Actes politiques d’importance, le changement de Premier ministre et le remaniement ministériel traduisent toujours un malaise, des dysfonctionnements voire une dégradation des relations entre gouvernants et gouvernés.

Certes, en une année, beaucoup de choses auraient pu être corrigées. Mais, si les ministres en poste n’ont pas tout réussi, leur remplacement n’apportera rien, hormis une impression d’hésitation. © GabonReview

 

Sept mois après la mise en place du gouvernement, les rumeurs d’un éventuel remaniement se font persistantes. Sur les réseaux sociaux, comme dans les chaumières, chacun y va de ses confidences, glanées auprès de «sources sûres». On parle d’un changement de Premier ministre et d’une révision en profondeur de l’équipe, les ministres financiers étant les premiers visés. Comme toujours, des noms circulent. Comme souvent, rien n’est dit sur la plus-value éventuelle, les états de service ou les mérites des nominés. Bien entendu, cette situation emporte des conséquences : entre le marteau d’une certaine opinion publique et l’enclume du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), nombre de ministres vivent dans l’anxiété, au point de perdre en sérénité, de passer leur temps à chercher l’origine de leurs malheurs éventuels et, au final, de ne plus pouvoir faire leur travail.

Raccourcis intellectuels

Récurrentes sous le régime déchu, ce type de rumeurs ne profitent à personne. «Détenteur suprême du pouvoir exécutif», le président de la République doit former un duo avec le Premier ministre. Sous aucun prétexte, il ne doit céder à la tentation d’engager un duel. Pour rien au monde, il ne doit chercher à le vassaliser. De même, il ne gagne rien à polluer l’ambiance de travail ou à laisser le sentiment d’avoir commis des «erreurs de casting», selon la malheureuse formule d’Ali Bongo. Rêvant d’un pays mieux gouverné, les populations n’ont aucun intérêt à militer pour un turn-over élevé, révélateur d’un climat politique malsain. Certes, aux termes de la Charte de la Transition et de la Constitution du 26 mars 1991, ni le changement de Premier ministre ni le remaniement ministériel ne sont conditionnés. Mais, si le président de la République a le pouvoir d’en décider à «sa propre initiative», il n’en demeure pas moins le garant du «fonctionnement régulier des pouvoirs publics».

Derrière ces invites, deux logiques se complètent et se nourrissent l’une l’autre : celle d’activistes rongés par le ressentiment à l’égard de leurs anciens compagnons et prêts à tout pour exister, y compris à disserter sur le sexe des anges, à reprendre de fausses-bonnes idées ou à emprunter des raccourcis intellectuels, et celle des sectateurs autodésignés d’un ordre kaki prétendument porteur de vertu, d’ordre, de rigueur. Comme la tendance à opposer les militaires aux civils, à magnifier les uns pour mieux vilipender les autres, les appels au remaniement font peu de cas des contingences politiques, implications institutionnelles et autres exigences techniques ou administratives. Au-delà, ce discours tend à minimiser les règles de fonctionnement d’un Etat, à brouiller les frontières et à installer la confusion. Or, il faut le redire : les événements du 30 août 2023 furent justifiés par la volonté de rompre avec «une gouvernance irresponsable, imprévisible».

L’aveu d’un certain essoufflement ?

En appelant à la nomination du Colonnel Ulrich Mamfoumbi Mamfoumbi au poste de Premier ministre, certains veulent faire de l’exception la règle, quitte à éloigner le CTRI de sa mission originelle : «la refondation de l’État», c’est-à-dire la mise en place d’«institutions fortes, crédibles et légitimes garantissant un État de droit, un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable». En plaidant pour le limogeage de certaines personnalités, ils sous-estiment le legs du pouvoir déchu. Certes, en une année, beaucoup de choses auraient pu être corrigées. Mais, si les ministres en poste n’ont pas tout réussi, leur remplacement n’apportera rien, hormis une impression d’hésitation. Après tout, dès le lendemain de sa composition, le gouvernement enregistrait un premier changement, Laurence Ndong y faisant son entrée. Trois mois plus tard, l’équipe passait de 27 à 31 membres. Au final, cela fait deux gouvernements en moins d’une année. Faut-il en rajouter ? Ne faut-il pas en finir avec cette instabilité institutionnelle caractéristique du régime déchu, coupable d’avoir usé sept premiers ministres, 20 gouvernements et des centaines de ministres en 14 ans ?

