Appels au rassemblement de l’opposition : Aller au-delà du déjà-vu
Contrairement aux années précédentes, l’opposition laisse le sentiment de ne pas courir après un accord strictement électoraliste mais d’avancer vers quelque chose de mieux élaboré, de plus construit.
À l’apparente satisfaction de leurs bases, certains ténors de l’opposition ont opté pour «l’unité et le rassemblement». En répondant favorablement à l’appel de Paulette Missambo, François Ndong Obiang s’est inscrit dans cette dynamique. En se prononçant pour la «constitution d’un front uni, le plus large possible, contre le pouvoir en place», Alexandre Barro Chambrier lui a emboîté le pas. Implicitement, les présidents de Réappropriation du Gabon et de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir) et du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) ont entériné les objectifs énoncés le 27 novembre dernier à la faveur de la rentrée politique de l’Union nationale (UN) : «inciter les jeunes et les femmes à s’inscrive massivement sur les listes électorales», «pointer les dangers de l’abstention» pour la prévenir, organiser des formations en direction des potentiels scrutateurs et, «arrêter un programme commun de gouvernement.»
Accoucher d’une stratégie adaptée au contexte
Il serait intéressant de suivre la suite tant l’issue semble attendue par une frange non négligeable de la population. Entre frustrations diverses et désir de changement, les militants de l’opposition ne veulent plus revivre les vaudevilles de 2009 et 2016. Du coup, ils demandent aux leaders de leurs partis d’inventer de nouvelles formules. À leurs yeux, les démarches en cours ne doivent ni se limiter au choix d’un candidat consensuel ni déboucher sur une vaine campagne de plaidoyer. Elle doit aller au-delà. Elle doit dépasser le déjà-vu pour accoucher d’une stratégie adaptée au contexte. De ce point de vue, il est important de le relever : sous nos latitudes, les victoires électorales ne débouchent pas toujours sur une prise du pouvoir. Il est tout aussi utile de le souligner : depuis 2018, notre pays est revenu à des élections à deux tours.
De la prise en compte de ces éléments dépendront les résultats de la concertation voulue par Paulette Missambo. Si la présidente de l’UN en appelle à une réflexion «dans le cadre bien compris de scrutins à deux tours», elle demande à chacun de se poser au moins une question : «Que devons-nous faire pour stopper (le) déclin (du Gabon) ?». Comme si, elle en a sa propre idée. Pour sa part, le président de Réagir dit ne pas être un tenant du «On va encore faire comment», demandant aux populations de réagir. Au-delà du jeu de mots, François Ndong Obiang indique une chose : ses options seront fonction de celles prises par le pouvoir en place. Quant à Alexandre Barro Chambrier, il se dit prêt à «faire ce qui n’a jamais été fait au Gabon» au cas où la prochaine présidentielle ressemblerait aux précédentes. Comme s’il sait comment «conjurer toute manœuvre de fraude (orchestrée) par une caste d’antipatriotes prêts à faire sortir les armes et tirer sur le peuple à mains nues.» Derrière une apparente surenchère verbale, le président du RPM affirme sa détermination à ne pas s’en laisser conter.
Une volonté partagée
Certes, toutes ces positions ne font pas une stratégie. Mais, elles témoignent d’une volonté partagée d’en construire une. Contrairement aux années précédentes, l’opposition laisse le sentiment de ne pas courir après un accord strictement électoraliste. Contrairement à 2009 et 2016, elle donne l’impression de privilégier les idées sur les hommes. En évoquant les inscriptions sur les listes électorales, elle exprime sa volonté de transformer la majorité silencieuse en une majorité agissante. En s’intéressant à la participation électorale, elle pose la question de la mobilisation populaire, s’obligeant à y apporter des réponses. Au total, elle se met dans l’obligation d’«agir ensemble avant» les scrutins et non plus seulement pendant ou après. A la fin des fins, elle se condamne, d’une part, à jeter un regard holistique sur le processus électoral et, d’autre part, à adopter un plan de travail. Sera-ce efficace ? Voire…
Même si le débat sur une probable candidature unique n’est toujours pas à l’ordre du jour, l’opposition fait montre d’une volonté d’organisation. Quand bien même on ne voit pas comment fera-t-elle pour annihiler les velléités de fraude ou de recours à la force, elle semble avancer vers quelque chose de mieux élaboré, de plus construit qu’en 2009 ou 2016. Les Cassandre pourront toujours prédire une bataille d’égo à venir. Ils pourront même parier sur un échec ou avancer l’argument des moyens financiers. Cela ne changera rien à la réalité : des tractations sont en cours. S’il ne faut ni se laisser intimider ni sombrer dans l’optimisme béat, il faut quand même l’admettre. Loin de toute mauvaise foi.
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3 Commentaires
Très bon résumé de l’ambiance politique de l’opposition.
Wait and see !
Il faut innover dans cette gestion parce qu’il y a tellement de choses à faire
Il faut brûler ce pays, il y a de trop de cafards pédé-gistes dont on doit se débarrasser !