L’unique aire de jeux d’Alibandeng, dans le 1er arrondissement de Libreville, n’existe plus. Depuis quelque temps, cet espace dédié aux loisirs de plein air est en chantier, au grand dam de la population et surtout des jeunes de cette zone de la capitale gabonaise ne sachant à quel saint se vouer. Quid de ce terrain jadis exploité autant par les établissements scolaires à proximité pour le cours d’Éducation physique et sportive (EPS) que par les populations pour les meetings et manifestations en tous genres ?

Le terrain sur lequel les jeunes se retrouvaient pour jouer au ballon et mener d’autres activités saines, transformé en chantier. © Gabonreview

 

Jusque-là, les habitants de cette zone pensaient que cet espace relevait du domaine public. Mais, ces derniers temps des travaux de construction y ont cours, privant les jeunes de ce quartier d’activités sportives et physiques. De même, les établissements scolaires environnants sont désormais dépourvus d’espace pour les cours d’Éducation physique et sportive (EPS). Une situation qui invoque la problématique de la gestion foncière et des ventes anarchiques de terrains à Libreville. 

Depuis quelques semaines, les engins et les ouvriers sont en symphonie sur ce terrain auparavant exploité par la communauté. Le sol est fouillé, des tranchées ouvertes en vue de l’implantation d’une nouvelle bâtisse. On parle d’une future salle de fêtes et des bureaux en construction à cet endroit. Ce, au détriment de toute la population du coin.  Or, depuis bien des années, cet endroit servait, entre autres, de terrain d’entraînement pour les footballeurs en herbe, aux manifestations politiques et d’espace pour les cours EPS des établissements scolaires privés et publics environnants. 

«C’est la réalisation d’un Gabonais», ont laissé entendre des ouvriers sur le chantier. Selon plusieurs sources, le terrain, propriété au départ d’un Gabonais, aurait été acquis par un ressortissant libanais contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Pour de nombreux habitants du quartier, cela pose le problème de la gestion foncière au Gabon. «Pour ce cas précis, les jeunes de ce quartier n’ont plus d’endroit où se retrouver pour jouer au ballon et mener des activités saines», a regretté un habitant.

«Le terrain appartient à l’État. Il peut décider qu’on arrête les travaux…»

Sur place, les riverains manifestent leur colère et se demandent à qui appartient définitivement «cet espace qui leur est dérobé». «Le Premier ministre devrait là faire appliquer son concept de patriotisme», a suggéré un parent de ce quartier, souhaitant par ailleurs «une descente urgente sur le terrain des services compétents pour, non seulement s’assurer de ce que le personnel employé sur le chantier est en situation régulière, mais que l’entreprise bénéficiaire de ce marché est aussi en règle».

En substance, les habitants de Alibandeng interpellent le chef du gouvernement afin qu’il s’enquière de ce dossier. «Le terrain appartient à l’État. Il peut décider qu’on arrête les travaux sur ce terrain parce que l’espace sert d’utilité publique», a fait observer un autre parent. Mieux, il évoque les mots du chef du gouvernement concernant la gestion du foncier lors de sa Déclaration de politique générale : «mon gouvernement s’engage à réviser la loi foncière, afin de mieux protéger nos compatriotes face à la tentation de plus en plus forte de la spéculation, et donc de l’appropriation indue de nos terres au détriment de leurs premiers occupants», déclarait Alain-Claude Bilie-By-Nze.

En attendant, c’est avec beaucoup de nostalgie que plusieurs générations d’habitants de ce quartier du nord de Libreville voient leur lieu de rencontres d’autrefois se transformer en une future salle de cérémonie. 

 
GR
 

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