Le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) se dit déterminé à conduire la «marche vers la félicité d’un Gabon nouveau». Dès lors, il doit aller au-delà des mots trop longtemps galvaudés.

Pour donner à la Journée nationale de la Libération des chances de connaître un autre destin, le CTRI doit se souvenir de ses engagements de départ et œuvrer à leur accomplissement. © AP Photo/Betiness Mackosso

 

Le 30 août 2023, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) annonçait avoir mis «fin au régime en place», sonnant la chute d’un système représenté par le Parti démocratique gabonais (PDG). Dans la foulée, le CTRI précisait ses intentions : en dénonçant «une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se (traduisait) par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays au chaos», il ne rejetait pas seulement les «résultats tronqués» des élections tenues quatre jours avant. Il prenait l’engagement d’en finir avec une certaine pratique politique, mélange de sectarisme partisan, de prévarication et d’arbitraire. Depuis lors, il s’emploie à engager le Gabon sur la voie du renouveau démocratique et du raffermissement du vivre-ensemble. Désireux de réconcilier le peuple avec son histoire, il s’efforce d’écrire un chapitre plus glorieux.

Un réquisitoire implacable contre le PDG et ses dirigeants

Comme l’avait indiqué le président de la Transition dans son message de vœux, l’ambition poursuivie est claire : permettre à un peuple éreinté par des années de «dictature» et de «corruption» d’engager sa «marche vers la félicité d’un Gabon nouveau» à travers un «changement de paradigme». Derrière ces mots trop longtemps galvaudés, se cachent d’immenses chantiers. Dès lors, le CTRI ne peut pas se contenter d’appeler à voter pour le «oui» lors du référendum à venir. Il ne peut non plus se satisfaire de mesures de portée sociales ou des travaux d’infrastructures, fussent-ils structurants. Il doit aller au-delà. Il doit songer à établir du liant entre les différentes époques. À cet égard, une projection dans le futur ne serait pas inutile dans la mesure où elle permettrait d’inscrire son action dans la durée.

En instituant une «Journée nationale de la Libération» le 30 août de chaque année, le CTRI a certes donné suite à une idée émise par certaines personnalités. Mais, il surtout dressé un réquisitoire implacable contre le PDG et ses dirigeants, singulièrement Omar Bongo Ondimba et Ali Bongo, implicitement accusés d’avoir maintenu le peuple sous le joug de l’oppression. En décrétant cette journée «fériée, chômée et payée», il lui a conféré de la solennité, la hissant quasiment au niveau du 17-août, Fête nationale. Or, les événements du 30 août n’ont pas encore livré tous leurs dessous. Au plan structurel et à long terme, on peine encore à en mesurer les effets. Si de nombreux bannis d’hier ont été réhabilités, les institutions ne fonctionnent toujours pas de façon optimale. Pis, eu égard à la présence massive des cadres du régime déchu en leur sein et au vu de la résurgence de certaines pratiques, un retour à l’ordre ancien est à redouter.

Sans calcul ni arrière-pensée

Pour le CTRI, le vrai défi est de faire du 30 août une authentique «Journée nationale de la Libération». À cet effet, il doit remettre en cause certaines baronnies, liquider bien de féodalités, trop formatées par cette «gouvernance irresponsable, imprévisible» tant décriée. Il lui faut, tout autant, rejeter certaines pratiques pour agir loin du tumulte et des vivats de zélateurs intéressés. Dans la rigueur scientifique et morale, il doit affronter le passé pour mieux envisager l’avenir. De même, il doit engager des réformes de fond, sans calcul ni arrière-pensée. Si une nouvelle constitution s’avère nécessaire, son contenu doit susciter l’adhésion du plus grand nombre, en toute connaissance de cause. En sus de cela, un assainissement du système judiciaire et de l’appareil sécuritaire ne serait pas de trop, l’objectif étant de les rendre plus impartiaux. Le même constat vaut pour le système électoral et les lois relatives à la participation de la société civile dans la vie publique.

Le CTRI a décidé de célébrer le 30 août. Il a même créé un Ordre national de la Libération. D’un point de vue réglementaire et administratif, tout semble fin prêt. Dans l’immédiat, rien ne pourra empêcher la tenue de la première édition. Mais, sur le long terme et en fonction des réalisations de la Transition, la pertinence de cette idée pourrait faire débat. Après tout, sur le continent, de nombreuses dates d’accession au pouvoir ou de création de partis furent érigées en quasi-fêtes nationales. On connait la suite : elles ont toutes été délégitimées par l’histoire et les événements. Au Gabon, il en va ainsi du 12 mars, relégué au rang de fête partisane par la Conférence nationale de 1990. Pour donner à la Journée nationale de la Libération des chances de connaître un autre destin, le CTRI doit se souvenir de ses engagements de départ et œuvrer à leur accomplissement.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. VENGA EUGÈNE RODRIGUE dit :

    Bonjour
    Cette liberté n’est présent que dans le cadre politique pour le moment nous voulons qu’il vient débloquer les problèmes du secteur pétrolier,car nous voulons juste que que ses sociétés respect les lois de ce pays, annuler les prestations de services cré par mayila où aujourd’hui les gabonais et gabonaises sont mises sous le régime d’exploitation de l homme par l homme,la liberté social est mieux que tout

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