Actes politiques d’importance, le changement de Premier ministre et le remaniement ministériel doivent être maniés avec prudence. Sauf si elles sont motivées par une échéance particulière, ces options traduisent toujours un malaise, des dysfonctionnements voire une dégradation des relations entre gouvernants et gouvernés. Au lendemain du Dialogue national inclusif (DNI), une telle initiative aurait fait sens.  Quatre mois plus loin, elle semble moins opportune, sauf à faire l’aveu d’un certain essoufflement ou d’une impopularité croissante. Y sommes-nous ? N’en déplaise aux commentateurs avides de sang, ni la foire aux noms ni la chasse à courre ne contribueront à la restauration des institutions.

 
GR
 

7 Commentaires

  1. ACTU dit :

    Au risque de jetter un pave ds la marre je me risquerai a me demander Et si le probleme de l inertie actuelle ne viendrait pas du CTRI ?

    Et pourtant le pays est bien co-gere par un gouvernement et le CTRI?

    Pourquoi le CTRI ne rend il pas des comptes?

    Le CTRI au Gabon comme un gouvernement parallele de droit divin. En fait

    Le CTRI se comporte comme des Ayatollahs qui n aurait des compte a rendre qu a DIEU le PERE? contrairement a la transition Malienne ou on voit civils et militaires travailler en bonne intelligence sans arrogance du Colonel ASSIMI GOITA?

  2. ACTU dit :

    Le President Oligui ne rate aucune occasion pour rappeler qu il fait confiance aux militaires. C est comme s il sous entendait qu il ne fait pas confiance au Gvt. Ce qui cause un vrai malaise!

    Tout se passe comme s il y avait clairement 2 camps:le camps des Elus et celui des mendiant?

    Faut il rappeler a ce President de ka transition que ce Gvt qu il humilie sans cesse est fait d homme et de femmes gabonais pures souches quisont responsable de grandes familles ,villes et villages dc de potentiels electeurs et electrics?

  3. Jean Jacques dit :

    Non évidemment, qu’on change tout le monde ou pas,ils sont au service d’eux-mêmes, des familles, amis et copains, la vie des gabonais, chômeurs, insécurité, corruption, détournement et l’hypotisme sans solution.

  4. Jean Jacques dit :

    Ne comparez pas les personnes intègres, Vous avez entendu parler que Goita voyage, ou il donne les voitures et l’argent aux maliens, même voir sa femme, Arrêtez de comprendre des exemples. La même chose avec le Niger, Burkina.

  5. Akoma Mba dit :

    Le Président et son⁶ Premier Ministre n’ont jamais communié et le Premier Ministre aurait dû démissionner depuis et non pas dire comme on parle au quartier « si on veut m’enlever, qu’on m’enlève », traduction litérale du Fang, genre Fam é né vaa. Bong sang! Nous ne sommes paa au village. Prenons un peu de hauteur!

    • ACTU dit :

      @Akoma Mba

      Vous avez peut etre raison.Mais tt le monde a été pris de cours .Ni le President Ni le PM ne savaient ce qui les attendaient comme quantite de travail et surtout qu il fallait demarrer au quart de tour comme un demurrage en cote sans risque de glasses en arriere
      Bref le challenge etait de taille et personne n airait parier un disorder sur cette transition.
      Maintenant que le job de demarrage a été assured il ne reste plus qu a faire avancer le vehicule

  6. ACTU dit :

    Le PM et le President sont arrives hasardeusement sur le butin chacun ayant suivi son propre chemin. Dc l un n est pas plus legitime que l autre pour demander son depart. C est juste la le pb de l accession a la function de President sans elections

    A ce stade personne n est plus legitime que l autre

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