Subvention de carburant : La Banque mondiale invite à une réforme des prix au Gabon
Le gouvernement gabonais a dépensé plus de 100 milliards de francs CFA (environ 165 millions de dollars) en subvention de carburant en 2022. Une allocation qui, selon la Banque mondiale, représente une charge budgétaire de plus en plus lourde pour le pays, tout en profitant principalement aux couches les plus riches de la population.
Selon l’institution de Breton Woods, malgré la libéralisation des prix des carburants pour les industriels à partir du mois de juin 2022, le coût des subventions aux carburants a continué d’augmenter, représentant 2/3 des dépenses publiques allouées à la santé et plus de la moitié des dépenses allouées à l’éducation en 2022. Dans sa dernière édition de la Note de conjoncture du Gabon, publiée sur le thème «réformes des subventions aux carburants», la Banque mondiale relève une augmentation exponentielle du coût budgétaire des subventions aux combustibles fossiles de 138 % entre 2021 et 2022.
Cette allocation estimée à 100,6 milliards de francs CFA (environ 165 millions de dollars) en 2022, soit 0,7 % du PIB, profite essentiellement aux couches les plus aisées de la population. «96% de l’essence et du gasoil sont consommés par les 50% les plus riches de la population, dont 63% consommés par les deux déciles les plus riches», souligne la Note de conjoncture, énonçant l’importance d’envisager des politiques alternatives plus efficaces et mieux ciblées pour soutenir les personnes les plus vulnérables.
Selon la Banque mondiale, la réduction des subventions aux carburants permettrait au Gabon de dégager des ressources qui pourraient servir à soutenir une politique budgétaire anticyclique et à relever les défis du développement. En effet, à la lumière de l’expérience de pays qui ont mené à bien des processus d’ajustement des prix, le rapport décrit les bonnes pratiques et les mesures d’accompagnement possibles pour une réforme des prix des carburants qui soit socialement acceptable et qui permette de réduire au minimum l’impact sur la population.
La Banque mondiale propose ainsi de réformer en priorité les subventions profitant aux couches les plus riches de la population et représentant le coût le plus élevé pour les finances publiques; adopter un mécanisme temporaire de lissage des prix offrant un juste équilibre entre volatilité excessive et risques budgétaires; d’échelonner la réforme pour permettre aux ménages et aux entreprises de s’adapter et afin de déployer des mesures d’atténuation; d’engager des consultations avec toutes les parties prenantes et mener des campagnes de communication pour répondre aux préoccupations des différents groupes économiques et d’adopter des mesures ciblées pour atténuer l’impact sur les groupes les plus vulnérables et les secteurs clés pour l’économie, en renforçant les filets sociaux et augmentant les dépenses sociales.
5 Commentaires
Bonjour à tous,
La Banque Mondiale (BM) fait un rapport de conjoncture économique sur le Gabon avant les prochaines élections présidentielles. Elle note des politiques publiques au Gabon visent à privilégier les riches et non à tirer vers le haut les plus faibles économiquement. Mais ce n’est pas nouveau. La BM est en retard. Depuis quand le PDG a une politique de justice sociale?
Messieurs Massavala et Nzégho Diéko diront-ils que ce rapport est fallacieux? Le Bureau politique du PDG sortira t-il un contre-rapport qui remettra en cause l’analyse des experts de la BM? Est-ce une manipulation ourdie par l’opposition et la société civile. Voyons voir!
Nous doutons, absolument, de la capacité de nos gouvernants (PR, exécutif et PDG) à cerner les tendances macro-économiques actuelles et les mécanismes de gouvernance propres aux pays modernes. Nous ne sommes pas étonnés des résultats de l’enquête effectuée par le Cabinet Mays et Mouissi qui montre un désastre économique au Gabon et, en filigrane, l’amateurisme de nos gouvernants. La honte mondiale d’une classe politique.
Je voudrais souligner un fait important et non loin étranger à la gouvernance. Le MEDEF (Organisation patronale française) s’est opposé à la nomination d’une américaine (Fiona Scott Morton) à un poste clé de l’Union européenne (la Régulation de la Tech). Cette américaine est professeure d’économie à l’Université Yale. Les arguments avancés par le MEDEF sont la souveraineté, une autonomie stratégique et un manquement aux règles de la transparence dans les nomination à des postes clés à l’UE.
D’où ma question à la PR gabonaise : le Président du MEDEF est-il xénophobe? Le patronat français est-il xénophobe? Notre responsable du patronat gabonais n’a jamais fait de commentaire sur la nomination de Monsieur Ousmane Cissé à la tête de la SEEG? Son avis compte t-il dans la nomination des dirigeants à des postes clés? Comme quoi nos mécanismes de gouvernance restent encore trop complexes.
Grâce à l’étude de Mays et Mouissi, nous sommes enfin rentré dans le monde de l’économie de la transparence. La transparence est l’absence totale d’asymétrie d’information entre les gouvernants et les gouvernés. Leur étude trace un cap précis.
A bientôt.
Bonjour Gabonreview ..
Je souhaiterais juste dans la mesure du possible savoir de quelle manière le Gazole et l’essence sont beaucoup plus utilisés par les plus riches.
Quand on sait que, le transport, du commerçant au petit fonctionnaire. Du paysan au religieux. Y compris la production d’électricité, tout ceci utilise su Gazole notamment. Merci.
