«Geste courageux», plainte à but de  sensibilisation, défense des intérêts de sa mère patrie… les avocats d’Hervé Patrick Opiangah ont présenté ce mercredi 31 juillet les principales raisons ayant motivé leur client à agir contre Webcor ITP. Ils entendent débusquer et faire payer les personnes ayant sollicité le dernier accord qui impose au Gabon de verser plus de 66 milliards à la société maltaise.

Les avocats d’Hervé Patrick Opiangah (de g. à d. Me Mba Ondo, Me Moumbembe, Me Eyue Bekale), le 31 juillet 2024 à Libreville. © GabonReview

 

Ce mercredi 31 juillet à Libreville, les avocats d’Hervé Patrick Opiangah ont longuement entretenu la presse sur les motivations de leur client dans l’«affaire Webcor ITP», du nom de la société de droit maltais avec laquelle l’État gabonais a eu maille à partir dans le cadre du projet avorté du Grand marché de Libreville. La même société qui après avoir été déboutée par la Cour d’appel de Paris a curieusement bénéficié d’un arrangement à 66 milliards de francs CFA du fait de certains commis de l’État. D’où l’action en justice intentée contre X par le président de l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (Udis). «Un tel comportement, de la part de compatriotes gabonais, s’apparente à de la concussion, et même à de la haute trahison qui est un crime à l’égard de l’État», s’emporte Me Célestin Mba Ondo.

«Les faits dénoncés par notre client sont d’une gravité exceptionnelle, et face à cela, le Parquet doit prendre ses responsabilités, poursuit l’avocat […] Rappelons-nous que la Cour d’appel de Paris, en prenant sa décision le 25 mai 2021, a clairement indiqué que le verdict de juin 2018 était l’œuvre de la corruption. Alors, comment comprendre qu’une telle transaction ait été sollicitée, alors même que l’État gabonais avait déjà gagné face à Webcor ITP ? […] Le protocole d’accord dénoncé par notre client s’assimile à un suicide de l’État gabonais qui s’est vu privé de ses juridictions, donc de son existence en tant qu’État.»

L’acte d’un «bon citoyen»

En portant plainte pour haute trahison contre l’État, Hervé Patrick Opiangah qui en plus de son costume de leader politique arbore également celui d’homme d’affaires prendrait de gros risques, y compris pour sa vie, estime Me Jean-Paul Moumbembe. «Son action est dangereuse. Elle peut tout éclabousser, y compris au plan politique. Il devrait faire attention, même pour sa vie. Mais nous irons jusqu’au bout, quelles que soient les personnalités qui se cachent derrière ce X. […] C’est une procédure en béton. Ceux qui doivent être entendus le seront», a déclaré l’avocat avant de juger néanmoins que l’initiative de l’ex-membre du gouvernement de la transition vise dans un premier temps à sensibiliser ses compatriotes sur la nécessité de défendre le Gabon envers et contre tout.

«M. Opiangah a agi en bon citoyen qui a à cœur de défendre aussi bien ses intérêts personnels en tant que Gabonais que les intérêts collectifs de ses compatriotes et de ceux de l’État […] À travers cette action, il va peut-être amener le législateur à créer une nouvelle infraction, celle de « non-assistance à patrie en danger ». Parce que notre client n’accepte pas que son pays, sa mère patrie soit dépouillée», défend Me Mba Ondo.

Silence du procureur de la République ?

Depuis le dépôt de la plainte d’Hervé Patrick Opiangah, ni le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) ni le Parquet ne sont officiellement prononcés sur le sujet. Que pourrait cacher ce silence, connaissant leur promptitude ? À l’occasion de cette conférence de presse, les avocats du plaignant ont esquissé quelques réponses. Me Gisèle Eyue Bekale a estimé qu’il était trop tôt pour soupçonner le procureur de la République de quoi que ce soit.

«Nous ne pouvons pas encore juger du silence du Parquet trois semaines après que la plainte a été déposée, sachant le travail à faire dans ce genre d’affaire qui nécessite des enquêtes. D’autant plus qu’il s’agit d’une plainte contre X», tempère l’avocate qui indique par ailleurs qu’à ce jour, aucune preuve ne fait état d’un quelconque versement de 66 milliards de francs CFA à Webcor ITP par l’État gabonais.

«Souvent, le procureur de la République, dans ce genre de cas, attend les instructions de ses supérieurs hiérarchiques avant d’agir. Ce qui peut prendre du temps», renchérit Me Mba Ondo. L’opinion est donc invitée à la patience.

 
GR
 

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