Fin de Transition et élections : Gare à la précipitation !
Si les militaires au pouvoir au Gabon ont déjà annoncé qu’ils laisseraient le pays aux civils après l’organisation des élections d’août 2025, dernier rempart dans la validation des résultats qui en seront issus, la Cour constitutionnelle craint que l’impatience exprimée par les uns et les pressions exercées par les autres ne fassent rater le processus en cours.
Selon le chronogramme du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), la situation d’exception en cours au Gabon devrait prendre fin en 2025 à la suite des élections présidentielle, législatives et locales prévues, à titre indicatif, courant août de cette année-là. Si le dialogue national annoncé en 2024 devrait permettre de fixer la «vraie» date de ces scrutins, l’impatience exprimée par certains et les pressions exercées par les autres, aussi bien au niveau international que sur le plan national, sont vues d’un mauvais œil à la Cour constitutionnelle. Profitant de la présentation des vœux de Nouvel An au président de la Transition, jeudi 4 janvier, Dieudonné Aba’a Owono a tenu à mettre en garde le corps politique et social gabonais «sur l’exigence de ne point confondre vitesse et précipitation dans la réalisation du calendrier politique de la Transition».
«S’il est constant que les instances internationales élaborent des modèles de calendriers de transition qu’ils ont tendance à plaquer à toutes les situations, s’il est légitime que les acteurs politiques n’aient le plus souvent en ligne de mire que la seule organisation des élections, il reste une réalité implacable et dont il faut tenir compte dans le cas de notre pays : le Gabon d’aujourd’hui est dans un tel état de délitement multiforme que sa mise en chantier ne peut se limiter à sa seule dimension institutionnelle», a rappelé le président de la Cour constitutionnelle qui ne soutient pas moins l’ambition du général Brice Clotaire Oligui Nguema de doter le pays d’institutions fortes à la suite de cette période d’exception.
Éviter les mêmes erreurs pour des institutions fortes
Le gardien des lois estime toutefois que «la gouvernance multidimensionnelle ou la restauration des valeurs morales et éthiques constituent autant d’autres chantiers d’intérêt dont la mise en œuvre apparaît comme un préalable à toute idée de construction d’institutions fortes». Aussi, pense-t-il que «ne pas tenir compte de ces exigences préalables et donc se précipiter sur le seul calendrier électoral risquerait de nous mettre dans la situation où les mêmes causes viendront à produire, dans quelques années, les mêmes effets».
«Mes collègues juges constitutionnels et moi-même ne serons pas les complices de l’écrasement, de la paupérisation ou de la marginalisation du peuple gabonais», s’est-il enfin engagé devant la première institution du pays.
4 Commentaires
De combien d’années avez vous besoin pour élaborer une nouvelle constitution et des lois électorales compatibles avec des lendemains d’élections apaisés? vous voulez vous éterniser à vos postes en tirant en longueur sur la durée de la transition. Que vous le vouliez ou non le CTRI n’est pas en mesure de gérer le pays dans la durée, donc il nous faut des dirigeants démocratiquement élus, sur la base d’un programme de gouvernement claire. C’est ainsi que le monde moderne fonctionne de nos jours. Les militaires sont bien gentils, mais nul n’imagine le pays avancer réellement avec cette gestion d’épicerie de quartier, ou pour faire dans le populisme des décisions sont prises à la hussarde, sans même consulter ne serait ce que le gouvernement. Les militaires ont libéré le pays de la mal gouvernance des Bongo, cependant nous devons éviter de sombrer à nouveau dans l’amateurisme, avec ces nominations de » copains et coquins ». des cadres sont promus non pas pour ce qu’ils peuvent apporter au pays mais parce qu’ils sont de la famille ou qu’ils connaissent un tel autre. Cette pratique imputable au Bongo-PDG a fait beaucoup de mal au pays dans son ensemble, y compris les heureux bénéficiaires. Donc, il n’est pas question de précipitation, la transition c’est maximum deux ans; au delà bonjour les dérives.
Nous savons où les démocratiquement élus nous ont conduit. S’il faut prendre du temps pour bien faire, il faut le faire.
Les « démocratiquement élus » dont vous parlez ne l’étaient pas dans le fond. Il s’agissait bien souvent en réalité de cooptations entre copains-coquins effectuées avec la complicité des institutions impliquées dans les processus électoraux.
Les propos du président de la CC ont du sens. Cependant, si aller trop vite dans la restauration des institutions peut engendrer des dérives demain, on ne saurait tolérer non plus une transition qui dure trop longtemps et cette cooptation des élites effectuées sur des bases qui paraissent assez brumeuses. La dérive est réelle là aussi.
2 ans est ce qui a été arrêté comme durée de transition après réflexion. Gardons ce cap. Mais en attendant il faut, comme l’a suggéré Paulette Missambo, faire la lumière sur la période de la présidence de Ali Bongo (même si je pense qu’on pourrait remonter encore plus loin) afin de définir vraiment la matérialité de sa gestion calamiteuse et les responsabilités y afférentes. Parce que pour que la transition soit une réussite, il faut aussi éviter que les personnes impliquées dans le désastre de cette gestion et qui n’ont rendu aucun compte ne se retrouvent à des endroits stratégiques dans l’appareil de l’Etat au sein du nouveau monde que nous sommes en train de bâtir à faire ce qu’ils ont toujours su faire sous Ali Bongo : œuvrer pour leur cupidité et contre l’intérêt des gabonais.
Monsieur le président de la cour constitutionnelle vous ne travaillez pas, si le poste vous dépasse démissionnez.