Au Gabon, l’opposition n’a pas réussi à se mettre d’accord sur un candidat unique contre Ali Bongo lors de la présidentielle du 26 août, deux candidats ayant émergé de deux plateformes de ce bord politique. Un à quelques jours du scrutin et l’autre bien avant l’ouverture officielle des dépôts de candidature par le Centre gabonais des élections. Des oppositions ayant pourtant un point commun : en finir avec le règne d’Ali Bongo.

Candidat consensuel, Albert Ondo Ossa (à droite) n’est pas le seul cheval de bataille de l’opposition. Joachim Mbatchi Palmbou (à gauche) étant l’autre représentant d’une frange de l’opposition à la présidentielle. © Gabonreview

 

Au Gabon, ce 21 août, s’ouvre la dernière ligne droite des élections générales avant le vote du samedi 26 août. Finalement, 14 candidats sur les 19 retenus au départ par le Centre gabonais des élections (CGE), devraient être en lice. 6 des 19 candidats par ailleurs réunis au sein d’une plateforme de l’opposition ont opté pour le choix d’un seul parmi eux. Au nombre des 14 candidats restants, 13 se positionnent contre Ali Bongo, le président sortant. Bien qu’ils se réclament tous de l’opposition, ce ‘’bord politique’’ n’a pas réussi à s’entendre pour le choix d’un candidat unique. En dehors des 11 autres opposants en lice, on compte donc deux groupements différents ayant présenté deux candidats dits uniques de l’opposition.

Pas de candidat unique de l’opposition

L’un, légalement reconnu et regroupant plusieurs partis de l’opposition, a présenté son candidat avant l’ouverture officielle des dépôts de candidature par le CGE : l’Union des forces du changement (UFC) représentée par Joachim Mbatchi Pambou. L’autre, porté par la plateforme Alternance 2023, a présenté Albert Ondo Ossa à huit jours du triple scrutin. Leur point commun : en découdre avec la gouvernance d’Ali Bongo et son parti au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle : le Parti démocratique gabonais (PDG). Alors que, depuis le choix d’Albert Ondo Ossa, certains médias parlent de candidature unique de l’opposition, des proches d’Ali Bongo estiment qu’il «ne faut pas exagérer». «Albert Ondo Ossa n’est en rien le candidat de l’opposition. Il a été adoubé par défaut par la plateforme Alternance 2023, une expression qui n’englobe pas toute l’opposition. Il faut restituer les faits avec objectivité», a laissé entendre Séif Mostley, l’un des porte-paroles du candidat Ali Bongo.

Au substantif ‘unique’, la plateforme Alternance 2023 préfère d’ailleurs l’emploi de ‘consensuel’ ou ‘commun’. Qu’à cela ne tienne, l’opinion s’interroge sur les chances de gagner de ces oppositions et particulièrement celles d’Alternance 2023 qui pourraient «tout perdre en cas d’échec au soir du 26 août». En clair, contrairement à l’UFC qui a quelques candidats aux législatives, Alternance 2023, optant pour un candidat indépendant, a fait le choix de ne plus participer aux législatives. «Nous avons demandé aux candidats de renoncer aux législatives», a fait savoir Albert Ondo Ossa. Croyant en sa victoire, il indique que l’Assemblée nationale sera dissoute pour aller à la réorganisation d’élections «crédibles». «Faux calcul», a rétorqué un observateur de la vie politique gabonaise.

Le pari risqué d’Alternance 2023

Rappelant cependant qu’Albert Ondo Ossa fédère une bonne partie de l’opposition et de la société civile, l’observateur estime que par cette démarche jugée risquée, «l’opposition gabonaise fait une fois de plus le choix de la chaise vide». «Ils auraient pu choisir comme candidat consensuel un prétendant ayant un parti et en cas de victoire, rester sur la logique de dissolution de l’Assemblée nationale», estime l’observateur se voulant anonyme. Selon lui et bien d’autres, dans la configuration actuelle, si le président rempile, le Gabon pourrait avoir une Assemblée nationale monocolore. Ce qui mettrait d’ailleurs à mal tout le travail de terrain abattu sur le terrain par certains acteurs politiques de l’opposition dont Alexandre Barro Chambrier avec son Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) et Paulette Missambo avec l’Union nationale (UN).

