Le coup d’État militaire au Gabon continue de faire des vagues. Ministre du pétrole sous la présidence déchue, Vincent de Paul Massassa est actuellement interrogé par les nouvelles autorités. Son interpellation par le B2 inquiète quelques opérateurs pétroliers, en pleine négociation d’un important deal dans le secteur.

© GabonReview

 

L’ex-ministre du secteur pétrolier et gazier, Vincent de Paul Massassa, est actuellement sous interrogatoire. Selon un célèbre média décryptant régulièrement l’actualité des pouvoirs économiques et politiques du continent africain, il a déjà passé «au moins deux jours» au siège de la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire (DGCISM) également appelée «B2». Curieusement, il était en effet absent à la cérémonie d’investiture de Brice Clotaire Oligui Nguema le 4 septembre dernier, une cérémonie à laquelle presque tous les autres membres de l’ancienne administration d’Alain-Claude Bilie-By-Nze ont assisté, créant quelques interrogations au Palais du bord de mer.

Homme de Ian Ghislain Ngoulou

Selon Africa Intelligence, les enquêteurs de la DGCISM, dirigée par le colonel Raymond Serge Makaga Maguga, «épluchent avec attention les dossiers du dernier ‘’Monsieur pétrole’’ de l’ère Ali Bongo.» Selon la même lettre d’informations confidentielles, les enquêteurs semblent particulièrement intéressés par ses liens étroits avec Ian Ghislain Ngoulou, l’homme de confiance de Noureddin Bongo. Ces deux personnalités auraient des liens familiaux, Massassa étant le neveu de Ngoulou. D’ethnie Mbahuin, tous deux viennent de Franceville dans la province du Haut-Ogooué. Membre de la même ethnie, Lambert-Noël Matha, le ministre de l’intérieur d’Ali Bongo, était lui aussi absent lors de la cérémonie d’investiture susmentionnée.

Africa Intelligence indique que l’interpellation de M. Massassa inquiète certains opérateurs pétroliers dans le pays. Le coup d’État et l’interpellation du ministre du Pétrole est un moment difficile pour Maurel & Prom (M&P), une filiale de la société indonésienne Pertamina. La compagnie pétrolière est en pleine négociation pour acquérir les actifs de Carlyle, gérés au Gabon par Assala Energy. Jusqu’à présent, seul un accord verbal avait été obtenu des autorités gabonaises pour cette transaction estimée à 730 millions de dollars. Vincent de Paul Massassa était le point de contact principal pour cette affaire. La confirmation de cet accord, quelques semaines avant les élections présidentielles, risque de compliquer les discussions avec le nouveau régime estime Africa Intelligence.

Sacs d’argent liquide

Nommé brièvement conseiller à la présidence sur les hydrocarbures entre 2017 et 2019, Massassa a ensuite été directeur général du ministère des hydrocarbures avant de devenir ministre en décembre 2019.

Pour rappel, en juillet 2021, Vincent de Paul Massassa aurait tenté de faire parvenir des sacs remplis d’argent liquide à la Première ministre d’alors, Rose Christiane Ossouka Raponda. Ses proches avaient alors affirmé que le ministre souhaitait l’«aider politiquement». Dénonçant des «mauvaises pratiques» au sein du gouvernement, Mme Ossouka Raponda avait elle-même évoqué cette affaire en plein Conseil des ministres, le 11 août 2021. Si l’affaire était révélatrice de la gestion fantaisiste de l’argent du pétrole gabnais et que nombreux avaient parié sur l’éviction de Massasa du gouvernement, il n’en fut rien. Le bouclier Ian Ngoulou n’aurait-il pas fonctionné ?

 
GR
 

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