Ouverture de la concertation : Suspicion légitime
Les propos d’Ali Bongo font craindre une dénaturation de l’idée originelle, un glissement de la question électorale aux réformes institutionnelles.
Au moment où débute la concertation de la classe politique, des doutes émergent quant aux objectifs de ses organisateurs. Dans son discours d’ouverture, Ali Bongo est certes revenu sur son propos du 31 décembre dernier, rappelant la nécessité de «définir les bases de la préparation de scrutins aux lendemains apaisés». Mais il a aussi parlé de «renforcement de la démocratie», d’harmonisation de la durée des mandats et de «nécessité (…) de mettre en œuvre des mécanismes moins dispendieux», laissant le sentiment de vouloir aller au-delà de l’idée originelle voire de nourrir des desseins inavoués. Comme leurs conséquences, la portée de ces thématiques ne doit laisser personne indifférent. Si elle doit induire une réflexion de fond, elle doit contraindre les participants à œuvrer pour un recentrage autour de la seule question électorale. Tout au long des échanges, ils devront le dire : des élections crédibles demeurent le seul et unique objectif. Tout le reste relève de réformes institutionnelles et non de l’amélioration du cadre électoral.
Remise en cause de l’esprit de nos institutions
Pour mieux apprécier la portée d’un éventuel glissement, il suffit de se remémorer le Dialogue national d’Angondjé. Non seulement un comité préparatoire fut mis en place avant les travaux, mais en plus les travaux se déroulèrent en deux phases, l’une citoyenne et l’autre politique. Sur les «réformes des institutions et la consolidation de l’état de droit démocratique» comme sur les «réformes électorales», la «modernisation de la vie publique» ou la «consolidation de la paix et de la cohésion nationale», la société civile eut son mot à dire. Or, elle n’a pas été conviée à la concertation en cours. Peut-on aborder des questions touchant au mode d’élection, à la durée des mandats sans s’ouvrir à elle et au reste du pays ? Ne serait-ce pas une façon de réserver la jouissance de la citoyenneté aux seuls acteurs politiques ? Ou faut-il revenir sur le format pour élargir la liste des participants ?
Loin de tout procès d’intention, la volonté de «mettre en œuvre des mécanismes moins dispendieux» doit alerter sur les risques de dénaturation de l’idée originelle. Avertis par les transgressions ayant émaillé le processus de mise en place du bureau du Centre gabonais des élections (CGE), les participants doivent redire la nécessité de «focaliser (les) échanges sur des questions exclusivement électorales». Instruits de l’expérience du passé, ils doivent veiller à ne pas s’éparpiller. Encore moins à tout embrasser. Déjà, la tirade d’Ali Bongo sur «les coûts engendrés pour chaque consultation électorale» alimente toutes les supputations, notamment au sujet d’une supposée volonté de revenir au scrutin à un tour voire de faire élire le président de la République au suffrage indirect, c’est-à-dire par le Parlement. De la part de l’initiateur du Dialogue d’Angondjé, cette remarque résonne comme un rétropédalage voire une remise en cause de l’esprit de nos institutions.
