Candidat déclaré aux prochaines élections législatives, le Monseigneur Jean Bernard Asséko Mve n’a pas été retenue par le Centre gabonais des élections (CGE). Son cas interpelle et alimente la chronique dans les chaumières et salons feutrés de la capitale gabonaise. «Pourquoi ne peut-il pas être candidat alors que le Raïs Ali Bongo Ondimba et l’évêque Mike Jocktane, citoyens gabonais, ont été retenus pour la présidentielle ?» s’interroge-t-on à Libreville
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Monseigneur Jean Bernard Asséko Mve en pleine célébration de messe. © D.R.

 

Connue pour ses homélies «jugées subversives», Monseigneur Jean-Bernard Asséko Mvé, curé de la paroisse Immaculée Conception de Bitam, s’est souvent ému pour «le spectacle désolant et dégradant de la vie sociale au Gabon». Perçu comme l’un des «évêques du sursaut de conscience», il a décidé de pousser son combat plus loin en briguant un siège à l’hémicycle de la Représentation nationale. Mais le Centre gabonais des élections (CGE), l’organe chargé de la validation des candidatures a rejeté le dossier de ce prélat.

À suite de la diffusion de la liste d’au moins 900 candidatures retenues, des interrogations fusent malgré les explications de l’organisateur des scrutins. En effet, le CGE dirigé par Michel Stéphane Bonda explique que la candidature de Jean Bernard Asseko Mve, qui postulait pour le 4e siège du département du Ntem, dans le nord du Gabon, n’a pas été retenue pour deux raisons.

La première, souligne le CGE s’inspirant du droit canonique de 1905, indique que «le prêtre est un citoyen comme les autres. En revanche, l’Église catholique, dans son droit canonique, n’autorise pas les prêtres à remplir les fonctions politiques». «Si un prêtre catholique se porte candidat à l’élection des députés, poursuit le CGE, il doit au préalable démissionner. Cette lettre n’est pas jointe à ce dossier». La seconde raison est que «l’article 2 de la Constitution gabonaise affirme le principe de la séparation de l’église et de l’État».

À ce sujet, un militant de l’Union nationale, parti de l’opposition, estime que «l’incompétence» du bureau du CGE doit définitivement être mise à l’index. En effet, explique-t-il, «si on invoque l’article 2 de la Constitution gabonaise, l’État n’a pas à se soucier des règles de l’Église». «Cela veut simplement dire que l’État ne peut pas citer le droit canonique pour assoir une de ses décisions. Car, elles doivent être conformes à la Constitution, aux lois et aux règlements du Gabon», a-t-il fait savoir.

Un autre observateur fait, lui, remarquer qu’«en s’appuyant sur le droit canonique, le CGE lui-même viole l’article 2 de la Constitution». «Mieux, indique-t-il, si cette organisation fonde sa décision sur le droit canonique, c’est qu’il ne respecte pas non plus la séparation entre l’État et l’Église».

Face à ces «amalgames», les supporters de Jean Bernard Asseko Mve font remarquer que «le plus grave c’est que si le CGE dit qu’un prêtre n’a pas le droit d’être candidat, Mike Jocktane qui est évêque protestant ne doit pas être candidat. Ali Bongo qui est Raïs, chef suprême de l’église musulmane au Gabon ne doit pas être candidat».

Or les candidatures de ces deux personnalités ont été validées pour la future présidentielle. «Parce qu’ils sont candidats en tant que citoyens», énonce un ressortissant de Bitam. Pour ce dernier, devisant avec ses pairs, «ni la Constitution, ni Code électoral, n’interdit à un religieux d’être candidat à une élection».

«D’où vient-il donc que le dossier du Monseigneur n’ait pas été validé ?» Ces derniers ont leur petite idée et invoquent de petites combines partisanes. «Les dés sont pipés pour ouvrir la voie à un nouveau mandat pour David Ella Mintsa qui, lui aussi, est journaliste comme le président du CGE», pensent-ils et avec assurance.

En conséquence, ces observateurs, partisans, militants s’en remettent à la présidente de la Cour constitutionnelle et l’invite à casser «une décision violant la Constitution et les lois du pays», notamment en ce moment où l’expression à la mode est «élections aux lendemains apaisés».

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Yvette dit :

    Donald Trump n’avait pas tort de qualifier les pays d’Afrique de pays de merdes.

  2. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Bonsoir à toutes, à tous,

    En recoupant de nombreuses informations une conclusion s’impose: la loi de 1905 (loi de séparation entre l’Eglise et l’Etat) ne s’est jamais appliquée aux colonies françaises (AOE et AEF), sauf à Madagascar et au Cameroun. Cette loi exclut également les personnes de culte islamique comme c’était le cas en Algérie.

    Une fois de plus, on instrumentalise des lois inadaptées à notre pays à des fins politiciennes.

    Dans ce cas, il convient de réviser la Constitution gabonaise pour y introduire une intervention aux responsables des ordres religieux de se présenter à des mandats électifs.

    Cordialement.

  3. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    intervention=interdiction.

  4. Gayo dit :

    Quelle honte pour le Gabon. Depuis quand les règles de l’église catholique prévalent sur les droits civiques d’un citoyen. Jusqu’à quand oh Dieu laissera le Gabon entre les mains de tel énergumènes, des animaux sans honneurs et sans respect pout eux-mêmes. Comment ces idiots pourraient justifier qu’un citoyens soit privé de ses droits fondamentaux à cause de son appartenance religieuse? Comment les représentant de l’opposition peuvent-il continuer à siéger. Ce grotesque mensonge suffit pour savoir que Bonda Balonzi n’a aucune intention d’œuvrer pour la vérité dans ces élections. Il se présente en tan que citoyen gabonais et non en tant que prêtre.

  5. Gayo dit :

    Et les opposants égoïstes restent silencieux devant une manipulation grotesque qui annonce le hold up que prépare le CGE. Ce silence devant une telle violation du droit du citoyen devrait vous interpeller sur les intention du CGE pour ces élections et vous devriez vite chasser l’esprit de la manipulation et du mensonge qui s’est déjà installé.

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