De la concertation politique à la consternation politique, il n’y aura eu qu’un pas

En quoi harmoniser les mandats électifs est-il préventif des lendemains électoraux non apaisés ? En quoi un scrutin à un tour garantit-il la transparence électorale ? Est-ce parce que le président de la République, les députés, les sénateurs et les conseillers locaux seraient élus en même temps qu’on ne contesterait plus les scrutins ? Abslow pose les questions essentielles que tout Gabonais lucide se pose au terme d’un conclave dont les décisions, prises par moins de 150 personnes en moins de 10 jours en comprenant 4 passés à se chamailler sur les modalités d’organisation, vont s’appliquer à 2 millions d’individus.

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La concertation politique s’est achevée hier par la remise de son rapport au président de la République qui s’en est félicité et a aussitôt promis que les décidions y relatives seront traduites dans notre droit pour s’appliquer à tous. Voilà que des décisions prises par moins de 150 personnes dans un conclave de moins de 10 jours durant lesquels on a passé au moins 4 jours à se chamailler sur les modalités d’organisation, vont s’appliquer à 2 millions d’individus.
Dans ces 150 individus qui ont décidé pour tous les Gabonais ce qui est bien, il y avait des représentants de partis n’ayant aucun élu ni local ni national. Nombreux de ces dignes représentants du peuple ont juste eu le mérite d’avoir dans leur gibecière, un parti politique fantoche dont le périmètre d’influence ne franchit pas le seuil de leur maisonnée. Les signatures d’adhérents obtenu dans au moins 4 provinces, qui ont plaidé à leur légalisation ont toutes été obtenues de façon artificielle et même frauduleuse. On le sait tous.
Mais ce sont ces gens-là qui ont décidé pour nous tous. Normal, ceux qui étaient légitimes pour le faire, ont claqué la porte, préférant répandre leur science dans les salons, cafés et bars de la capitale. Et pourtant, qu’ils aient été là où pas, les décisions prises vont s’appliquer à eux. Ils ont laissé Mayila, Moulomba, Moussavou King, Evouna et tuti quanti décider pour eux et pour tous les Gabonais avides de changement. N’eût-il pas été plus indiqué de participer ? L’histoire retiendra qu’ils ont manqué au devoir de confronter leurs idées à celles de la majorité. Il y a des moments où la politique de la chaise vide est inopérante.
On reparlera certainement de cette erreur stratégique de l’opposition. Ce qui nous importe ce jour, ce sont les grandes décisions issues de la concertation qu’on nous vend déjà comme une révolution. Elles relèvent de deux groupes distincts. (I) Les points consensuels, c’est à dire ceux qui ont trouvé l’assentiment de tous, et (2) les points à soumettre au comité de suivi, c’est-à-dire qui vont continuer à être discutés. Les premiers sont au nombre de 15 et les deuxièmes au nombre de 12. Plus de 150 cerveaux parmi les plus brillants de notre pays, n’ont pas pu épuiser 27 points en 10 jours de travaux qui ont coûté une fortune au contribuable.
Qu’ont-ils donc fait pour n’être pas capables d’évacuer la matière à eux soumise pour ensuite imposer un comité de suivi pour continuer à plancher sur les derniers points ? De quoi a-t-elle accouché au final, cette concertation ? De décisions qui ressemblent à une distribution de cacahuètes aux invités d’une fête, en attendant de leur servir le plat de résistance qui s’annonce grandiose. Par exemple, en quoi (i) harmoniser les mandats électifs est-il préventif des lendemains électoraux non apaisés ? Est-ce parce que le Président de la république, les députés, les sénateurs et les conseillers locaux seraient élus en même temps qu’on ne contesterait plus les scrutins ?
En quoi (ii) la réduction des mandats de 7 a 5 ans, peut-elle être contributive à l’organisation d’élections aux lendemains apaisés ? Là aussi, contestera-t-on moins une élection sur un mandat de 5 ans plutôt que sur un mandat de 7 ans ? Qu’on nous explique. Mieux, en quoi (iii) le passage de 18 à 30 ans pour l’âge d’un candidat à la magistrature suprême et de 40 à 35 ans pour les sénateurs, peut-il mieux apaiser les lendemains d’élections ? Dans la même logique de ces décisions illogiques, en quoi (iv) la réduction des cautions de candidatures pour l’élection du président, des députés et des conseillers locaux contribue-t-elle à apaiser les lendemains d’élections ?
Bien au contraire, on verra se porter candidats, encore plus de mercenaires politiques achetés par les uns pour gêner les autres et dont la seule conséquence sera de fausser les résultats de ces scrutins et attiser les tensions. En quoi (v) la nomination des sénateurs de manière équitable entre opposition et majorité, contribue-t-elle à apaiser les élections ? En quoi enfin les accords de principe obtenus sur (vi) l’inscription des primo électeurs en tous lieux du territoire ; (vii) l’achèvement du chantier de l’introduction de la biométrie dans le processus électoral… Doit-on encore évoquer le caractère vague de certaines dispositions contenues dans le rapport de cette concertation politique ?
Par exemple, quel est le sens réel de (viii) «l’accord de principe sur l’examen des mesures d’apaisement» ? Ces mesures qui sont davantage au profit des individus que du processus électoral constituent-elles vraiment des avancées notoires en matière électorale ? C’est d’autant plus douteux que dans le même temps, il y a une mesure qui mérite d’être soulignée et qui vient recouvrir d’un voile sombre, les conclusions de ce dialogue qui risque d’être retenu par la mémoire collective plutôt comme un recul démocratique. C’est (ix) la non-limitation des mandats.
Le président de la République peut se présenter ad vitam aeternam, à contre-courant de tous les autres pays démocratiques au monde où les mandats sont limités. Certains pensent déjà que cette mesure cache d’autres intentions sournoises. Quel sera le mode de scrutin pour élire ce président à vie ? Il se susurre qu’il sera désormais élu par les seuls parlementaires, députés et sénateurs, dont un bon nombre des derniers cités, sera nommé par lui-même ? Quelle cohérence renferme tout cela ? Il n’y a jamais de fumée sans feu. Il est déjà curieux que cette information nous ait été révélée de l’extérieur par Mays Mouissi, nos opposants ayant été muets sur la question.
Quel dessein inavoué cachait la concertation ? Quel lien direct entretiennent tous ces points retenus, avec l’objet de cette concertation dont l’objectif visait «la révision du processus électoral en vue des lendemains d’élections apaisés» ? Quid des questions de transparence électorale qui n’ont pas été abordées ? Une chose semble être certaine, on s’achemine vers un report des élections pour la simple raison que le processus électoral devant être amendé à la suite de cette concertation, les élections qu’on souhaite harmonisées, ne peuvent avoir lieu dans la même année. De la concertation à la consternation, il n’y aura eu qu’un pas.
ABSLOWMENT VRAI !

2 Commentaires
Merci ABSLOW. Moi je suis convaincu que nous sommes très nombreux à à être ABSOLUMENT lucides.
https://www.gabonreview.com/concertation-politique-lessentiel-des-propositions-et-recommandations/
Des avis de ont été donnés ici concernant ce sujet. Mais comme d’habitude dès qu’un sujet est discuté de manière sérieuse, il est dégagé de la Une. J’ose espérer que notre ABSLOW national est parmi les « autorisés » à écrire comme le fut Makaya en son temps.
Aussi Gbr, merci de laisser les gabonais échanger sur les vrais sujets du pays, du moins ceux qui en ont encore la force. Car beaucoup ont jeté l’éponge devant cette éternelle mascarade qui ne dit pas son nom.