Présidentielle 2023/Commission médicale : L’imbroglio Massandé Mouyendi
En évitant de se prononcer sur la situation de conflits d’intérêts de l’un de ses membres, le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) entraîne toute la corporation dans les abysses du discrédit.
Composée en prévision des prochaines élections locales, la liste du Parti démocratique gabonais (PDG) dans le département de la Douigny suscite des interrogations. A la surprise générale, le Dr Jean Massandé Mouyendi y figure en 2ème position. Or, en sus de son statut de membre du Bureau politique du PDG, le chirurgien urologue est aussi membre de la commission médicale mise en place pour statuer sur l’aptitude des candidats à la présidence de la République. Pour une seule et même personne, ça fait quand même beaucoup. Où l’on en vient à parler de suspicion légitime voire de conflit d’intérêts. Où l’on en vient à interroger la validité du certificat délivré à Ali Bongo, candidat PDG à la présidentielle. Où l’on finit par se demander s’il n’y a pas faillite déontologique, éthique ou morale. Le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) peut-il se contenter de jouer les spectateurs ?
Instance d’auto-régulation
Même s’il feint de ne pas s’en rendre compte, les regards convergent désormais vers le CNOM. Son président a beau se calfeutrer dans le mutisme, se réfugier derrière les vides juridiques ou faire comme s’il n’est nullement concerné, sa position n’en demeure pas moins intenable. Comme il doit s’en douter, elle est préjudiciable au prestige d’une des corporations les plus respectées et les plus sensibles. Et pour cause : selon l’article 3 de l’ordonnance 34/75 du 18 juin 1975, «l‘Ordre des médecins veille au maintien des principes de moralité, de probité et de dévouement, indispensables à l’exercice de la médecine, et à l’observation par tous les membres des devoirs professionnels ainsi que des règles édictées par le Code de déontologie». Il assure également «la défense la défense de l’honneur et de l’indépendance de la profession médicale (…)» S’il n’est pas fondé «à connaitre des actes, des attitudes, des opinions politiques ou religieuses (de ses) membres», il ne peut rester impassible devant un tel mélange des genres.
Gardien de la déontologie médicale, le CNOM est d’abord une instance d’auto-régulation. De ce point de vue, il a le devoir de prendre la mesure des risques encourus. Mieux, il dispose du pouvoir de prononcer des sanctions, le cas échéant. Ne pas l’admettre reviendrait à exposer l’ensemble de la profession à un risque de dépréciation. Ne pas le comprendre équivaudrait à cultiver la méfiance entre praticiens et patients. Quelle respectabilité pour une corporation soupçonnée d’avoir laissé l’un de ses membres décider non pas en fonction de sa science, mais de son affiliation politique ? Quelle fiabilité pour les diagnostics futurs quand l’un des plus attendus est réputé motivé par des considérations partisanes ou personnelles ? Quelle confiance dans des médecins jugés influençables par le pouvoir politique ou manipulables au gré de certains intérêts ? Après tout, la médecine reste un domaine où le confiance est déterminante, car il en faut pour parler de son état, dévoiler son intimité ou laisser autrui scruter son corps.
Silence assourdissant
Pourtant, aux quolibets et interpellations de l’opinion, le CNOM répond par le silence. Ni les doutes sur la sincérité du diagnostic ni la dénonciation d’allégeances manifestes ou d’accointances politiques ne l’émeuvent. Certains convoquent-ils le serment d’Hippocrate ? Lui feint de ne rien entendre. D’autres parlent-ils de «comportements ubuesques et loufoques» ? Il se mure dans un silence assourdissant, donnant l’impression de tout cautionner ou d’acter sa propre impuissance. En se gardant de se prononcer sur le cas Massandé Mouyendi, le CNOM entraîne toute la corporation dans les abysses du discrédit. Si on ne peut lui demander de s’avancer sur la validité scientifique du certificat médical délivré à Ali Bongo, on peut en revanche lui exiger de rappeler ses membres à plus de rigueur éthique, déontologique et morale.
Peu ou mal connu du grand public, le CNOM se retrouve subitement pointé du doigt. Avant l’officialisation de la composition de la commission médicale chargée d’examiner les candidats à la présidentielle, il aurait dû inviter ses membres à plus de prudence et de rigueur scientifique, intellectuelle et morale. Il aurait dû leur rappeler de se garder de tout conflit d’intérêts et de s’en tenir aux principes de moralité, de probité et d’indépendance professionnelle. Pour s’être épargné cet exercice, il a pris le risque d’engager sa responsabilité. Sauf s’il ne redoute pas de se couper davantage de l’opinion ou de ruiner l’autorité de ses membres, il a intérêt à sortir de l’imbroglio créé par le Dr Jean Massandé Mouyendi. Et le plus rapidement serait le mieux.
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5 Commentaires
Pauvre Gabon, ils sont tous corrompus, ils sont devenus fous.
Ils feront la prison, pour haute trahison et seront déchus de l’exercice de la médecine.
Ali Bongo et Matha n’ont aucune étique. Je ne pense pas qu’on puisse réussir à bâtir une nation sans promouvoir des valeurs autour du respect des règles d’éthique et de déontologie, et ca existe. On peut au moins en faire semblant pour ne pas continuer à inspirer le peuple et ceux qui dirigent avec vous Ali Bongo. Vous avez rendu banal le la violation des règles les plus basics qui consolident le vivre ensemble par votre cynisme.
le cardio et le neuro-chir peuvent bénéficier d’une présomption de neutralité. Que ce soit le Dr Massandé ou le diabétologue, ils auraient dû se faire remplacer parce qu’ils sont dans un conflit d’intérêts manifeste. le diabétologue est conseiller chef du département santé et affaires sociales à la primature, on n’occupe pas un tel poste au Gabon parce qu’on est diabétologue, loin s’en faut, il est au moins membre du PDG…
Il faut dire que le CNOM se ferait Hara kiri en se mêlant de ce dossier, vous savez comment ça marche dans ce pays…
faites tout pour le bien du CNOM ,et invitér toujours le saint esprit