Qu’est-ce qui fait que le niveau des élèves soit désormais si faible ? Que faire pour le ramener à un meilleur niveau ? Les parents et même les enseignants ne sont-ils pas coupables ? Que dire de la qualité d’accueil ? Dans la tribune ci-après, Éloge Sienga Mouketou, professeur des lycées et collèges, interroge le système scolaire gabonais, accuse et finit par proposer des pistes de solution pour «que l’école gabonaise se remette sur les rails».

Au Gabon, « de nos jours, l’élève éprouve d’énormes carences orthographiques, une grande faiblesse à structurer une simple  phrase cohérente ». © Musée école-montceau-les-Mines

 

Éloge Sienga Mouketou. © Image personnelle

L’école est un lieu de civilisation. Elle est un champ où l’on sème le devenir de l’Homme et un laboratoire où l’on forme et fabrique des citoyens modèles en intégrité, en dignité et en valeur de noblesse. Or, de nombreuses langues se délient aujourd’hui pour décrier le phénomène de la baisse de niveau dans l’école gabonaise. Cette régression du niveau devient le plat chaud le plus dégusté aussi bien par les acteurs de l’école que par les profanes du fait que, de nos jours, l’élève éprouve d’énormes carences orthographiques, une grande faiblesse à structurer une simple  phrase cohérente, sans oublier leur sécheresse d’idées dans l’argumentation aussi bien lors des débats que lors des productions écrites. 

Aussi, ce phénomène gangrénant n’épargne ni l’enseignement primaire ni l’enseignement secondaire encore moins l’enseignement supérieur. Ainsi, sommes-nous en droit de nous interroger sur les raisons qui prévalent à cette situation cruciale. À cet effet, quelles sont les causes qui nous ont conduits dans ce bourbier ? Quels impacts cela nous réserve si nous n’arrêtons pas l’hémorragie à temps ? Quelles pistes de solution envisagées ?

Pour essayer d’apporter de la lumière à ces différentes préoccupations, nous opterons pour l’approche structuraliste afin d’explorer le phénomène en tant que système et de voir les relations entre les différentes causes.

I- Les responsabilités 

Le problème de la baisse de niveau dans notre système éducatif a plusieurs origines et les impacts sont perceptibles dans tous les secteurs d’activités.

1- Le politique

Le politique est le premier responsable de la baisse de niveau observée dans le monde de l’éducation aujourd’hui, car il est celui qui définit le type de citoyen qu’il souhaite former en fonction du cap de développement qu’il se fixe. Mais, ayant tout politisé, les gouvernants institutionnalisent la médiocrité. En effet, à des fins électoralistes, la tutelle encourage le culte de moindre effort, car elle pond des décrets et des arrêtés dans lesquels on décide de standardiser la moyenne de passage en classe supérieure à 09/20, alors que le texte législatif a promulgué la moyenne de passage à 10/20. Cet état de fait pousse aussi bien les praticiens que les apprenants à sombrer dans la complaisance et la paresse. 

D’ailleurs, notre système éducatif est devenu la risée d’autres pays. Au point où les compétences d’un élève de terminale au Gabon ont été comparées à celles d’un élève de 6ème en Côte d’Ivoire.

Mais malgré cette insulte, nous prônons fermement d’alléger les programmes.

Autre indice à mettre au bénéfice du politique et qui détériore le niveau scolaire, c’est la suppression de la bourse scolaire (24.000 FCFA) qui était une une source de motivation dans l’école d’hier s’est volatilisée. Heureusement que les autorités de la transition ont rétabli.

Aussi, le fait d’avoir dépouillé l’enseignant de son autorité et de l’avoir clochardisé, aboutit à la réalité qu’on ne le prenne plus au sérieux. Il n’est plus un modèle d’inspiration, ne serait-ce que, pour ses apprenants. Du coup, toute la banque de connaissances qu’il transmette est appréhendée avec négligence. 

Enfin, quand le politique présente l’enseignant comme le méchant dont le seul but est de détruire l’avenir de la jeunesse, du fait qu’il décide de rentrer en grève pour réclamer son dû et les meilleures conditions de travail, l’élève ne peut que le considérer comme un ennemi. C’est pourquoi l’élève ne s’intéresse pas à tout ce qu’il peut lui apprendre. Le résultat d’une telle publicité dévalorisante de l’enseignant c’est : la baisse de niveau et l’échec scolaire.