Partie de bonneteau
Cette accusation se nourrit aussi des hésitations et petits calculs de ces derniers mois. Chacun se souvient avoir vu le ministère de l’Intérieur refuser de renouveler le bureau du CGE, avant d’y être contraint par la Cour constitutionnelle, elle-même saisie par Réappropriation du Gabon, de son indépendance et pour sa reconstruction (Réagir). Tout le monde observe les retards enregistrés dans la confection de la liste électorale. Finalement, tout se passe comme si la présidentielle n’aura pas lieu en août prochain, comme s’il y avait une volonté de créer un «cas de force majeure» pour la différer. «(Il importe) de savoir si la concertation vise des élections libres, transparentes et inclusives ou si elle n’est qu’un subterfuge pour obtenir un report des élections», écrivait d’ailleurs la présidente de l’Union Nationale (UN) dans une tribune libre lundi dernier, invitant les organisateurs à y répondre pour donner «des gages de leurs sincérité». En pure perte…
N’ayant jamais été au clair, le pouvoir a fini par légitimer la suspicion. Au vu de ses agissements, ses objectifs semblent aller au-delà de la question électorale. Volens nolens, Ali Bongo et ses alliés donnent l’impression de vouloir s’attaquer au fondamentaux de notre Etat et de notre démocratie. Est-ce bien le moment et le cadre ? Sans parti pris aucun, on peut répondre par la négative, la concertation étant limitée aux acteurs politiques. De deux options l’une : soit les organisateurs fixent définitivement les termes du débat, soit ils modifient le format. Face à un tel péril, la vigilance doit être de mise. Autrement, cette concertation pourrait virer en une partie de bonneteau, élargissant le fossé entre gouvernants et gouvernés tout en encourageant l’incivisme. Ce sont, en tout cas, les risque auxquels l’exposent ses organisateurs.
5 Commentaires
La raison de cette messe est de pouvoir créer un boulevard constitutionnel pour son fils adoptif à l’accession à la magistrature.
Wait and see.
Franchement il est hors sujet ou il fait exprès ? A alibongo le problème ici n’est pas le problème de la durée des mandats qu’il soit 7 ans 5 ans ou 1000 ans le problème ici c’est votre jeux favoris le qui perd gagne ce que les Gabonais demandent je vais vous le dire en français facile du quartier. C’est que celui qui a eu le plus grand nombre de votants soit déclaré élu et les autre acceptent de revenir concourir la prochaine fois OK vous avez compris ? Nous ne voulons plus que votre cours constitutionnelle viens proclamé de faux résultats mieux annule les votes de plusieurs bureaux sans pour autant reprendre , nous ne voulons plus des scores de 99,99% nous ne voulons plus attendre 2 semaines pour proclamer les résultats du vote nous ne voulons plus le Bonbardement d’un QG et enfin nous ne voulons plus d’une succession dynastique dans notre pays. Voilà les problèmes qui sont posés . VOUS AVEZ COMPRIS ? Voilà.
Tout à fait raison Prince.
C’est pourtant simple.
Il est naïf de croire que ali Bongo organise ces assises avec de bonnes intentions pour la démocratie. Il y’aura soit report des élections, la reduction du mandat serait pour faire passer la pilule d’un report de 2 ans, soit il revient aux élections à un tour, soit il adopted le suffrage indirect pour son élection. La démocratie, la transparence et la souveraineté du peuple s’apprètent à connaitre UN nouveau recul avec ce cancres qui n’a jamais rien obtenu par le mérite,la force du travail et de ses compétences. Ali Bongo s’est montré compétent où bon dans quel domaine de toute sa vie? Rien. Un cancre reste un cancre. Incapable de gagner le suffrage des gabonais à la régulière.
Bjr.
1-Emettre des légitimes doutes sur le discours inaugural de la concertation c’est déjà démontré qu’un caillou s’y est installé.
2-Spécialisé la concertation sur le seul fait de l’amélioration de la qualité des élections, cela signifie que l’importance que l’on doit accorder à cette thématique n’est pas explicitement traduite
3-Traduire l’essentiel de la concertation autour du péril démocratique, cela signifie qu’elle n’existe pas ou doit être améliorer
4-Enfin évoquer le coût onéreux des élections au Gabon, c’est comme demander aux organisateurs des élections au Gabon d’être largement perdant avant le top départ. C’est pourquoi, le fait que le Budget de cette activité(bon an mal an) soit validé par le parlement est d’une importance capitale.
CONCLUSION: comme le dis l’auteur de ce poste » cette concertation pourrait virer en une partie de bonneteau, élargissant le fossé entre gouvernants et gouvernés tout en encourageant l’incivisme ». Amen.