Bonjour Tanguy,
Je ne suis pas un collaborateur de GabonReview. Juste un commentateur de l’actualité brûlante de notre pays. Je me permets, en tant qu’économiste, d’apporter des réponses à tes questions. D’autres peuvent, s’ils le souhaitent, compléter mes réponses (s’ils en jugent l’opportunité). Tes questions sont très pertinentes.
La transparence est un concept très mystérieux (bizarre) dans notre culture gabonaise. On n’informe pas (ou peu). On n’explique pas (ou peu) les politiques publiques et leurs conséquences (a postériori) sur la vie des gabonais(e)s au quotidien. C’est le rôle du Ministre de l’Economie et de la Relance. C’est le rôle du Premier Ministre en charge de l’action publique générale.
Le Gabon est le pays le plus riche d’Afrique (8017 $ par habinant). C’est une moyenne par rapport à la population qui est de 2.1 millions d’habitants. Il faut bien comprendre moins de 5% des gabonais sont très riches (possèdent plus de 80% des richesses du pays). 35% du peuple gabonaise vit sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec 5.50 dollars par jour (soit 3386 Fcfa). Une classe intermédiaire moyenne au Gabon existe (difficile à capter). La Banque Mondiale (BM ci-après) définit les critères de richesse et de pauvreté standard. Elle ne se trompe pas dans ses analyses de conjonctures économiques.
L’électricité est produite par l’eau. Nous avons deux barrages majeures qui sont la source de notre électricité. Le gabonais alfa qui vit dans les « mapanes » (matitis, bidonvilles) ne consomment pas plus d’électricité qui qu’un gabonais qui vit dans un quartier cossu comme Batterie IV ou Akanda. Donc plus vous êtes riches, plus vous consommez de l’électricité. Car l’architecture du bâtiment construit définit votre niveau de consommation électrique (climatiseurs, équipements électroménagers, nombre d’ampoules dans chaque pièce, etc).
S’agissant de la consommation du carburant, il convient d’observer le parc automobile et l’infrastructure routière gabonais(e). La majorité des véhicules au Gabon (des 4*4) sont peu économiques en termes de consommation de carburant. Cette présence massive de ce type de véhicule est due à la nature de nos routes qui ne sont praticables en toutes saisons. Plus la route est mauvaise, plus vous consommez de carburant. Seul les 5% des gabonais(e)s les plus riches (et une population intermédiaire) peuvent s’octroyer le luxe de ces véhicules qui sont les gros consommateurs de carburant. En plus les fonctionnaires, sauf erreur de ma part, disposent de bons d’essence à faire valoir dans les stations service. C’est cette subvention qui est soulignée par la BM. Ce n’est le transport collectif qui consomme le plus de carburant. Bien au contraire. Il génère des économies de carburant.
D’où l’inquiétude de la BM qui ne comprends pas une telle subvention dédiée aux plus riches (5%). Vous comprenez pourquoi notre pays est atypique. Lorsqu’il n’y a pas de cohérence, de conviction et les compétences pour réaliser les politiques publiques, alors on peut s’attendre à des désastres économiques. Le rapport Mays Mouissi et compagnies soulignent rigoureusement le déficit de l’action publique ces dernières années.
Ce sont là mes réponses à vos interrogations. D’autres peuvent les compléter, si je me trompe ou si je ne suis pas très précis.
Cordialement.
Cher désiré
Je suis d’avis, par rapport à ce que vous dites, mais comment comprendre qu’un pays producteur de pétrole, puisse tout exporter, pour importer les raffinés par la suite, ce n’est pas seulement la mal gouvernance, ni une absence de vision, mais simplement de la mauvaise foi, l’intérêt n’est pas le bien être des populations, mais simplement la volonté de nuire, de soumettre ou d’assujetir les populations. La BM ne traite le sujet que par rapport aux standards des pays normaux.
Bonjour El elim,
Vous abordez plusieurs sujets:
1-. la balance commerciale
Elle est positive (ou excédentaire) lorsque la valeur des exportations est supérieure à celle des importations. A l’inverse, il y a déficit commercial lorsque la valeur des exportations est inférieure à celle des importations.
2-. La politique industrielle
Elle est balbutiante pour ne pas dire inexistante. La lutte contre la vie chère est une politique qui vise à minimiser les effets négatives de la balance commerciale.
3-. La mauvaise gouvernance
Elle est liée à une absence de transparence (absence d’asymétrie d’informations pertinentes, celles qui ont de la valeur). Le Gabon ne privilégie pas les mécanismes de gouvernance des pays modernes. On a 30 ans de retard.
4-. Compétences
Pour la conception et la mise en oeuvre des politiques publiques, il est nécessaire que les acteurs politiques aient des compétences spécifiques pour que nos entreprises, notre économie crée de la valeur.
Conclusion
Le Gabon est classé au 94ème rang mondial selon l’indicateur du bonheur national brut (BNB). Près de 35% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté (moins de 3500 Fcfa par jour). Des inégalités sont criardes: la justice sociale et l’égalité des chance sont des concepts qui inspirent peu. Le PNB par habitant est un indicateur qui mesure la moyenne des revenus par habitant. Cet indicateur est peu pertinent. Car, au Gabon, 200000 habitants détiennent près de 80% des richesses. Ca se résume à 20 familles.
Bonne continuation.