«Les crimes rituels au Gabon» : L’ouvrage qui bouscule les consciences et la justice
Procureur général adjoint près la Cour de cassation, docteur en droit de l’Université Paris Panthéon-Assas, Eddy Minang vient de mettre sur le marché du livre une œuvre intitulée «Les crimes rituels au Gabon, approche criminologique et judiciaire du phénomène». L’ouvrage de 392 pages a pour but d’amener les Gabonais à mieux appréhender ce phénomène toujours d’actualité dans le pays et vient conforter le combat des organisations luttant contre les crimes rituels au Gabon.
La Bibliothèque de l’Université Omar Bongo (UOB) a servi de cadre, le 19 juillet 2024, à la présentation et dédicace du livre «Les crimes rituels au Gabon, approche criminologique et judiciaire du phénomène», d’Eddy Minang, en présence des décideurs, des juristes, de la communauté scientifique et des associations de lutte contre ce phénomène. L’ouvrage met en exergue la problématique des crimes rituels, toujours d’actualité dans la société gabonaise, et apporte des réponses face à ce phénomène à travers une démarche basée sur des investigations menées dans le cadre judiciaire.
«Ce qu’il faut retenir de ce livre, c’est deux choses. Premièrement à travers, ce livre je contribue à une meilleure compréhension du phénomène et le deuxième apport qu’il faut retenir, c’est que dans ce livre on a maintenant des statistiques crédibles sur ce phénomène. J’ai eu à croiser un certain nombre de données. Les données policières, les données du tribunal, de la société civile, de la direction générale des affaires pénales. Pour la première fois vous avez un livre qui parle de l’aspect juridique et judiciaire du phénomène et qui est écrit par un magistrat», a déclaré Eddy Minang.
Selon l’auteur, le crime rituel ne se limite pas au sang. Il ne se limite pas aux prélèvements des organes. Il s’étend à d’autres agissements à caractère rituel. Explicitant les causes et les mécanismes de la recrudescence de ce phénomène, il démontre que le crime rituel, écrit sur commande et par procuration, est indissociable de la finalité politique. «En effet, 98% des personnes citées comme commanditaires dans les dossiers des crimes rituels sont issues de l’environnement politique. Je relève que, jusqu’à ce jour, aucun de ces commanditaires n’a encore été jugé, tout en soulignant les quelques avancées en matière de lutte contre les crimes individuels», a fait savoir le magistrat hors hiérarchie.
L’ouvrage d’Eddy Minang vient réconforter la société civile, les religieux, les associations de lutte contre les crimes rituels au Gabon et les médias, brisant ainsi la quasi-omerta sur ce phénomène longtemps considéré comme tabou par les autorités, mais qui endeuille des familles innocentes et ternit l’image du pays. «Il a mené un travail purement scientifique et fait des propositions allant dans le sens d’amener les Gabonais à revoir les choses, non seulement au niveau de notre code pénal, mais aussi à donner confiance à la justice gabonaise et aux gens qui peuvent traiter convenablement ce phénomène», a indiqué Jean-Elvis Ebang Ondo, président de l’Association de lutte contre les crimes rituels.
Le livre de 392 pages, motivé par des raisons personnelles, sociales et scientifiques, se décline en deux parties qui traitent des aspects culturels, criminologiques, juridiques et judiciaires. Il s’est appuyé sur la thèse de doctorat en droit de l’auteur, intitulé «Le crime rituel en droit pénal gabonais» et soutenue en juillet 2023, à l’Université Paris Panthéon-Assas (France).
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