N’ayant pas proclamé leur souveraineté, les expériences antérieures virèrent en parties de bonneteau.

Rien de grand ne se bâtit sur la malice, la dissimulation ou la peur. Pour définir «les contours d’un nouveau vivre-ensemble, plus démocratique et plus juste», il faut jouer cartes sur table. © GabonReview

 

Dans un avenir plus ou moins proche, la gouvernance politique sera au cœur de des débats. Il sera question de réfléchir aux règles et mécanismes, formels ou non, devant permettre aux forces sociales de participer à la prise de décision et à la mise en œuvre de l’action publique. Autrement dit, il faudra se pencher sur la définition d’une éthique de gestion fondée sur la transparence, l’inclusivité et la redevabilité afin de permettre une collaboration plus féconde entre la classe dirigeante et le reste de la société. Tel devrait être, en de mots simples, l’objectif global de la «grande Conférence nationale inclusive» annoncée par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et censée regrouper «l’ensemble des forces vives de la nation» autour d’une volonté partagée : «Dessiner ensemble les contours d’une nouveau vivre-ensemble, plus démocratique et plus juste».

Expériences antérieures

Si nul ne connait les dates et le lieu précis de ces assises, personne n’est au clair sur de nombreux points. Sur le statut de la rencontre, l’on se demande si ses conclusions seront des résolutions ou des recommandations, soumises à la sanction du CTRI. À propos des participants, l’on ne sait pas si elle sera ouverte au tout-venant ou à des entités et personnalités triées sur le volet. La société civile et la classe politique y joueront-elles le même rôle ? Assisteront-elles à la même session ou à des sessions distinctes comme à Angondjè en 2017 ? Tous les partis légalement reconnus seront-ils conviés ou la priorité sera-t-elle accordée aux acteurs des dernières élections générales ? A raison de combien de délégués par entité ? Et quelles seront les thématiques en débat ? Y abordera-t-on le découpage électoral ? Qu’en sera-t-il de l’espace civique, des relations entre l’administration et la classe politique, des droits de la personne, du fonctionnement de la justice, du statut des forces de défense, notamment la Garde républicaine (GR) ?

Des expériences antérieures, on peut tirer des enseignements. N’ayant pas proclamé leur souveraineté, la Conférence nationale de 1990, les Accords de Paris de 1994, les Accords d’Arambo de 2006 et le Dialogue national d’Angondjè de 2017 virèrent en parties de bonneteau. Alors au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG) considéra leurs conclusions comme des auberges espagnoles, se satisfaisant de mettre en œuvre celles à son avantage tout en retoquant d’autres. Jamais mis en débat, le découpage électoral a systématiquement été décidé d’autorité. Quant aux libertés publiques, elles ont toujours été traitées loin de toute volonté de faciliter la participation des acteurs à la vie publique. Au fil du temps, l’on a assisté à une institutionnalisation du clientélisme et à une vassalisation des institutions, perçues comme des bras séculiers du PDG, lui-même assimilé à l’Etat. A vider toutes les rencontres de leur substance, l’ex-parti unique a fait le lit aux événements du 30 août dernier.

Place de choix dans le grand récit national

Dans la perspective de cette «grande Conférence nationale inclusive», le CTRI doit s’en souvenir et le méditer. Ayant affirmé son «attachement aux engagements (…) vis-à-vis de la communauté nationale et internationale», il donnerait un signal positif en proclamant la souveraineté de la rencontre et, par voie de conséquence, le caractère exécutoire de ses conclusions. Vu sous cet angle, il ferait œuvre utile en mettant sur pieds une commission multipartite chargée, entre autres, de réfléchir et préciser le format des assises, en rédiger les termes de référence et proposer une première mouture du décret de convocation. Pour marquer durablement les esprits et ouvrir une page de respiration démocratique pour notre pays, les forces vives doivent préalablement s’accorder sur les modalités de participation, les thématiques, l’organisation des débats. Surtout, elles doivent avoir une idée précise des modalités de prise des décisions et de leur sort éventuel. Autrement, l’on pourrait retomber dans les errements du passé, au risque de gâcher cette occasion historique.

Rien de grand ne se bâtit sur la malice, la dissimulation ou la peur. Bien au contraire. Pour définir «les contours d’un nouveau vivre-ensemble, plus démocratique et plus juste», il faut jouer cartes sur table. Il ne faut laisser à personne l’impression de ruser avec les principes. Pour cela, il faut dire les choses avec clarté et les consigner dès le départ. De ce point de vue, le contenu du décret de convocation sera un indicateur des intentions du CTRI. Ayant pris la mesure des risques inhérents à une démocratie de façade, ses membres doivent normalement être disposés à aller au-delà d’un ravalement de façade. Pour ce faire, ils doivent l’avoir à l’esprit : seule la souveraineté de ces assises leur assurera une place de choix dans le grand récit national toujours en cours d’écriture.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Serge Makaya dit :

    Ma petite fille Roxanne, kiééé, tu écris bien le français. A Ntare Nzame. Mais ne t’inquiète pas trop pour l’avenir du pays. Je crois que cette fois ci nos militaires libérateurs veulent vraiment démocratiser le pays.

    Toutefois, je le redis quand même à mon fils Brice Clotaire Oligui Nguema et aux autres militaires qui ont libérés le pays du cancer bongoiste, ne vous accrochez surtout pas au pouvoir après la période de transition. Retournez aux casernes tout simplement. Sachez tout de même que l’on vous sera très reconnaissant pour toujours pour ce coup d’Etat Salvateur. Une autre chose que l’on pourra faire pour vous, c’est de vous accorder des privilèges pour toute votre vie. C’est déjà pas mal, n’est ce pas ? Mais surtout, NE VOUS ACCROCHEZ PAS AU POUVOIR. NE SOYEZ MÊME PAS CANDIDATS À UNE QUELCONQUE ÉLECTIONS. Et pour ce qui est de la présidentielle, je propose TOUJOURS qu’il ne faut plus confier les pleins pouvoirs au président de la République. Que le pays soit dirigé par un Conseil d’état dirigé par 9 personnes votés par le peuple Gabonais. Et à tour de rôle, les 9 personnes peuvent assurer la présidence de la République UNIQUEMENT pour gérer les affaires courantes. La mise en place d’un tel système de gouvernance n’est pourtant pas si compliquée à mettre en place que je sache ? Alors, au travail chers compatriotes…

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