2- L’IGS et L’IPN

L’inspection générale des services (IGS) et l’institut pédagogique national (IPN) sont deux structures chargées de mettre en musique la politique éducative que prône le gouvernement. 

À cet effet, ces deux directions sont chargées de concevoir (la conception) les programmes scolaires et les progressions sur lesquelles elles doivent veiller afin de s’assurer de leur exécution.  Ces deux institutions sont composées essentiellement d’inspecteurs et de conseillers pédagogiques. 

Au sujet des programmes, à y voir de très près, les programmes et progressions mis à disposition des enseignants donnent matière à redire. Car, les curricula sont sans cesse allégés, assouplis pour former un élève incapable, presque un cancrelat, et ce, malgré les signaux qui nous alertent. 

C’est ainsi qu’on se hasarde à faire ce premier constat amer. Nous constatons à partir des incohérences et la redondance de certaines notions que ces acteurs ne travaillent pas en synergie, mais ils se répartissent le travail et chacun prend une partie, conçoit et élabore la tâche qui lui a été assignée. Puis, on met dans les clés USB, et les chefs se réunissent pour compiler le travail de chacun après les avoir copiés sans corriger les erreurs, à tel enseigne que certaines notions sont répétées dans au moins deux rubriques et d’autres restituées avec des omissions des mots. Cette indécision se répercute dans les pratiques de classe. C’est le cas dans l’épreuve du BEPC 2023 où la Nominalisation, notion de vocabulaire apparaît dans une question de grammaire, ou des épreuves du BAC 2023 qui ont montré d’énormes carences, notamment avec les sujets de dissertation littéraire qui n’avaient rien de littérature.

Autre constat, ce que les documents d’accompagnement distribués aux enseignants ne sont pas le fruit de ces encadreurs, mais les conclusions des travaux faits en atelier lors des animations pédagogiques par les enseignants. 

Sur un tout autre plan, les enseignants n’ont pas des visites de classes ni d’inspections. Il est à noter que pour que certains enseignants puissent avoir un échange sur les pratiques, il faut que la demande vienne des établissements. À ce niveau, si ceux de Libreville n’ont pas ces encadrements à plus forte raison ceux de l’intérieur du pays. Il est certes à noter que les harmonisateurs envoyés à l’intérieur du pays, lors des examens, essaient de faire des formations qui ne profitent qu’à ceux qui ont été convoqués aux examens au grand désarroi des éternels oubliés.

Autre écueil, c’est la profusion méthodologique. Aujourd’hui, les inspecteurs n’ont pas canalisé l’épineuse question relative aux méthodologies. Plutôt que d’avoir une méthodologie universelle, nous avons opté pour une méthodologie à la gabonaise où chaque enseignant taille sa pratique. À ce sujet, nous pouvons entendre les élèves dire «la méthodologie de Monsieur X» vue l’an passé est facile par rapport à «la méthodologie de Mme Y» qui est très compliquée. Cette diversité méthodologique née de la multiplicité d’écoles de formation des inspecteurs et de l’absence d’uniformisation des pratiques fait que nous ayons des enseignants pro-tel inspecteur et d’autres pro-tel autre oubliant de nous référer aux dires des livres. C’est pourquoi nous voyons que notre système éducatif enseigne à nos élèves de faire des productions du strict nécessaire  en développant une idée(thèse /antithèse) au moyen de deux arguments, en proscrivant totalement la synthèse pour un sujet qui exige un plan dialectique. La tradition de la dissertation gabonaise se fait en deux parties avec deux arguments pour chacune des parties, avec en prime,  l’orientation gravitant autour des fonctions de la littérature. 

Un autre aspect qui participe à la baisse de niveau, la réduction par L’IGS et l’IPN du taux horaire, ce qui fait que les enseignants se retrouvent dans l’incapacité de souvent mener à terme les progressions.

