Mise en avant des personnes au détriment des idées, affirmations gratuites, interprétation partielle et partiale de l’histoire, insinuations malveillantes. Cette pré-campagne pourrait très vite prendre une tonalité polémique.

La campagne est dans tous les esprits, donnant lieu à des dérapages à la fois déplorables et préjudiciables à la démocratie et au vivre-ensemble. . © Gabonreview

 

On n’en connait toujours pas la date. Officiellement, elle n’est pas encore ouverte. Mais la campagne est dans tous les esprits, donnant lieu à des dérapages à la fois déplorables et préjudiciables à la démocratie et au vivre-ensemble. Depuis quelques semaines, le débat vire en une querelle, invectives et ragots se mêlant et s’entremêlant. Attendu par l’opinion, le bilan du pouvoir sortant n’est jamais évoqué, les préposés à la tâche préférant se livrer à des attaques personnelles à coups de textes anonymes ou d’affichettes. Les citoyens peuvent-ils mûrir leur choix dans un tel contexte ? Pas sûr. Ni les accusations portées contre Alexandre Barro Chambrier ou son épouse ni les insinuations graveleuses sur Paulette Missambo ou les extrapolations sur sa responsabilité dans certains événements ne contribuent à l’éveil des consciences. Bien au contraire. Tout ceci participe de la volonté de réduire les échanges à d’houleuses disputes.

Effet boomerang

Pourtant, dans une interview parue chez notre confrère Jeune Afrique, Ali Bongo a affirmé : «En 2016, mes adversaires politiques m’attaquaient sur ma nationalité prétendument douteuse. Ce qui était proprement ubuesque. Aujourd’hui, ils m’attaquent sur ma santé. C’est tout aussi grotesque.» Sans y revenir, on peut se demander si ses soutiens ont conscience des dommages occasionnés par cette séquence. On peut se demander s’ils mesurent la portée de leurs diatribes, l’effet boomerang n’étant pas à exclure. Et pour cause : ministre de la Défense entre 1999 et 2009, l’actuel président de la République ne peut être considéré comme un simple spectateur des événements survenus durant cette période. En vertu du principe de solidarité gouvernementale et eu égard à ses prérogatives d’antan, sa responsabilité peut être engagée. Même de façon subsidiaire. Prétendant agir en son nom et pour son bien, les procureurs des réseaux sociaux en ont-ils conscience ? Pourquoi cherchent-ils à abaisser le niveau ? Pour mieux esquiver la question relative au bilan des 14 dernières années ?

Relevant de la dérobade, cette surenchère ne grandit pas ses concepteurs. Veulent-ils se sortir d’un piège ? Cela ne les autorise ni à se lancer dans des accusations sans fondement ni à manipuler des événements douloureux. Le financement de la vie publique est une question trop politique pour être évoqué de façon superficielle. Le foncier est un sujet trop prégnant, trop inflammable, pour être traité à la légère. Le décès de Martine Oulabou et le drame de Gabon Express sont trop traumatisants pour être instrumentalisés à des fins politiciennes. Pour les aborder, il faut faire montre de prudence, de rigueur et de méthode. On ne peut en parler sans songer à la responsabilité de l’État, sans exiger l’ouverture d’enquêtes et sans en appeler à la justice. Les auteurs des trolls y sont-ils prêts ? Veulent-ils vraiment faire la lumière sur ces angles morts de notre histoire récente ? Peuvent-ils assumer les conséquences d’un éventuel déballage ?

Méthodes répugnantes

Au train où vont les choses, cette pré-campagne pourrait très vite prendre une tonalité polémique voire se muer en séquence de boules puantes. Mise en avant des personnes au détriment des idées, affirmations gratuites, interprétation partielle et partiale de l’histoire, insinuations malveillantes : les pratiques et méthodes les plus répugnantes sont de saison. «Ce débat révèle en réalité la faiblesse, je dirai même le désarroi de l’opposition, qui n’a pas grand-chose à dire aux Gabonais (…) J’ai un bilan, j’ai un projet que cette opposition pourrait critiquer. Mais non, comme en 2016, elle préfère s’en prendre à ma personne. Ce n’est ma conception de la politique», a récemment affirmé Ali Bongo. Reste à savoir si ses soutiens en sont convaincus, s’ils y croient et s’ils partagent cette lecture de la situation. Reste aussi à savoir s’il n’aurait pas gagné à ne pas se lancer dans de telles accusations ou à inviter les siens à davantage de tenue et de retenue.

