Se posant en sentinelle des conclusions du Dialogue national inclusif d’avril dernier, la plateforme l’Appel d’Angondjé juge quelque peu «hasardeuse» l’initiative du ministère de l’Intérieur en lien avec la tenue prochaine d’un référendum au Gabon. Ce vendredi 14 juin, face à la presse, son porte-parole Joachim Mbatchi Pambou a dit mal comprendre les intentions du gouvernement à faire voter une loi, alors que la future consultation a pour objectif d’établir un nouveau contrat social.

Joachim Mbatchi Pambou (au centre) lisant la déclaration, le 14 juin 2024. © GabonReview

 

Ce vendredi 14 juin 2024 à Libreville, les partis politiques membres de l’Appel d’Angondjé ont exprimé leur «étonnement sur l’urgence et l’empressement affiché par le ministère de l’Intérieur de la Transition à faire voter une loi alors que le prochain référendum a pour objectif l’établissement d’un nouveau contrat social». 

En effet, dix mois après le coup de libération, la situation du pays se dégrade davantage. Et le ton de l’exaspération monte pour laisser la place au sujet populaire. «Comment comprendre que pour une élection référendaire, on soit amené à commettre l’inceste démocratique ? Comment peut-on penser organiser une élection sans associer la classe politique ?», se sont-ils interrogés par la voix de leur porte-parole, Joachim Mbatchi Pambou. Rappelant que le 30 août 2023, la population gabonaise s’était réjouie des conséquences des mauvais résultats électoraux annoncés par le Centre gabonais des élections (CGE). «Alors que nous pensions que nous étions sortis de la dictature et du totalitarisme, le projet de loi adopté en Conseil de ministres ne doit pas prospérer», a déclaré Joachim Mbatchi Pambou.

Les membres de l’Appel d’Angondjé. © GabonReview

Quel est le projet du CTRI ?

«Nous voulons nous interroger sur le projet réel du CTRI. Cette question essentielle nous permettra de comprendre que le ministère de l’Intérieur est en réalité le bourreau de notre démocratie. Il contient les germes de la déchéance du CTRI si le président de la Transition ne parvenait pas à faire le ménage de ce côté», a-t-il laissé entendre. D’après lui, les diverses modifications et errements contenus dans la proposition de loi du gouvernement finiront par créer le reflux dans la conscience collective des Gabonais. 

«Car aujourd’hui, il n’est point besoin de rappeler que toutes les méthodes et stratégies mises en place consistent à faire le lit d’un seul homme, mieux, à coudre l’habit de noce d’or de l’autorité de transition. Alors que cela n’est pas utile pour stabilité de notre édifice commun», a souligné Joachim Mbatchi Pambou. 

L’Appel d’Angondjé demande l’arrêt du processus d’organisation des élections référendaires 

Les membres de l’Appel d’Angondjé souhaitent une transition vertueuse assurant à la République les promesses d’un avenir meilleur avec à terme l’instauration d’un État de droit démocratique. C’est pourquoi «le processus d’organisation des élections référendaires en cours doit s’arrêter, car il ne repose sur aucun fondement juridique. Il est plutôt l’affirmation des mêmes méthodes décriées par le communiqué n°001 du CTRI. Sinon, que ferons-nous si le non l’emportait au prochain référendum ?», a fait savoir le porte-parole de l’Appel d’Angondjé. Il invite le chef de l’État à recevoir la classe politique par groupe pour convenir des modalités de mise en œuvre des mesures électorales qui satisfont la démocratie. 

Pour l’Appel d’Angondjé, le ministère de l’Intérieur ne devrait pas organiser les élections. Il met en place des instruments permettant une organisation seine des élections. Il serait préférable de mettre en place une commission électorale de transition pour organiser ces élections. En rappel depuis 1990, la déchéance démocratique connue par le Gabon est le fait des ministères de l’Intérieur. Les Gabonais se souviennent encore de 1993, 1998, 2009 et 2016. 

 
GR
 

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