Poursuivons en disant que l’adoption de l’APC est un serpent que nous avons fait rentrer dans la maison éducation, car on n’évalue plus les performances de l’élève, mais plutôt ses intentions, son effort de participation. L’évaluation n’est plus fondée sur l’objectivité, mais sur le sentimentalisme. Cette situation s’illustre au mieux lors des examens, où les harmonisateurs demandent aux jurys (correcteurs) de ne pas avoir la main lourde. En effet, en plus d’avoir des épreuves de bas niveau, mais, on demande encore aux enseignants d’être plus qu’humanistes. Au BEPC, quand un candidat a fini de passer une épreuve de niveau CM2 de la fin des années 90 et qu’il ne parvienne pas à avoir 10/20 de moyenne, on prend la note de rattrapage qui a un grand coefficient pour l’aider à s’admettre, coûte que coûte, même par défaut. On encourage la pratique de la pédagogie de l’erreur en validant le travail du candidat, même quand il n’y a rien de pertinent. 

D’ailleurs le second tour du bac devient une formalité parce que, non seulement chaque homme politique veut montrer que sa circonscription ou sa base politique a réalisé un bon pourcentage ; mais également nous donne l’impression qu’on chasse les élèves d’un niveau X pour faire de la place en les envoyant à un niveau Y où il n’y a même pas les structures d’accueil.

Sur ce volet des examens, un constat alarmant est vite fait. Nous nous retrouvons avec des gens convoqués dans différents secrétariats, surveillants des correcteurs, le plus souvent des hommes et femmes venus de différents bureaux de toute l’administration aussi bien de toutes les directions du ministère tutelle que d’autres ministères au grand dam des enseignants. Ajoutons que les examens du secondaire voient les enseignants du supérieur venir corriger, être harmonisateurs et ceux du primaire s’arracher la paternité de la surveillance des salles de composition tandis qu’il y a des enseignants du secondaire qui ne sont pas convoqués. Pour un souci d’équité, si les enseignants du primaire et du supérieur participent aux examens du secondaire, de même, les examens du supérieur devraient voir la participation des praticiens du secondaire y être convoqués. 

Chaque année, les enseignants expriment leur mécontentement par rapport au traitement, c’est-à-dire la paie en monnaie de singe, et à cette allure plutôt que de réduire à chaque fois les montants en multipliant les centres, il serait judicieux de les revaloriser au risque de perdre les enseignants membres du jury (correcteurs et examinateurs de l’oral). Car, comment comprendre qu’un enseignant qui interroge 80 candidats ou corrige 80 copies soit payé à 52.000f au BEPC qu’il faudra attendre après un an ? De plus, si les harmonisations sont payées à sommes insignifiantes, autant ne pas faire cette activité et laisser chaque enseignant corriger selon ses règles !

Autre cause de la baisse de niveau, c’est la suppression de certaines épreuves comme le calcul mental, la dictée et le concours d’entrée en 6ème. 

Pour le cas du français, un élève qui faisait l’analyse grammaticale et logique au CM2 (5ème année) se retrouve à faire deux ans (6ème et 5ème) sans pratiquer ces activités qui doivent consolider ses acquis, or, il est amené à attendre la classe de 4ème pour reprendre l’analyse logique qu’il approfondira en 3ème.

Enfin, la proposition des harmonisateurs étant du ressort de l’IGS et de l’IPN, la cooptation ne se fait pas en promouvant l’excellence, mais par affinité ou en récompensant ceux qui leur ont fait allégeance. Au point de nommer les enseignants de l’ENS qui, préalablement, leur avaient accordé les heures de vacations dans cette grande école comme harmonisateurs voire correcteurs en remplacement de correcteurs ayant désisté.

3- Les enseignants 

L’enseignant est l’acteur qui est au contact immédiat de la cible, c’est-à-dire l’élève chez qui le constat de la baisse de niveau est fait. L’enseignant a sa part de responsabilité dans le marasme observé aujourd’hui. 

En effet, on constate pour le déplorer que l’éducateur choisit dans la progression les notions qu’il maîtrise et ce sont ces activités qu’il enseigne à son apprenant, puis celles qui viennent aux examens. Il se dédouane du reste. 

L’objectif premier que se fixe ce formateur n’est plus de former un citoyen qui soit autonome demain de par le savoir acquis, mais il forme des chasseurs de diplômes qui iront allonger la liste des chômeurs sans risque de nous tromper. 

