va te cacher. Tu n’as aucune leçon a donner a Oligui. Et tu attendras longtemps si tu entends des reformes pour te creer une breche et nous ramener la politique politicienne. Le verre que vous avez laissez vide est a moitié plein il faut le reconnaitre. Vous devez savoir que la démocratie n’étant qu’un moyen et non une finalité, quand le développement commence a se faire sentir, le peuple n’en fait plus une urgence même s’il faut reconnaitre que le seul moyen durable de préserver les bons acquis. Plus une urgence d’autant plus que ceux qui sont a la tête de l’état jouissent encore d’une popularité et d’une légitimité incontestables. Pour le moment on veut que ces militaires entourés de vrais technocrates au sommet, plus méthodiques et pragmatiques que vous les politicien de carrière restent la pour le moment. Laisse nous essayer autre chose Bilie Bi Nze que les gens qui ont ton profil.

  5. Michel Matha dit :

    Mr Billie-BI-Nze a totalement raison ce Monsieur est un opportuniste

Poster un commentaire