Le Gabon s’étant engagé dans un processus de transformation numérique, l’Autorité de régulation des transports ferroviaires (ARTF) a commandé en décembre 2022 un plan de transformation numérique réalisé par le cabinet Manstrict consulting France. Le plan qui a été élaboré à coup de millions de francs CFA a été livré en juin 2023 pour renforcer et améliorer l’ARTF dans ses opérations et son rôle, mais ne semble pas avoir été mis en oeuvre. De quoi s’agit-il ?

Alors que des déraillements son encore enregistrés sur le Transgabonais, un plan de transformation numérique a été commis pour limiter les dégâts. © D.R.

 

Selon certaines prévisions, le monde pourrait compter 50 milliards d’objets connectés en 2025. Une explosion d’objets connectés dans un contexte où, plusieurs pays à l’instar du Gabon s’engagent dans des processus de transformation numérique au regard des incidences sur le plan économique et social. Dans ce contexte, l’Autorité de régulation des transports ferroviaires (ARTF) a commandé en décembre 2022 un plan de transformation numérique au cabinet Manstrict consulting France qui a par ailleurs réalisé une étude sur la digitalisation de l’administration gabonaise.

Un plan à coup de millions de francs CFA

Nous nous sommes procuré ce plan livré en juin 2023 dans le but de renforcer et améliorer l’ARTF dans ses opérations et son rôle de régulateur de transport ferroviaire. Entre constat, inventaire, analyse, le plan qui tient sur une septantaine de pages fait état des difficultés de l’ARTF à avoir accès à des données d’exploitation ferroviaire et fait quelques recommandations. Ayant une valeur qualitative et quantitative, ces données sont générées par les objets connectés des trains (le Transgabonais) en circulation. Alors que d’aucuns se demandent si le plan a depuis lors été mis en œuvre, David Mbouroukounda, indique que «le cabinet Manstrict consulting n’a jamais échangé avec la nouvelle administration ARTF».

«Bien que nous ayons été payés, nous nous demandons s’ils ont pris la mesure et la valeur de ce plan numérique», a commenté le consultant senior et directeur de mission. Selon lui, les sondes et autres objets connectés sur la voie ferroviaire existent comme dans la majorité des trains dans le monde et dans l’exploitation du trafic, note-t-il, «le potentiel de valeur de ces sondes est multiple puisqu’il prédispose l’exploitant et le régulateur à prévoir et anticiper les avaries». Alors que l’on se demande si l’ARTF a la capacité d’exercer sa fonction en utilisant le numérique comme dans d’autres pays et interroge la mise à disposition de l’ARTF, les informations de navigabilité des trains par la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag).

Des données d’une valeur certaine

Notamment, afin qu’elle assure son rôle de régulateur économique et technique, l’expert souligne que «ces données sont bien évidemment rapatriées dans un cloud (sur internet) et accessibles par l’exploitant afin d’avoir des indicateurs de performance, indicateurs de risques, indicateurs économiques en termes de transport».  Selon lui, la valeur intrinsèque de ces données sert la Setrag dans ses prévisions et son exploitation. «Nous avons montré la valeur de ces données et son potentiel dans la régulation du transport ferroviaire à l’ancienne administration l’ARTF», assure David Mbouroukounda.

En clair, ce plan de transformation numérique pose la question sur les informations de chargement qui expriment entre autres, la vitesse du train, le système de freinage, le système de suspension, la position GPS du train, le tonnage du train, l’état du système de couplage. Il mentionne que l’ARTF devrait avoir accès au «ATRAC®» pour avoir les mêmes informations que la Setrag. Cela nécessiterait un accord entre les deux parties dans un contexte de déraillements fréquents de trains. Ces déraillements, croit savoir l’expert Manstrict, sont dus à la rupture d’essieu, la défaillance du freinage, la déformation et la géométrie de la voie, mais aussi le tonnage.

Quid de la mise en œuvre du plan ?

Soulignant néanmoins n’avoir pas eu accès aux informations sur le tonnage du train pendant les divers entretiens et ateliers organisés par le cabinet Manstrict à Owendo et à Franceville, le consultant préconisait de contrôler le tonnage à l’avenir avant d’accuser systématiquement la voie dans le cadre d’un déraillement, revoir la convention et mettre à jour la convention d’exploitation qui ne décrit en rien des aspects opérationnels, en termes de périmètre de responsabilité, action et sanction, revoir et s’accorder avec la DGDI sur l’identité des voyageurs.

Notamment consigner dans le manifeste afin d’avoir un contrôle et un suivi des voyageurs optimal, permettre aux opérateurs ARTF d’avoir des terminaux mobiles afin de collecter des informations lors des contrôles à bord. Il note qu’aujourd’hui ce n’est toujours pas le cas. L’on se demande d’ailleurs ce qui bloque, à quoi a finalement servi cette étude à coup de millions de francs CFA et si l’équipe dirigeante de l’ARTF a pris la mesure d’un tel plan.

 
GR
 

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