À cela s’ajoute le fait que l’enseignant est devenu un Père Noël, un débonnaire qui passe l’essentiel de son temps à faire des bonifications (bonus) injustifiées à n’en point finir, soit pour voiler une incapacité soit pour chercher une familiarité interdite avec les enseigné(e)s. L’aspiration de l’enseignant ne serait plus de voir une élite sortir de sa classe, mais des débiles puisqu’il s’arrange à faire des devoirs de groupe où parfois c’est un seul élève qui travaille et ses camarades deviennent des figurants. Avec des années écourtées et le taux horaire réduit, d’aucuns sous la pression de fin de trimestre, font passer des exposés vides de contenus, corrigent même les cahiers et évaluent parfois les élèves sur des chants n’ayant aucun rapport avec la discipline enseignée.

Certains enseignants marchandent les points en ayant pour explication le fait qu’ils passent une éternité sans être recrutés ni voir leurs situations administratives décollées.

De plus, beaucoup d’enseignants, autrefois modèles à imiter, manquent, aujourd’hui, de diligence, d’assiduité et de ponctualité, car ils arrivent constamment en retard ; attitude qui ne peut nullement susciter l’émulation chez ces élèves à devenir enseignants demain.

De même, avec la prolifération des établissements privés qui pullulent çà et là et la poussée exponentielle des « Prépa », les enseignants sont devenus moins performants dans les établissements où leur employeur (MENFC) les affecte pour devenir des cracs au privé ou au prépa où ils mettent du sérieux et leurs cœurs parce qu’ils sont payés.

Autre frein dans la baisse du niveau, c’est la démotivation des enseignants à consulter les manuels qui sont, et pourtant, le tableau de bord qui leur permet de piloter le groupe classe avec certitude, hélas ils tournent le dos à la découverte. Ils ne veulent plus lire. Ils préfèrent le réchauffer, c’est-à-dire, recours à un vieux cahier qui contiendrait toutes les fiches de cours. Pour ce qui est du choix des œuvres, ils s’opposent au choix de nouvelles productions. Ils veulent seulement étudier les œuvres classiques qui ont des profils parce qu’ils refusent de faire une nouvelle exploitation, un travail inaugural sur une nouvelle parution. 

4- Élèves

Principal accusé de ce procès dont il est à la fois victime et accusé devant la barre du tribunal de la vérité, l’élève des temps actuels est extraordinaire et controversé. En effet, il est atypique et admirable. C’est un ange très ambivalent qui renferme aussi bien des qualités que des défauts.

Après cette louange, il est impérieux de dire que l’élève d’aujourd’hui est distrait et évolue sans objectif. Il ne nourrit pas des rêves, car il peut faire tout son parcours secondaire sans connaître la formation qu’il envisage de faire. 

L’apprenant de maintenant développe l’inimitié avec la lecture, clé du raisonnement. Il ne prend pas l’école comme une opportunité ou un défi, mais plutôt comme un passe-temps. L’école pour lui est simplement un lieu de retrouvailles sans plus. 

C’est le lieu de reconnaître que l’école manquant de loisirs et de divertissement pousse les élèves à fixer les yeux ailleurs. C’est ainsi qu’ils s’adonnent à toutes sortes de délires pour essayer d’occuper leur temps. 

Admettons sans détour que les élèves ne lisent plus, mais affluent chaque matin telles des vagues d’océan dans les salles de classe sans avoir lu(étudié) les cours du jour. Les élèves n’apprennent presque plus pour briller dans telle ou telle autre discipline, mais ils étudient circonstanciellement pour les notes. Si on avance sans projection, on court droit vers le chaos. 

Ils ne retiennent rien lorsqu’il s’agit des choses sérieuses. Mais, ils sont champions dans les futilités et les problèmes qui ne sont pas de leur âge (sexe, violence, vol, vente et consommation des stupéfiants…). Ils ne travaillent pas, mais ce sont eux qui prennent conscience en fin d’année qu’il faut faire le tour des enseignants pour implorer leur indulgence pour qu’ils soient rachetés. 

