Un an après la mort de Glenn Patrick Moundendé sous les balles des forces de l’ordre gabonaises, la justice semble s’enliser dans un silence troublant. Entre plaintes sans suite, enquête au point mort et craintes d’étouffement, l’affaire cristallise les défaillances d’un système judiciaire à la crédibilité chancelante. Alors que la famille réclame justice et que la société civile s’impatiente, ce dossier devient le baromètre d’une possible réforme judiciaire promise par les nouvelles autorités. L’heure de vérité a-t-elle sonné pour la justice gabonaise ?

L’affaire Glenn Moundendé est devenue un symbole des défis de la justice gabonaise sous la transition. © GabonReview

 

Ainsi que le rappelle l’hebdomadaire La Cigale Enchantée ce 7 août, un an s’est écoulé depuis la mort tragique de Glenn Patrick Moundendé, abattu par une unité d’élite de la gendarmerie gabonaise le 22 juillet 2023 près de Mandji. Malgré les plaintes déposées et les promesses d’enquête, la justice gabonaise semble patiner dans ce dossier sensible, soulevant des questions sur son indépendance et son efficacité.

Une justice en panne ?

Depuis l’ouverture de l’enquête annoncée par le procureur de la République près le tribunal de première instance de Mouila, Roger Darnel Nguema Ondo, peu d’avancées concrètes ont été communiquées. Ce mutisme alimente les craintes de la famille Moundendé, qui redoute un classement sans suite de l’affaire.

Me Jean-Paul Moumbembe, avocat de la famille, a déposé une plainte contre X le 13 août 2023, qualifiant les faits d’assassinat. Pourtant, un an plus tard, cette démarche n’a pas encore abouti à des résultats tangibles. Ce manque de progrès dans l’enquête soulève des interrogations légitimes sur la volonté réelle des autorités d’élucider les circonstances de la mort du jeune Gabonais.

L’affaire Moundendé s’inscrit dans une série de dossiers sensibles qui semblent s’enliser dans les méandres de la justice gabonaise. Cités par La Cigale Enchantée, les proches de la victime évoquent d’autres cas similaires, comme ceux de Serge Eniga ou Joseph Rédjambé Issani, restés sans suite. Cette apparente inertie judiciaire alimente le sentiment d’une justice à deux vitesses, plus prompte à protéger les intérêts des puissants qu’à défendre les droits des citoyens ordinaires.

La lenteur de la procédure contraste fortement avec la rapidité de l’intervention militaire qui a coûté la vie à Glenn Patrick Moundendé. Cette disparité temporelle soulève des questions sur les priorités de l’appareil judiciaire gabonais et sa capacité à traiter équitablement les affaires impliquant les forces de l’ordre.

Un test pour l’État de droit

L’affaire Moundendé représente un défi de taille pour les nouvelles autorités gabonaises issues du changement politique survenu en août 2023. Elle lui offre l’opportunité de démontrer un réel engagement en faveur de l’État de droit et de l’indépendance de la justice.

Pour restaurer la confiance des citoyens envers leurs institutions, il est impératif que toute la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de Glenn Patrick Moundendé. Cela implique non seulement de mener une enquête approfondie et impartiale, mais aussi de communiquer régulièrement sur ses avancées.

Les autorités doivent également se pencher sur les revendications ayant motivé l’acte désespéré de Moundendé. Les conditions de vie précaires dans la région de Mandji, malgré la présence d’industries pétrolières lucratives, méritent une attention particulière et des actions concrètes.

En définitive, l’affaire Glenn Patrick Moundendé est devenue un symbole des défis auxquels fait face la justice gabonaise. Sa résolution équitable et transparente serait un signal fort envoyé à la population, démontrant que le Gabon est entré dans une nouvelle ère où l’impunité n’a plus sa place. Le temps presse, et chaque jour qui passe sans avancée significative ne fait qu’accentuer le sentiment d’injustice ressenti par la famille Moundendé et, par extension, par de nombreux Gabonais en quête de vérité et d’équité.

 
GR
 

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