On croyait pourtant les parties suffisamment imprégnées du passé pour le savoir : «Ceux qui lancent (les) boules puantes finissent par sentir plus mauvais que ceux qui les reçoivent», selon la formule de Charles De Gaulle. On les croyait assez instruites par l’expérience pour le comprendre : en politique, les affirmations diffamatoires ne déstabilisent pas seulement l’adversaire. Si elles peuvent lui porter préjudice, elles alimentent l’antienne du «tous pourris», terreau du populisme et de tous les extrémismes. S’y adonner est, par conséquent, une faute morale et politique particulièrement grave.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. roger dit :

    A vous lire, on croirait presque que les partisans de la majorité au pouvoir sont les seuls à user de l’invective.
    Ca fait 14 ans qu’un Président de la République est attaqué sur qui il est, ses prétendus origines, traité de tous les noms d’oiseaux, sa femme est insulté, ses enfants insultés, sa famille trainée dans la boue, ses faits et gestes moqués.
    Et vous, c’est aujourd’hui seulement que vous parlez de boules puantes parce qu’on aurait attaqué en dessous de la ceinture certains de vos champions?
    et vous etes en retard, permettez moi de vous le dire..
    Cet article a 14 ans de retard!
    C’est devenu le « Game », et c’est bien triste…

  2. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Bonjour,

    Notre pays a 63 ans de retard à cause des fumisteries d’un système de pensée. Je n’ai envi de faire toute la littérature sur les maux qui minent notre pays. Ca me prendra 63 ans. Je pense que je serais déjà mort et enterré.

    Beaucoup de gabonais(e)s aspirent à un bonheur et une paix net(te)s. D’autres veulent maintenir leurs privilèges indus à coup de crasse (d’enfumage permanent). Ce n’est pas ça le Gabon! Relisons Georges DAMAS ALEKA. Et comprenons qu’il est important que les gabonais(es) se réunissent (se réunifient) autour de leur drapeau. Ce drapeau, c’est notre histoire. Notre symbole.

    Mme Roxanne BOUENGUIDI, en tant que gabonais(e), participe à l’éveil des consciences au travers de son métier. Elle le fait avec un principe de vérité, de rigueur et d’équilibre.

    Notre avenir passe par un sursaut national. Cohabitation oblige. Ensemble, nous devons réparer l’école, la santé, les routes, les retraites, les salaires, les prix, les finances publiques, rendre transparent nos institutions, moderniser notre système de gouvernance, etc.

    Si les besoins primaires étaient satisfaits dans le pays, alors nous dirons que nos gouvernants remplissent leurs devoirs envers le peuple. Mais, on veut nous faire croire que tout va bien et que le « statu quo » est préférable à la révolution des schémas mentaux enracinés.

    On nous a expliqué que l’alternance n’est pas écrite dans la Constitution. Mais la Constitution n’explique pas qu’il ne faut pas apporter aux gabonais(e)s les éléments de base d’une vie décente. Alors, il y a un besoin de changement de paradigme dans la gestion du pays.

    Soyons donc responsables, concernés et solidaires!

    Cordialement.

  3. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Monsieur Roger,

    Puis-je vous demandez de lire cette poésie? D’en méditer la profondeur. Vous y verrez le Gabon tel que on an envi qu’il soit! Elle s’intitule :

    COULEURS

    Sa végétation, dans la saison en marche légère
    Mûrit des légendes et est mémoire d’arbres qui s’élèvent.
    Ses branches retiennent dans son feuillage le chuchotement de la lumière,
    Sous le soleil au plus haut son courant de vie enflamme les sèves.

    Sa terre, recouverte de chaleur sauvage dans toutes les routes divines
    Mère nature rend le ciel jaloux de sa vive couleur.
    Elle fait danser les hommes-dieux aux chansons des ancêtres et donne des fleurs sans épine.
    De l’aurore au couchant le soleil nourrit les pierres et chante sa douceur.

    Son onde, en un imitable portrait, enchante et trempe les sens.
    Le grand astre du jour roule dans ce flottant séjour le char de sa lumière,
    Et de ce miroir humide coulent cent sources en un grand silence;
    La faune y vient baiser son image et s’imprégner de sa fraîcheur coutumière.

    Ces éclats d’émeraude, d’or et saphir (1) reposent en cet écrin gabonais.
    Par les mêmes couleurs et les mêmes traits
    CE PEUPLE DONNE L’ESPERANCE ET MARQUE LA PAIX.

    (1) émeraude (vert), or (jaune) et saphir (bleu).

    Désiré NGUEMA NZONG.

    Cordialement.

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