La montée du parler argotique est pour beaucoup dans la baisse de niveau, car les élèves d’aujourd’hui ne s’expriment qu’en argot et ce qui fait que face à un devoir où ils doivent parler ne serait-ce que le français standard, ils se retrouvent incapables de tenir un discours cohérent et pertinent. De même, ne lisant pas et ne se rappelant pas les règles d’accord, ils ne savent pas orthographier la grande majorité des mots auxquels ils font face. 

Par ailleurs, le redoublement sans discontinuité n’arrange pas les choses, car l’élève se dit que sa place est garantie, donc il ne développe aucune volonté, aucun engouement à s’investir dans l’effort. L’exclusion pour travail n’existant plus, les élèves savent qu’ils peuvent devenir ancêtres dans une classe, qu’on ne viendra pas le faire sortir. 

L’autre démotivation, c’est la suppression de la bourse scolaire qui était un défi personnel que chaque élève se fixait pour avoir un résultat probant. 

Les élèves des classes d’examen sont conscients que dès que son dossier est validé, ils peuvent rester chez eux et aller inonder les prépa parce qu’aucun chef d’établissement n’a le pouvoir de le disqualifier ni de le désactiver ou l’enlever des effectifs des candidats de son établissement, du coup ils font l’école buissonnière.

5- Le parent

Aujourd’hui, nous avons des parents un peu atypiques. Des gens qui se représentent l’école comme une garderie, une crèche où ils viennent abandonner leurs enfants pour s’éviter des charges (augmentation des factures) à la maison sans s’intéresser à l’environnement où évoluent leurs progénitures. Ils ne passent pas s’enquérir de la fréquentation, de la discipline, du travail de leurs protégés ni même de nouer un contact avec l’administration ou les enseignants de leurs enfants, mais ils prennent toutes les informations sur les plateformes des parents d’élèves. Puis, en fin d’année quand les résultats de leurs enfants sont insuffisants, ils sont les premiers à leur changer d’établissement en falsifiant les bulletins pour les inscrire en classe supérieure sans tenir compte que l’enfant a des lacunes, que c’est sans doute pour cette raison que son travail l’assignait au redoublement. Un parent qui doit être le premier modèle d’identification d’un enfant, s’il est dans des magouilles, l’enfant finira par les reproduire. 

Parents, n’ayez pas la langue facile à critiquer les enseignants et à leur jeter tout le tort de l’agonie de l’école gabonaise, mais que chacun reconnaisse son niveau de responsabilité.

II – Les conséquences 

Une mauvaise politique scolaire éventre toute une nation. 

Une école qui ne parie pas sur son système éducatif, c’est tout l’appareillage étatique qui est à genou. 

Des techniciens et experts amateurs, qui sombrent dans la compromission, la paresse, le copinage, l’attentisme, le plagiat des productions des autres qui ne réfléchissent pas profondément sur notre système éducatif en tenant compte de notre environnement, creusent le chemin de la perdition et de la mort de notre chère école.

Un pays où les curricula ne sont pas adaptés à son temps et à son environnement c’est faire de son école un bateau ivre prêt à faire naufrage ;

Quand on politise l’école, on rentre dans un sommeil, un aveuglement intellectuel ;

Lorsque les problèmes des enseignants ne sont pas réglés pour échapper aux grèves itératives, cela crée des montagnes d’ignorance chez les apprenants ;

Quand les structures d’accueil n’offrent pas des divertissements aux apprenants, ces derniers se livrent à toutes sortes d’excès ;

Lorsque les enseignants ne se détournent pas du commerce des documents et des notes, ils fabriquent des corrompus et corrupteurs ; 

Quand les parents d’élèves ne suivent pas la rigueur des parents de jadis qui ne savaient pas, quelquefois lire et écrire, mais encourageaient et poussaient leurs enfants à affectionner l’école parce que leurs vies en dépendaient c’est l’arrêt de l’école ;

Lorsque les inspecteurs et conseillers pédagogiques ne prônent pas l’assouplissement de l’école, on a des citoyens très intelligents ;

Quand le politique ne reproduit pas, tel un photocopieur, les orientations de l’école d’autres pays, nous sortirons du tunnel de la baisse de niveau et de l’échec scolaire.

