Poursuivi pour association de malfaiteurs, inexécution de marché public, blanchiment de capitaux et incarcéré le 22 septembre à la prison centrale de Libreville dans la foulée des incarcérations qui ont suivi le coup d’État au Gabon, Abdoull-Houssein Hatem Moussavou n’aurait rien fait. Ce mardi 17 octobre, son avocat a assuré que les faits reprochés à son client ne sont pas constitués. Sa mère quant à elle implore la clémence des autorités de la Transition.

Me Nicaise Narcisse Ondo Nguema, avocat d’Abdoull-Houssein Hatem Moussavou, brandissant les photos du marché de Potos. © Gabonreview

 

Au Gabon, Abdoull-Houssein Hatem Moussavou un opérateur économique, aurait obtenu le chantier de construction du marché de Franceville qu’il n’aurait pas achevé. Cela lui vaudrait son incarcération à la prison centrale de Libreville depuis le 22 septembre. Pris dans la foulée des incarcérations après la prise du pouvoir par les forces de défense et de sécurité, il est poursuivi pour inexécution des marchés publics, violation des procédures de passation de marchés publics, blanchiment de capitaux et association de malfaiteurs. Des accusations que réfute son avocat. Me Nicaise Narcisse Ondo Nguema dénonce une violation de la présomption d’innocence au regard des reportages sur le sujet, des vices de procédure traduits par une violation du droit de la défense et rejette les chefs d’accusation retenus contre son client.

Gabonais et non d’origine syro-libanaise

Selon lui, Abdoull-Houssein Hatem est né à Tchibanga en 1975 d’une mère gabonaise et d’un père libanais qui a acquis la nationalité gabonaise par l’effet du mariage d’avec Jacqueline Boukandou, la mère du détenu. Alors que son client est présenté comme un entrepreneur «sans aucune expertise dans le domaine du BTP », il invite «les détracteurs à se rendre au marché de Potos à Franceville pour constater la qualité de l’ouvrage construit». L’ouvrage réalisé par son client et la société Zein BTP, dit-il, «le plus grand marché moderne du pays». Sur l’expérience de son client, il indique que Zein BTP a été créée il y a 19 ans et que son client qui a travaillé pour d’autres entreprises du BTP, revendique une expérience de plus de 20 ans.

Il estime que le chef d’accusation sur la non-exécution des marchés publics, «ne peut prospérer puisque l’ouvrage, achevé à 95% ne reste plus qu’à être livré». S’il dit en avoir des preuves, sur l’acquisition de biens résultant de l’attribution de construction du marché, il informe que son «client n’a acquis aucun bien. Bien au contraire, l’exécution du marché de Potos l’a ruiné, appauvri». Il aurait puisé dans ses économies pour achever la construction de ce marché. L’État lui devrait «plusieurs centaines de millions de francs CFA». Il aurait été reproché à son client d’être le voisin d’un membre de «la Young Team» à Franceville, mais son client, dit-il, «n’est pas et n’a jamais été le voisin d’un membre de la Young Team à Franceville».

Éviter que les personnes innocentes soient injustement poursuivies

S’il se demande par ailleurs en quoi ce voisinage justifierait de facto un fait de complicité de crime économique ou d’association de malfaiteurs, il «invite très respectueusement, les autorités judiciaires à ne pas tirer de conclusions hâtives qui pourraient avoir des conséquences néfastes sur la vie des honnêtes gens». L’avocat qui dénonce la violation des règles de procédure pénale rappelle se fondant sur l’article 11 de la Charte de la Transition que «tout aveu extorqué sous l’empire de la torture devra être déclaré nul et de nul effet». Ce, dans un contexte où la prison centrale de Libreville aurait violé l’article 12 de ladite Charte.

Lequel dispose que «le droit à l’assistance d’un avocat est reconnu dès l’instant de l’interpellation ou de la détention». Il affirme que les services de la prison centrale de Libreville l’empêchent de rencontrer et de s’entretenir avec son client de même, les parents de ce dernier sont toujours empêchés de communiquer avec lui. Il rejette tous les chefs d’accusation et relève que près d’un mois après le placement sous mandat de son client, l’accès au dossier de son client lui est refusé malgré de multiples demandes. Les faits étant relatifs aux marchés publics, Me Ondo Nguema estime qu’on aurait dû s’adresser au juge compétent désigné en fonction de la nature des faits.

La famille d’Abdoull-Houssein Hatem Moussavou dont sa mère (en bleu). © Gabonreview

«Mon fils n’est pas un voleur»

Selon l’article 245 du Code des marchés publics, l’autorité de régulation des marchés publics ou les juridictions compétentes. «Il apparait clairement que la procédure qui a conduit à la privation de liberté de mon client a été menée en violation flagrante de l’article 245 du Code des marchés publics», a déclaré l’avocat selon qui, l’autorité de régulation des marchés publics n’a pas été consultée ni eu à statuer sur une éventuelle saisine de la part ni de l’État représenté par le ministère des Travaux publics ni par Zein BTP. Il assure qu’il reste à peine 3% pour que le marché soit livré. Depuis son incarcération, Abdoull-Houssein Hatem Moussavou aurait des problèmes de santé.

Sa famille aurait reçu deux ordonnances de la part de l’infirmerie de la prison centrale comportant des antibiotiques et des traitements pour cicatriser les blessures. Ce qui inquiète. Convaincu de l’innocence de son client, Me Ondo Nguema clame : «Mon client n’a commis aucun crime. Il n’a violé aucune règle des marchés publics». Il décrit un entrepreneur honnête, travailleur et consciencieux probablement à la tête de la première petite et moyenne entreprise gabonaise agissant dans le domaine des BTP «avec majesté». Sa mère visiblement affaiblit par la maladie et en larmes assure, «mon fils n’est pas un voleur». Jacqueline Boukandou implore la clémence des autorités de la transition pour la remise en liberté de son fils fût-elle, provisoire.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire