Monument N’tchoréré : Une rénovation pour la mémoire et la pédagogie

Après plusieurs années de délabrement, le monument dédié au capitaine Charles N’tchoréré, héros gabonais de la Seconde Guerre mondiale, a été entièrement rénové à l’initiative des autorités gabonaises, et dans la foulée de la participation d’Oligui Nguema à sa toute dernière commémoration en France. Les travaux, qui se sont déroulés les 5 et 6 juin 2024, visent à transformer ce site en un lieu de mémoire et d’éducation pour les générations futures.

Le monument Charles N’Tchoréré à Libreville, tel que maintenant. © Christian Gerin

En proie à la dégradation depuis plusieurs années, le monument du capitaine Charles N’tchoréré à Libreville a retrouvé son éclat au terme de travaux de rénovation effectués les 5 et 6 juin 2024. Ces travaux, initiés par les autorités gabonaises, visent à transformer ce site en «un lieu pédagogique».

Quelques moments du chantier. © Gabonreview

Personnage emblématique de l’histoire gabonaise, le capitaine Charles N’tchoréré (1896-1940) est honoré par ce monument situé au centre-ville de Libreville, à l’angle du boulevard de l’Indépendance (bord de mer) et de l’avenue du Colonel Parant, non loin du siège de la CNSS. Inauguré en 1962 après l’indépendance par feu le président Léon Mba, le monument avait subi les outrages du temps, perdant peu à peu de sa splendeur.

À l’initiative du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), dirigé par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, ce site commémoratif, dédié à la mémoire de ce soldat gabonais ayant combattu pour la France lors des deux guerres mondiales, a bénéficié de deux jours de travaux intensifs de rénovation.

Deux jours de travaux intensifs de rénovation

«Le président de la République, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema m’a confié la rénovation de ce monument commémoratif du capitaine Charles N’tchoréré», a expliqué Aurore Cardot, responsable du cabinet Cardot en charge des travaux de rénovation.

Au sujet des défis rencontrés et de l’état du chantier, elle a expliqué : «Le temps ayant fait son œuvre, les choses se sont un tout petit peu détériorées. Et petit à petit, tout le soubassement qui était originellement en pierre a été revêtu d’un enduit ciment et peint. Donc tout le travail qui a été le nôtre a été de retrouver la source des matériaux pour savoir comment les remettre en beauté, c’est ainsi que nous avons fait le choix de les revêtir en marbre et granite afin de les magnifier tout en restant dans des matériaux nobles comme le personnage qui est ici commémoré.»

Ces rénovations s’accompagnent cependant de changements notables entraînent des restrictions d’accès immédiates pour les populations librevilloises, comme l’a précisé la patronne du cabinet Cardot : «C’est vrai que les riverains vont être étonnés de voir que nous avons clôturé l’espace. Nous l’avons clôturé parce que malheureusement, c’était devenu un repère de vagabonds, de sans-abri, mais également de certains riverains manquant de citoyenneté qui posaient leurs groupes électrogènes, leurs baraques, etc. Donc nous avons voulu préserver ce lieu et c’est ainsi que la décision a été prise en accord avec les autorités.»

Bien que cette clôture puisse tempérer l’enthousiasme des visiteurs désireux d’admirer le monument rénové, Aurore Cardot a rassuré : «Il va s’en dire qu’il y aura toute une gestion d’horaires d’ouvertures afin que le public puisse continuer à venir se recueillir, découvrir l’histoire de cet illustre personnage. Nous mettrons des portes sur l’angle mais pour tout le reste, on garde quand même une certaine sécurité pour une préservation du lieu.»

Oligui Nguema à Airaines

Pour rappel, la dernière étape de la récente visite officielle en France du président de la transition gabonaise, Brice Oligui Nguema, l’a amené à Airaines pour assister à une cérémonie d’hommage en l’honneur du capitaine Charles N’Tchoréré. Officier français d’origine gabonaise, il avait été assassiné par les nazis le 7 juin 1940 à l’âge de 44 ans, après avoir refusé d’être séparé de ses frères d’armes français en raison de sa couleur de peau. La présence du président Oligui Nguema à cette cérémonie témoigne de la volonté du Gabon de rendre hommage à l’un de ses fils les plus valeureux, de renforcer les liens historiques et fraternels unissant la France et son ancienne colonie, et d’inviter les jeunes générations à s’inspirer de l’exemple du capitaine N’Tchoréré pour cultiver la mémoire de ceux qui se sont battus pour un monde plus juste et œuvrer pour un avenir de paix et de concorde entre les peuples.

La rénovation du monument à Libreville marque une étape importante dans la valorisation du patrimoine historique gabonais et assure la pérennité du souvenir du capitaine Charles N’tchoréré pour les générations futures. Le monument rénové promet ainsi de devenir un espace pédagogique incontournable, permettant aux Gabonais de se réapproprier leur histoire et de rendre hommage à l’un de ses personnages historiques les plus connues.

Van Malongo