III- Les solutions

L’école est le socle de développement de tout pays. C’est un des indicateurs privilégiés qui concourt au développement de toute nation. Une république qui veut s’affirmer mise sur une école dont la règle d’or est PERFORMANCE, COMPÉTENCE, EXCELLENCE.

Pour une école de qualité :

  • Il faut davantage de séminaires de mutualisation d’expérience, de perfectionnement et de renforcement des capacités.
  • Il faut en plus récompenser les enseignants en situation de classe lors des examens plutôt que de remplir les secrétariats des examens avec les bureaucrates et autres membres de nos bases politiques ;
  • Il y a lieu de faire voyager les correcteurs et autres acteurs pour les examens pour plus de crédibilité et d’objectivité dans les résultats, car lorsqu’on fait corriger les copies d’un centre par les enseignants de cette même province, le cœur parle et d’aucuns reconnaissent leur méthodologie et attribuent les notes subjectives. Plus grave au second tour où le candidat voit votre visage, s’il échoue, il est susceptible de venir vous régler des comptes à domicile vu qu’en province, tout le monde connaît tout le monde jusqu’aux habitations ;
  • Il faut repenser les curricula  et les encadreurs doivent avoir les frais de mission pour faire des visites de classes et les inspections en vue de déceler les mauvaises pratiques et amener les uns et les autres à la correction de ces mauvaises pratiques ;
  • Asseoir un programme de qualité sans succomber aux exigences des bailleurs de fonds ;
  • Verrouiller la possibilité de création d’établissements afin que seuls les spécialistes du monde éducatif (enseignant ) créent des écoles comme c’est le cas à la santé et à la magistrature en interdisant formellement que les affairistes inondent ce secteur avec des établissements à chaque 100m qui emploient des personnes (appelées enseignants) au niveau douteux et non qualifiées ;
  • Permettre aux enseignants du recrutement direct de faire des formations en pédagogie, en didactique et sciences de l’éducation durant les grandes vacances afin qu’ils soient en phase avec l’éthique et la déontologie de ce noble métier ;
  • Redorer le blason de l’enseignant pour qu’il suscite l’émulation chez ses apprenants en lui donnant son salaire intégral plutôt que de l’amener à vivre dans la mendicité pendant au moins une décennie. 
  • Donner la possibilité aux chefs d’établissements de gérer leur budget afin de créer et de soutenir les activités de l’établissement comme la création des clubs qui occupent et détendent les élèves.
  • Payer les vacations après service et arrêter de multiplier des centres pour réduire les montants déjà dérisoires de ceux qui corrigent. Pour les examens, on doit convoquer les enseignants en situation de classe, car ces jeunes enseignants donnent de leur temps, de leur énergie pour ces résultats ;
  • Séparer la formation d’une élite d’avec la politique en laissant les jurys corriger sans pression ni pot de vin du politique ; 
  • Faire des épreuves dignes du niveau, car avec les réseaux sociaux aujourd’hui, les épreuves voyagent et l’image du pays est respectée ou galvaudée à partir de la qualité des sujets proposés aux examens nationaux. Car si les épreuves sont faibles, n’ayant pas suffisamment d’universités et écoles supérieures, quand ces bacheliers vont dans d’autres pays, ils vont s’inscrire en cours préparatoire en perdant une année.
  • Uniformiser les méthodologies et faire des évaluations de classe dignes du niveau tenu ;
  • Ramener les exclusions pour travailler faible, et interdire à jamais l’idée des rachats de 09/20. Car, le faire c’est monter l’édifice de cette régression du niveau ;
  • Surtout interpeller les parents à veiller et à suivre le travail de leurs enfants en passant de temps en temps à l’école de leurs bambins.

Que l’école gabonaise se remette sur les rails.

Éloge SIENGA MOUKETOU, Enseignant certifié de français des lycées et collègues. Romancier et poète gabonais sur le pseudonyme de Sir Edwards JEUNELING.

 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Pros dit :

    Hor sujet!
    Le milieu comditionne l’homme.
    Structures médiocres, programmes médiocres et non adaptés, enseignants médiocres. Le niveau des élèves est à l’image du système éducatif du pays.

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