Pourquoi Rougier a cédé ses parts africaines au Gabon ?
Avec l’entrée du Gabon au capital de Rougier Afrique International, l’entreprise forestière s’est inscrite dans une stratégie de développement de sa filiale africaine.
Le 28 décembre 2011 marquait un tournant dans l’histoire de Rougier avec l’entrée de la Caisse des Dépôts et Consignations du Gabon au capital de Rougier Afrique International, leader des forêts naturelles dans le bassin du Congo. La décision a été en partie motivée par les conseils de l’équipe Afrique de CMS Bureau Francis Lefebvre, cabinet international d’avocats, deuxième de France par son chiffre d’affaires.
«Rougier était une entreprise familiale traditionnelle, fondée en 1923, dont la structure devait nécessairement évoluer. Il lui fallait impérativement un partenaire stratégique local pour poursuivre son développement africain. L’Etat gabonais s’est révélé le meilleur choix de partenaire que l’entreprise puisse faire», a expliqué Jean-Jacques Lecat, avocat associé du Cabinet.
Estimée à 26 millions d’euros, la prise de participations du Gabon lui offre 35% des parts de l’entreprise. Il devrait notamment permettre à Rougier un développement des investissements, en particulier dans le domaine des forêts naturelles, à travers un programme d’industrialisation important.
Rougier aurait cependant pu trouver un partenaire privé plutôt qu’un Etat. Pour Pierre Marly, avocat associé du cabinet, «la reprise d’un concurrent privé n’aurait pas résolu le problème d’ancrage local, au contraire. Une telle approche n’aurait pas permis d’assoir le développement sur le long terme. Les intérêts de Rougier étaient davantage en ligne avec ceux de l’Etat du Gabon qui développe une politique de capitalisme d’Etat en prenant des participations dans les secteurs clés de son économie. Pas seulement le bois, mais aussi les mines, les hydrocarbures… La récente création d’un fonds souverain gabonais relève de cette détermination.»
Les deux avocats estiment par ailleurs que «la stratégie d’investissement du Gabon pourrait donc faire école, un peu comme celle du Maroc qui investit depuis un certain temps, avec succès, dans des entreprises françaises. C’est une tendance qui se dessine car le principe de capitalisme d’Etat n’est plus un tabou aujourd’hui. D’ailleurs les autres Etats africains ont très bien accueilli cette initiative du Gabon».
A travers sa filiale Rougier Afrique International, Rougier commercialise dans le monde entier les grumes, les sciages et les contreplaqués qui sont produits dans ses unités forestières et industrielles d’Afrique Centrale, au Gabon, au Cameroun et au Congo. Les filiales de Rougier possèdent au total plus de 2 millions d’hectares de concessions forestières dont 100% sont gérées dans le cadre de plans d’aménagement, et dont 30% font d’ores et déjà l’objet d’une certification FSC. Plus de 600 000 m3 de grumes qui sont produites au total dans ses concessions. Chaque année, Rougier commercialise ainsi plus de 100 000 m3 de grumes et 150.000 m3 de sciages (dans une cinquantaine d’essences), ainsi que 37.000 m3 de contreplaqué tout okoumé.
2 Commentaires
C’est une tresbonne decision à condition que le gabon ne soit pas actionaire de nom cachant comme poso di borgo les noms des vrais proprietaires quipensent que l’argent public leur appartient.
Ahhh saaa