Zacharie Myboto : «Le Gabon s’est libéré dans la douceur patriotique»

Zacharie Myboto, ancienne figure emblématique de la politique gabonaise, s’est exprimé sur le récent bouleversement politique au Gabon. Celui qui a vu l’histoire de son pays se dérouler depuis son indépendance a partagé, dans une interview au journal La Loupe, son sentiment sur le changement de régime intervenu fin août. L’occasion pour lui de parler également de l’Union nationale, formation politique dont il s’est mis à la retraite en décembre 2020.

Zacharie Myboto appelle à «un Gabon construit autour de l’unité, autour de la volonté commune de changement». © Gabonclic

Dans le cadre d’une interview exclusive avec le journal La Loupe et le site Gabonclic.info, l’ancien leader de l’Union nationale (UN) et plus loin de l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD), interrogé sur le coup d’Etat du 30 août dernier, s’épanche avec passion.

« Enfin, enfin, enfin !», dit s’être exclamé Zacharie Myboto à l’annonce de la chute du régime Bongo. L’ancien président de l’Union Nationale, qui a mené le combat de l’alternance pendant des années, se réjouit de « la fin du système Bongo-PDG». Selon lui, «le Gabon s’est libéré dans la douceur patriotique » grâce à « l’acte majeur des militaires qui ont mis fin au système » le 30 août. « Cet acte-là, pour moi, et je suis sûr et certain pour bien d’autres compatriotes, était propre, pacifique, courageux, salutaire et, enfin, patriotique», déclare-t-il.

2023 n’a été que la répétition de 2016

Concernant le combat mené par l’opposition, M. Myboto estime que « 2023 n’a été que la répétition, comme l’on dirait bis repetita de 2016. Parce qu’en 2016, c’est exactement ce qui s’est passé, à la seule différence qu’en 2023, les militaires ont pu se regrouper pour mettre un terme à ce combat que nous menions en 2016 comme en 2023 sur le plan démocratique. Donc pour moi, ce sont des choses qui vont ensemble. Et comme en 2016, bravo pour les acteurs à tous les niveaux.»

Pour lui, ce changement à la tête de l’Etat « a évité un bain de sang » et des « règlements de compte à tous les niveaux », contrairement à la répression de 2016.

L’ancien baron du régime Bongo se réjouit également de la décision du président de transition Brice Clotaire Oligui Nguema de permettre le retour des exilés politiques. Il attend notamment avec plaisir celui de son « ami de 65 ans » Jean-Pierre Lemboumba Lepandou. Évoquant avec nostalgie leurs rencontres au collège Bessieux en 1954, il explique : « Revoir Jean-Pierre, c’est un énorme plaisir, une énorme satisfaction. L’un et l’autre, nous aurons certainement des choses à nous dire lorsqu’il fera son retour au Gabon. »

Cependant, au-delà des réunions et des retrouvailles, Myboto est très clair sur ce qu’il souhaite pour l’avenir du Gabon : une exemplarité à tous les niveaux, une autocritique constructive de la part des citoyens, et une volonté unifiée de construire un Gabon plus inclusif et équitable pour tous ses citoyens. Il affirme avec véhémence : « Un Gabon pour tous les citoyens et citoyennes gabonais. Un Gabon d’égalité des chances. »

Union nationale

Amené à aborder sa décision de se retirer de la vie politique, Myboto semble à l’aise. Souriant, il affirme ne ressentir aucun regret, rappelant qu’il a toujours agi avec responsabilité. Il exprime des regrets concernant les dissensions internes au sein de son parti, l’UN, affirmant avoir voulu que sa succession se déroule selon les règles statutaires du parti. Il souligne la nécessité pour les membres de son parti de travailler ensemble pour le bien commun.

Face à l’avenir incertain mais plein d’espoir du Gabon, Myboto se montre serein : « C’est un autre Gabon qui va maintenant se reconstruire. »

Zacharie Myboto appelle désormais à « un Gabon construit autour de l’unité, autour de la volonté commune de changement« . Selon lui, « le mode de gestion du Gabon doit reposer sur l’exemplarité à tous les niveaux », du sommet à la base. Voilà le vœu de cet acteur historique de la vie politique gabonaise, qui se dit « heureux » d’assister à l’aube des « moments de changement » qu’il appelait de ses vœux.