Dans la rue, les cafés, bars et salons privés, certains partagent ce point de vue. «Tous ces efforts consentis finalement pour zéro alors qu’avec l’aura du candidat consensuel, même si Ali Bongo l’emportait l’opposition devait être bien représentée à l’Assemblée nationale s’ils avaient opté pour un candidat ayant un parti politique sachant dans les candidatures aux législatives il y a certaines alliances», estime Iris M., une étudiante. «Je crains qu’on ait un nouveau Jean Ping parce que, c’est qui est sûr, c’est que si Ondo Ossa est déclaré perdant, ils diront que le pouvoir a volé sa victoire. Accepteront-ils cet échec sans sourciller ?», interroge à côté d’elle un autre étudiant.

Un proche de l’Union nationale estime cependant que l’instauration du bulletin unique et le jumelage des candidatures à la députation et à la présidentielle, complique l’équation. «Avec ça Ali Bongo, en cas de victoire, ne pourra pas obtenir une majorité PDG à l’Assemblée nationale. Il sera donc contraint de dissoudre l’Assemblée nationale pour organiser de nouvelles législatives», estime le membre de l’écurie Missambo.

En attendant, dans le pays, chacun des 13 candidats continue la campagne chacun avec ses moyens espérant être adoubé par le peuple le 26 août.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Rembourakinda dit :

    Vous pouvez raconter tout ce que vous voulez, vous ne parviendrez pas à nous démobilisér. Le plan cgepdg à échoué, notre candidat est le Pr Ondo Ossa. Si vous voulez continuer avec Bongo PDG… C’est votre problème.

  2. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Bonjour,

    J’ai une question pour Mme Alix-Ida Mussavu:

    Pourquoi opposez-vous les oppositions qui convergent vers un but « commun » afin de déraciner enfin le « Kevazingo » (le rejeton) qui est au pouvoir depuis 14 ans?

    Il n’y a pas une opposition « suicidaire » (« one shot ») d’un côté, et une opposition responsable (tout azimut), d’un autre côté. Les gabonais(e)s ont compris le message envoyé par toute l’opposition: le choix du Pr. Albert Ondo Ossa. Que toute l’opposition mène en rang dispersé. Au moment de l’élection, il convient peut-être pour les électrices (électeurs) de reporter leur voix vers ce candidat.

    Si on fait l’hypothèse de Monsieur Albert Ondo Ossa gagne les élections présentielles, alors il aura besoin de tous les gabonais(e)s compétent(e)s pour reconstruire le pays (ses institutions, son économie, sa gouvernance, etc.) et normaliser notre politique étrangère monolithique.

    Votre article n’éclaire pas beaucoup. Il est déstabilisant.

    Cordialement.

  3. Le patriote dit :

    Bonsoir à tous, mais soyons sérieux instant.
    Celui qui a écrit cette tribune pense sérieusement que Monsieur MBATCHI est un candidat de l’opposition et qu’il puisse faire de l’ombre au véritable candidat qui est le professeur ONDO OSSA ?
    Monsieur MBATCHI c’est seulement un instrument du PDG mais malheureusement il n’arrivera à rien car le plan du PDG a échoué.

  4. Akoma Mba dit :

    Ali Bongo ne peut même pas gagner contre lui-même. Cet article prend les gabonais pour des bénis oui oui. Dans un pays sérieux Ali Bongo ne se présenterait à aucune élection vu son état de santé physique, psychique et mental. De qui se moque-t-on au PDG, de l’intelligence des gabonais?

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