Religion : «Hospitalité Eucharistique», le plaidoyer de l’Abbé André Spéra Mbina Diogo pour l’unité des chrétiens
Le débat sur l’unité ecclésiale vient de franchir une nouvelle étape avec la problématique sur la place de l’eucharistie ou de la Sainte Cène dans le dialogue œcuménique, développée et présentée, le 12 janvier, par l’Abbé André Spéra Mbina Diogo au Petit séminaire Saint Jean de Libreville, dans le cadre de la présentation officielle de son ouvrage intitulé : «L’hospitalité eucharistique. Un plaidoyer pour l’unité des chrétiens».
Le Petit Séminaire Saint Jean de Libreville a le 12 janvier, prêté son cadre à la conférence, théologique pour la présentation du livre de l’abbé André Spéra Mbina Diogo : «L’hospitalité eucharistique. Un plaidoyer pour l’unité des chrétiens». Organisée par la Commission épiscopale pour la promotion de l’unité des chrétiens et le dialogue interreligieux et le Cercle de réflexion théologique «Theophiloï», cette rencontre d’échange et de partage autour de la problématique de la place de l’eucharistie ou de la Sainte Cène dans le dialogue œcuménique vise à promouvoir le rapprochement entre chrétiens de différentes confessions à la même table eucharistique.
«Au départ du travail exposé ici, il y a donc le questionnement d’un jeune étudiant de théologie qui voulait comprendre pourquoi le partage de la même table eucharistique était impossible entre toutes les dénominations chrétiennes, particulièrement entre catholiques et chrétiens issus de la Réforme. Les premières réponses reçues tenaient sur des considérations habituelles que l’on retrouve de part et d’autres et qui sont loin d’être théologiquement correctes», a souligné l’auteur de l’ouvrage, situant le cadre de sa volonté rédactionnelle.
En effet, l’abbé André Spéra Mbina Diogo, à travers les trois chapitres développés dans les 70 pages de son ouvrage publié aux éditions Malugu, présente les controverses historiques et les divergences théologiques qui expliquent pourquoi, chrétiens catholiques et protestants, ne peuvent pas encore partager en toute liberté ce qu’ils désignent eux-mêmes comme le repas du Seigneur. Et il évoque, comme un point d’ouverture, l’hospitalité eucharistique qui est un accueil exceptionnel et temporaire, selon certaines conditions, d’un chrétien anglican, orthodoxe ou protestant à une eucharistie dans l’Église catholique.
«Du côté catholique, on entend souvent que le chrétien catholique ne peut communier chez les protestants parce qu’ils ne croient pas en la présence réelle. Pour eux, le Christ n’est pas présent, il n’y a que du pain et la Cène n’est que symbolique. Ce qui n’est pas tout à fait vrai, car au sein même du protestantisme, il faut distinguer une approche spiritualise d’une approche réaliste. Pour cette dernière, lors de la Cène, le pain et le vin conservent leurs qualités de substance et coexistent en même temps que le corps et le sang du Christ. C’est ce que l’on appelle la consubstantiation. Il y a bien une foi en la présence réelle du Christ dans les espèces ou dans la communauté, comme l’affirment les tenants de l’approche spiritualiste. Du côté protestant, où l’accueil à la Cène est beaucoup plus large, se dégage le sentiment que l’Église Catholique est totalement fermée. Derrière toutes les restrictions qui encadrent la célébration de la messe (le ministre, la forme et la matière du sacrement) certains lisent ce que Luther nommait la captivité babylonienne de l’Église. Ce qui, là encore, n’est pas totalement correct. Il n’y a pas captivité du sacrement, mais préservation de sa dignité», explique le vicaire de la paroisse Saint Michel de Ndjolé, André Spéra Mbina Diogo.
Selon l’abbé André Spéra Mbina Diogo, l’un des signes les plus grands de l’ouverture de l’Église Catholique est l’hospitalité eucharistique. C’est-à-dire la possibilité pour un frère d’une autre dénomination chrétienne d’être accueilli, dans certaines conditions, à une eucharistie dans l’Église catholique. «Pour nous, c’est la piste dans l’impasse. C’est là que doit creuser la recherche œcuménique pour éclaircir les zones d’ombres qui rendent encore impossible la pleine communion. C’est tout le sens de notre plaidoyer en faveur de cette pratique qui demeure encore très rare dans l’Église. Le fait même d’évoquer l’hospitalité eucharistique montre le dépassement des controverses historiques et des divergences théologiques pour mettre l’accent sur l’accueil, l’écoute et la fraternité fondements de l’unité», a-t-il déclaré, proposant une relecture commune de l’Écriture sainte et un réexamen à nouveau frais de nos différentes traditions confessionnelles. «Mais toutes ces propositions n’ont de sens que si nous faisons du dialogue œcuménique un chemin de conversion intérieure. Et pour reprendre les Pères conciliaires, conversion du cœur, conversion de l’intelligence et conversion des mentalités» .
Au cours de cette conférence théologique à laquelle prenaient part plusieurs intervenants spécialistes en histoire, en bible, en théologie et de nombreux chrétiens aussi bien catholiques que protestants, les échanges nés du plaidoyer pour l’unité des chrétiens de l’abbé André Spéra Mbina Diogo, ont permis de revisiter les grandes actions de la réforme protestante au mouvement œcuménique, de s’imprégner de la position protestante et celle catholique par rapport à la problématique eucharistique, de s’offrir une lecture commune de l’écriture et de réexaminer les différentes traditions confessionnelles, afin de parvenir à raviver la flamme de l’espérance œcuménique à travers les avancées positives.
«Ce n’est pas une perte de temps ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui. C’est vraiment au sens le plus dur du terme, un acte de théologie que nous avons posé. Le but ici, n’est pas de clore un débat, encore que nous ne l’avions même pas encore entamé ce débat. Il s’agit d’oser, poser les jalons de ce débat et l’abbé André Spéra Mbina Diogo a le mérite de l’avoir fait. Et comme il l’a indiqué, l’intérêt de ce travail est qu’il hisse le dialogue œcuménique dans notre pays sur son troisième palier : œcuménisme spirituel, œcuménisme social et enfin œcuménisme théologique», a confié le Dr. Jean Davy Ndangha Mbome Ndong.
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